Édition internationale

Unanimité de tous les partis cambodgiens face aux frictions avec la Thaïlande

Face à l’incident meurtrier à la frontière, Phnom Penh s’unit pour saisir la justice internationale et défendre sa souveraineté territoriale.

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AKP

 

Le 2 juin 2025, un événement politique rare s’est produit à Phnom Penh : gouvernement, Sénat, Assemblée nationale et partis d’opposition ont affiché une unité face aux tensions croissantes avec la Thaïlande. Tous soutiennent la décision de porter le différend frontalier devant la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye.

Cette décision intervient dans un contexte tendu : le 28 mai, un soldat cambodgien, Suon Raun, a été tué dans la zone de Mom Bei par des tirs attribués à l’armée thaïlandaise. L’incident a été qualifié par les parlementaires de « violation grave de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Royaume ».

 

Vers une solution judiciaire aux différends frontaliers

Les autorités cambodgiennes souhaitent que la CIJ statue sur plusieurs points litigieux : les temples de Ta Moan Thom, Ta Moan Toch, Ta Krabei, ainsi que les zones de Mom Tei et Mom Bei. Le Premier ministre Hun Manet, après s’être rendu à la frontière le 1er juin, a confirmé cette démarche, soulignant que le recours au droit international était une constante de la politique extérieure du Cambodge.

L’appel a été réitéré lors d’une session conjointe du Parlement présidée par Hun Sen, président du Sénat, qui a insisté sur l’importance d’éviter une escalade militaire et d’utiliser les mécanismes existants — comme les commissions frontalières bilatérales JBC et GBC — tout en maintenant des relations pacifiques avec la Thaïlande.

 

Hun Sen alerte : « Sans justice, un risque de conflit sans fin »

Prenant la parole lors de cette même session, Hun Sen a comparé le conflit frontalier cambodgien au conflit israélo-palestinien à Gaza : « Si nous ne laissons pas la Cour décider, cela deviendra un conflit perpétuel, avec des affrontements réguliers. »

L’ancien Premier ministre a également rappelé que le mémorandum d’accord signé avec la Thaïlande en 2000 est resté lettre morte depuis 25 ans. Il a accusé Bangkok de refuser la voie judiciaire par manque de transparence et a prévenu que le Cambodge n’hésiterait pas à porter l’affaire devant le Conseil de sécurité de l’ONU en cas d’escalade.

Ce n’est pas la première fois que le Cambodge saisit la CIJ. En effet, en 1962, elle avait reconnu la souveraineté du Cambodge sur le temple de Preah Vihear, situé à la frontière avec la Thaïlande. Mais des affrontements militaires ont éclaté entre 2008 et 2011, relançant le différend, notamment autour de la zone entourant le sanctuaire. Saisie par Phnom Penh, la CIJ a précisé en 2013 que le Cambodge exerçait aussi sa souveraineté sur tout le promontoire du temple, demandant à la Thaïlande de retirer ses troupes. Depuis, la tension s’est apaisée, sans pour autant effacer la sensibilité de la question frontalière.

 

Un appel à l’unité nationale au-delà des clivages politiques

Le Candlelight Party, le Khmer Will Party et même le National Force Party — pourtant souvent critiques du pouvoir — ont tous appelé à la solidarité nationale. Ils estiment que seule une position commune peut défendre la souveraineté du pays, comme le garantissent la Constitution et les Accords de Paris de 1991.

Hun Manet a également exhorté la classe politique et la population à soutenir l’armée et à faire preuve d’unité : « Ce n’est pas le moment de chercher un avantage politique. Ce qui touche à notre territoire doit nous rassembler. »

 

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