Après 40 ans, des dessins disparus de l’artiste Stéphane Delaprée réapparaissent par hasard dans une valise retrouvée à Québec, offrant un témoignage unique sur ses débuts et son univers.


Une mallette perdue dans les années 80, pleine de dessins de l'artiste Stef, retrouvée dans des poubelles ! Après presque 40 ans, l'artiste ébahi la récupère à Québec.
Au début des années 1980, Stéphane Delaprée, qui signe maintenant Stef et est établi au Cambodge depuis longtemps, vit au Québec et multiplie les publications de bande dessinée. Ses meubles, ses cartons, mis en dépôt avant un voyage outre-mer, disparaissent un jour dans un dégât d’eau et un probable pillage.
Presque quarante ans plus tard, une partie de ces œuvres perdues réapparaît : une quarantaine de planches originales de BD et une douzaine de dessins à l'encre de Chine représentant des scènes typiques de la ville de Québec.
Leur résurgence éclaire d’un jour nouveau les débuts d’un artiste qui, de la bande dessinée éducative à la peinture naïve contemporaine, allait inventer le langage joyeux du Happy Painting. Plus qu’une anecdote, cette redécouverte s’inscrit comme un jalon essentiel : le témoignage rare d’un patrimoine retrouvé et la preuve que l’art, même égaré, trouve parfois son chemin pour renaître.
La valise de Limoilou : un miracle cadeau de la vie
L’histoire aurait pu passer inaperçue, comme tant d’objets abandonnés au coin d’une rue. Mais un jour, à Limoilou, une jeune étudiante, Christine Vachon, remarque une vieille valise d’architecte posée près des poubelles. Elle l’ouvre : à l’intérieur, des dizaines de planches de BD et de dessins de Québec, témoins d’un temps révolu. Par curiosité et par générosité, elle mène l’enquête, retrouve l’artiste, et lui écrit. Le message, oublié dans un dossier d’indésirables, ne sera lu que trois ans plus tard — comme si le destin s’était amusé à retarder l’instant de la révélation.

Retrouvailles
Été 2025. C'est à Québec, chez Sonia Ferland, une des meilleures amies de Stef, chez qui l'artiste avait demandé à Mlle Vachon d'amener la mallette, puisqu’il vit au Cambodge, que Stef retrouve cette valise gardée précieusement depuis plusieurs années. La scène a des allures de conte : une fête, un bon repas bien arrosé avec de bonnes amies, une mallette mystérieuse en mauvais état que l’on ouvre avec émotion. « Revoir ces planches de BD, ces dessins, c’est époustouflant », confie l’artiste. Le portfolio contient une partie de sa jeunesse passée à dessiner, qui, perdue, réapparaît.
Québec, rue du Trésor : les années BD
Ces œuvres le ramènent presque 40 ans avant, lorsqu’il créait des séries éducatives en bande dessinée — « Comment on fait un film, comment on fait un disque » — pour des revues en France et en Belgique (Fripounet, Tintin) ou pour de petites maisons d’édition au Québec. Pendant que les autres jeunes faisaient des études et allaient en boîte, il consacrait des heures infinies à écrire des scénarios de BD éducatives et à perfectionner ses planches.

Le regard de l’artiste aujourd’hui
Quarante ans plus tard, Stef contemple ces dessins avec une tendresse critique : « C’est extraordinaire. On reconnaît malgré que mon style graphique à cette époque était ce que l'on appelle la ligne claire, et qu'aujourd'hui ma peinture est plus cartoon, l'âme poétique qui se cache dans les Happy Paintings. » La création de Stéphane Delaprée des années 80 annonce son langage futur : une esthétique classique, naïve, romanesque et joyeuse, qui deviendra le Happy Painting. On y retrouve ses thèmes fondateurs : personnages féminins, fleurs, scènes de famille — déjà une célébration de la vie simple, un regard positif sur le monde.
Un cadeau du ciel inattendu
Cette mallette qui réapparaît après plusieurs décennies n’est pas seulement une anecdote ; c’est un présent de la vie, tombé du ciel avec la légèreté du film Amélie Poulain. Un trésor sauvé par miracle des ordures, restitué à l'artiste qui habite à l'autre bout du monde, grâce à la ténacité et à l'honnêteté de Christine Vachon, qui relie l’artiste d’aujourd’hui à son passé. Cette mallette retrouvée devient un symbole : une confirmation que les miracles existent. Qu'il y a toujours des gens honnêtes, discrets et lumineux, pour nous rappeler que, malgré ses ombres et ses injustices, nous vivons dans un monde où, malgré tout, les belles histoires extraordinaires existent.
Stef n'a pas encore rencontré Christine Vachon, aujourd'hui trentenaire, et fonctionnaire à Shawinigan, entre Montréal et Québec. Nous sommes devenus des amis par correspondance. L'artiste la considère un peu comme un ange. Et pour la remercier, il lui a peint une toile. La vie est si imprévue. Et de rebondissements. Mais ceci est une autre histoire...

On pourra voir des oeuvres de Stef dans une exposition collective Stef'Happy, Chhan Dina, Chimm Sothy à partir du 1 er septembre 2025 pour les 3 prochains mois a Connexion sur koh pich, Komnu Lounge
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