Édition internationale

Le Cambodge réplique aux critiques du rapporteur de l’ONU sur les droits humains

À Genève, l’ambassadeur Dara In a fermement défendu la souveraineté et les progrès du Cambodge face au rapport critique du rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits humains.

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Photo AKP
Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 6 octobre 2025

Le 3 octobre 2025, à Genève, le rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des droits humains au Cambodge, Vitit Muntarbhorn, a présenté son cinquième rapport couvrant la période de mi-2024 à juin 2025.
Il y a évoqué la loi sur la nationalité, entrée en vigueur en septembre 2025, qui autorise le retrait de la citoyenneté d’origine dans certains cas, notamment pour collusion avec une puissance étrangère. Il a appelé à sa suspension, estimant qu’elle risquait de restreindre les libertés fondamentales.

Le rapport a également critiqué le climat politique issu des élections de 2023, qualifiées d’« injustes », et les poursuites judiciaires contre militants et opposants, décrites comme une « judiciarisation de la répression ».
Vitit Muntarbhorn a ajouté que, malgré des progrès multilatéraux, « le système national reste aux mains d’une élite établie », et a regretté le manque de participation citoyenne dans la gestion des ressources naturelles.

Les recommandations des Nations Unies

Le rapporteur a invité Phnom Penh à lever les charges pesant sur les opposants, à garantir la liberté d’expression et à renforcer la coopération avec le secteur privé pour appliquer les principes de l’ONU sur les entreprises et les droits humains.
Il a aussi exhorté la société civile à poursuivre sa veille face aux restrictions de l’espace civique et à la persécution des défenseurs des droits et de l’environnement.

La réponse du Cambodge à Genève

Lors de la même session du Conseil des droits de l’homme, l’ambassadeur cambodgien Dara In a pris la parole pour défendre la position du gouvernement.
« Nous engageons ce dialogue avec ouverture et coopération, mais nous devons parler avec clarté et conviction lorsque la souveraineté et la voix du peuple sont en jeu », a-t-il déclaré.

Défense de la loi sur la nationalité

Selon lui, le rapporteur « ignore les fondements constitutionnels et la comparabilité internationale » de la réforme. La loi, a-t-il affirmé, « ne vise pas à faire taire la dissidence mais à protéger la souveraineté, tout en équilibrant sécurité nationale et respect du droit ».

Rejet de la vision d’un pays « paralysé »

L’ambassadeur a jugé erronée la description d’un Cambodge pris « entre un dilemme et un bourbier ».
« Le Cambodge n’est pas paralysé. Nous avançons, nous nous relevons de la guerre pour bâtir des institutions de paix et de droit », a-t-il insisté.

Réponse sur les élections et l’espace civique

Face aux critiques sur les élections de 2023, il a rétorqué que « des millions de citoyens ont voté librement et pacifiquement » et que « rejeter leurs voix revient à nier la volonté souveraine du peuple ».
Il a évoqué l’existence de plus de 6 000 ONG et 2 000 médias, dont beaucoup sont critiques envers le gouvernement. « Ces signes ne traduisent pas une contraction, mais une vitalité », a-t-il déclaré. « Les libertés ne prospèrent pas dans le chaos, elles croissent dans la paix ».

Environnement, société et réformes

Concernant les questions environnementales, Dara In a reconnu les difficultés mais souligné les avancées : « Trouver un équilibre entre conservation et développement est un défi universel. Le Cambodge le relève par la loi, la concertation et la réforme ».
Il a aussi détaillé les efforts du pays pour démanteler les réseaux d’escroqueries en ligne et lutter contre la traite humaine, soulignant une « détermination claire, non un échec ».

Un appel à l’équilibre et à la coopération

L’ambassadeur a conclu en appelant le Conseil des droits de l’homme à plus d’impartialité :
« Le Cambodge ne revendique pas la perfection, mais le progrès. Nous avons rebâti nos institutions après la guerre, restauré la stabilité, déminé notre territoire, réduit la pauvreté et étendu l’accès à l’éducation et à la santé ».

Il a exhorté l’ONU à « reconnaître les réalisations autant que les défis, à résister à la sélectivité et à affirmer la coopération sur la base du respect mutuel ».

 

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