ONG et psychologues mobilisés pour soutenir les déplacés du conflit frontalier Cambodge-Thaïlande.


Pour les habitants âgés des villages frontaliers, le claquement des coups de feu est familier : ils l’ont connu sous le régime khmer rouge. Mais pour beaucoup d’autres, ces bruits, entendus lors du récent conflit Cambodge–Thaïlande, ont déclenché peur et anxiété.
Dans les zones touchées, dons de nourriture, d’eau et de produits de première nécessité sont venus soulager les besoins urgents.
Les ONG en première ligne pour la santé mentale
En plus de l’aide matérielle, des associations spécialisées en santé mentale se mobilisent : campagnes solidaires, conférences publiques, affichage de numéros d’urgence dans les zones de conflit.
Parmi elles, SSEAYP International Cambodia (SIC) a lancé la campagne Mental Health Support for Displaced Persons pour promouvoir le bien-être psychologique. L’organisation insiste : l’accompagnement doit continuer au-delà des dons ponctuels, y compris ceux de l’Association des Jeunes Médecins Volontaires Samdech Techo (TYDA).
« Le soutien mental est essentiel, non seulement pour les déplacés, mais pour les 17 millions de Cambodgiens, y compris ceux de la diaspora. Les soldats en première ligne s’inquiètent pour leur famille, et inversement », souligne Im Rachana, présidente de SIC.
Des écoles fermées, des vies bouleversées
Depuis les affrontements du 28 mai et la flambée de violence du 24 juillet – cinq jours d’artillerie et de frappes aériennes – 120 000 civils ont fui leur foyer dans cinq provinces.
SIC a distribué des vivres, organisé des consultations avec des psychologues et des spécialistes de l’éducation, et proposé aux enfants des activités créatives pour apaiser leur peur et les aider à s’adapter à la vie en abri.
« La santé mentale ne doit pas être négligée »
Pour Yim Sotheary, psychothérapeute et fondatrice du Sneha Center, l’aide psychologique est une forme d’assistance humanitaire à part entière :
« Beaucoup présentent dépression, anxiété et stress. Sans prise en charge rapide, ces symptômes aggravent les traumatismes existants. Les besoins vitaux comme la nourriture sont indispensables, mais la santé mentale ne doit pas passer au second plan ».
Même constat pour Taing Sopheap, directrice adjointe de Transcultural Psychosocial Organization (TPO) :
« Les conditions dans les abris sont difficiles. Les femmes et les enfants se sentent tendus et en insécurité. Nous avons formé les parents à repérer les signes de détresse et à pratiquer l’auto-soutien pour éviter une crise ».
Témoignages de déplacés
À Preah Vihear, Eam, 66 ans, se réjouit d’avoir reçu de l’eau potable et des produits d’hygiène, mais regrette sa récolte perdue :
« Cet affrontement me rappelle la douleur sous le régime khmer rouge, quand parfois je ne mangeais pas ».
Sotheary confirme : certains survivants de cette époque, bien qu’endurcis mentalement, craignent une escalade du conflit.
Au Sneha Center, jeux, psychoéducation et discussions ouvertes sur les peurs et espoirs ont permis aux enfants de retrouver un sentiment de sécurité.
Korng Yout, 66 ans, réfugiée depuis près de vingt jours :
« Cette fois, je suis avec mes enfants et petits-enfants. Mon gendre est soldat au front, et je m’inquiète pour lui. L’aide émotionnelle reçue ici m’a beaucoup apaisée. Je n’avais jamais parlé de ma santé mentale avant ».

Un traumatisme toujours présent
D’après le Centre de Documentation du Cambodge (DC-Cam), 87 % des survivants du régime khmer rouge souffrent encore de souvenirs envahissants, de stress post-traumatique, de dépression ou d’autres troubles liés aux traumatismes.
Début août, les ONG étaient toujours à l’œuvre et appelaient d’autres institutions à prendre le relais pour renforcer le soutien psychologique;
Au 4 août, le ministère de la Défense recensait 124 940 déplacés : 42 016 à Preah Vihear, 39 486 à Siem Reap et 34 027 à Oddar Meanchey.
Depuis l’accord de cessez-le-feu renforcé signé le 7 août 2025 lors de la réunion du Comité général frontalier (GBC) en Malaisie, des milliers de familles ont commencé à rentrer chez elles.
MOUN LIZA
Avec l’aimable autorisation de CamboJA News, qui nous permet d’offrir cet article à un lectorat francophone.
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