Édition internationale

Mona Tep : « Nous avons soigné 269 personnes en moins de six heures »

CEO de la PHARMACIE DE LA GARE, Mona Tep a coordonné une mission médicale d’urgence auprès des déplacés à la frontière cambodgienne, dans un contexte de tensions avec la Thaïlande.

soins aux déplacéssoins aux déplacés
Écrit par Raphaël FERRY
Publié le 15 août 2025, mis à jour le 16 août 2025

Les 27 et 28 juillet, la Clinique Advanced European Medical Center (AEMC) et la PHARMACIE DE LA GARE, qui travaillent régulièrement ensemble, ont mené une action auprès d’un camp de déplacés près de la frontière pour apporter une aide médicale d'urgence. Des médecins venus d’autres structures – Intercare, Khema, Cambodian Children’s Fund – se sont également joints à la mission. Une nouvelle intervention va avoir lieu, menée par Mona Tep et le Dr Thierry Chhuy de l’AEMC, ce week-end. Le Petit Journal du Cambodge est allé rencontrer Mona Tep pour recueillir son témoignage.

Contexte : des déplacés internes, pas des réfugiés

Dès que le conflit a éclaté avec la Thaïlande, des dizaines de milliers de familles ont quitté les zones dangereuses pour s’installer dans des camps de fortune, emportant ce qu’elles pouvaient et s’abritant sous des bâches dans des conditions d’hygiène précaires, surtout en saison des pluies. Plus de 150 000 personnes ont fui les abords de la frontière. Mona Tep et les médecins de l’AEMC se sont donné pour mission d’apporter une assistance médicale d’urgence aux déplacés.

« En quatre jours, nous avons réuni une équipe de 23 personnes : médecins, infirmiers, pharmaciens, soignants et même traducteurs. » Le vendredi 1er août au soir, le groupe a pris la route pour Siem Reap, puis a rejoint un camp dans la province d’Oddar Meanchey, au nord-ouest du Cambodge, à proximité de la frontière thaïlandaise. Cette opération a été menée en collaboration avec le ministère de la Santé, qui coordonne les actions. Pour des raisons de sécurité, Mona préfère garder l’emplacement exact du camp confidentiel.

 

soins aux déplacés
Une jeune fille guide son grand père vers les soignants

 

Un camp de 10 000 personnes dans des conditions précaires

Sur place, l’équipe découvre un camp accueillant plus de 10 000 déplacés. « Ils vivent sur des bâches, parfois avec leur tracteur à côté, dans des conditions d’hygiène très rudimentaires : une dizaine de latrines pour des milliers de personnes, peu d’accès à l’eau et à l’électricité, et un risque élevé de maladies », décrit Mona Tep. Le gouvernement fournit de l’électricité via des générateurs.

Une prise en charge médicale structurée

Dès leur arrivée, l’équipe met en place un dispositif complet : prise des signes vitaux, consultation médicale, délivrance des prescriptions, puis distribution de médicaments. Les pathologies rencontrées vont des maladies infectieuses (dengue, rhumes, maladies de peau) aux affections chroniques (hypertension, diabète), en passant par les troubles liés à la fatigue et à la malnutrition. « En moins de six heures, nous avons soigné 269 personnes. Nous avons aussi distribué des multivitamines et des boissons énergétiques pour redonner des forces, ainsi que des mini pochettes de premiers soins, c’est toujours pratique. » L’équipe découvre aussi des personnes marquées par l’anxiété causée par l’incertitude de leur devenir.

 

 

soins aux déplacés
les petits cadeaux permettent de distraire les enfants 

 

Logistique et solidarité

Tous les frais de transport, d’hébergement et de nourriture des volontaires ont été pris en charge par l’AEMC et la PHARMACIE DE LA GARE. Les fonds collectés ont été exclusivement consacrés à l’achat de médicaments, complétés par des dons. Des traducteurs ont accompagné les médecins francophones pour faciliter les échanges avec les patients.

 

soins aux déplacés
Mobilisation de toute une équipe

 

Pas de blessés de guerre, mais des risques sanitaires

Arrivée tôt après le déplacement des populations, l’équipe n’a pas constaté de blessures liées au conflit. En revanche, les conditions de vie dans le camp font craindre, à moyen terme, des épidémies. « Une partie des déplacés est déjà repartie depuis que la situation s’est un peu apaisée, ce qui a réduit le risque, mais il faut rester vigilants », note Mona Tep.

Un projet appelé à se poursuivre

Si cette mission a été déclenchée par l’urgence, Mona Tep souhaite désormais en faire un engagement régulier : « J’aimerais organiser des incursions médicales une fois par mois ou tous les deux mois, pas seulement en période de crise. »

 

Mona Tep
Mona Tep

 

Cette expérience illustre la solidarité et la réactivité qui se sont manifestées pour répondre à cette crise humanitaire. Espérons que cet élan pourra s’inscrire dans la durée afin de continuer à soutenir les plus vulnérables, même en dehors des périodes d’urgence.

Commentaires

Votre email ne sera jamais publié sur le site.

Flash infos