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Khun Vannak : "Un artiste ne peut pas vivre sans projets !"

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Khun Vannak
Écrit par Emmanuel PEZARD
Publié le 29 octobre 2022, mis à jour le 29 octobre 2022

En cette fin d’année 2022, le domaine de la culture à Phnom Penh est en pleine effervescence, notamment à l’occasion du Phnom Penh Photo festival. Khun Vannak fait partie des artistes dont les photographies ont été sélectionnées pour être exposées dans le cadre de cet évènement.

 

Né à Phnom Penh en 1980, juste après la fin du génocide perpétré par les Khmers rouges, dans une famille plutôt pauvre, l’artiste a toujours vécu au Cambodge.

Diplômé d’un master de l’Université Nationale de Management, il a travaillé quelques années pour des ONG puis comme administrateur financier au sein d’une agence de communication française.

En 2014, il commence à étudier la photographie à l'Institut Français, au "Studio Image" pendant un an, avec Sovan Philong. C’est à cette époque que l’art devient une véritable passion pour Khun Vannal. En 2018, il quitte son travail pour s’y consacrer pleinement.

L’une de ses photos est actuellement exposée à la galerie Air « at the PP Factory » dans le cadre d’une exposition collective organisée par Sa Sa Art Projects. Il va très prochainement en exposer 20 autres – entre art et documentaire – au centre Bophana, dans le cadre du Phnom Penh Photo festival 2022. Enfin, il accomplira aussi, le mois prochain, une performance/installation sur le thème de l’identité dans un endroit encore gardé secret.

Emmanuel Pezard s’est entretenu avec lui.

 

Pourquoi avez-vous choisi la photographie, et plus particulièrement la photographie d'art, contemporaine et conceptuelle ?

En photographie, on peut choisir différentes voies, comme l'événementiel, la mode ou le journalisme, mais j'avais besoin de m'exprimer, de me (re)chercher… C’est peut-être pour cela que j'ai choisi la voie la plus difficile : être indépendant, et aller explorer l’art contemporain et conceptuel. Le spectre des possibilités était plus réduit, mais le challenge plus excitant ! Très rapidement, j'ai eu de la chance. En 2015, j'ai pu faire ma première exposition personnelle pour le Photo Phnom Penh festival. Cette première exposition a été très importante pour moi, car j’ai réalisé que je pourrai être, un jour, bientôt, un artiste à plein temps. A cette occasion, j'ai décidé de "jouer" avec les nombres.

 

C'était une façon de me détacher de ce qu'était ma vie d’avant, et de montrer que tout est lié, malheureusement, aux "chiffres et aux nombres". Son numéro de compte, sa date de naissance, sa plaque d'immatriculation, les factures (rire) etc... J'ai ensuite fait la première page du livre édité à l’occasion de ce festival, et j'ai pu voir mon travail exposé, en format classique mais aussi en très grand format !

 

Comment définiriez-vous votre travail ?

J'ai appris le chant et la danse à l'église, car je suis chrétien. Et avec la danse, l'art du mouvement, ce qui m'a amené à vouloir utiliser mon corps, ma personne, comme support de mon travail.

Une sorte de "sainte trinité" pourrait me définir : Je m'utilise comme support visuel pour porter mes projets, en lien avec mon pays et ma culture, tout en essayant de toucher à des thèmes universels.

 

Je ne suis pas "égocentrique" comme certains le pensaient au départ, c'est juste un choix, mûrement réfléchi, et une voie dans laquelle je me sens à l’aise, et dans laquelle je persévère.  

 

Quels artistes vous ont influencé ?

Je n'ai pas vraiment été " influencé ", mais bien sur des artistes comme Picasso, Dali, les artistes de la renaissance Italienne, Andy Wharol - et des photographes, comme Henry-Cartier Bresson, Robert Doisneau, Man Ray - m'ont ouvert à différents horizons. C'est aussi beaucoup dans des livres d'art, que j'ai pu consulter à la bibliothèque de l'Institut Français, mais également -et surtout- grâce à Internet, au fil de recherches souvent aléatoires, dans tous les domaines artistiques. Je passe beaucoup de temps sur Internet ! On y trouve tout aujourd'hui, et j'y puise parfois mon inspiration.

 

Khun Vannak
Khun Vannak 

 

Pourriez-vous nous parler un peu de vos différents projets, avant le Covid, et ensuite de la façon dont vous avez vécu et abordé cette crise sanitaire ?

Après mon travail sur les chiffres et les nombres, et toujours sur cette même base : moi (mon identité) et mon corps, mon pays et le monde, j’ai fait différentes expositions. Il y a eu « Spaces » (Playing with umbrella) organisé par Sa Sa Art Projects. Ensuite, j'ai réalisé le projet Krama pour le Photo Phnom Penh festival en 2019. En même temps, j’ai réalisé un projet sur le plastique et l’environnement, "To be a part of", également pour le PPP, et exposé pour Tribe, à la galerie du Seekers café/restaurant.

Certaines de mes œuvres ont été exposées en France (Lilles), à Tokyo et à Taïwan. Puis, la crise du Covid est arrivée, et le temps s’est arrêté...

 

Khun Vannak
Khun Vannak 

 

Vous êtes ce qu'on appelle un artiste polyvalent, vous avez aussi fait des performances, et depuis 2 ans et demi, vous avez commencé à peindre, principalement en relation avec vos chats, pourquoi ce virage ?

Impacté par le Covid (pas d'argent, pas d'expositions, une grande solitude, des proches décédés) et par amour des chats (j'en ai quatre, on peut les appeler « ma famille ») mais aussi parce que j'aime me remettre en question, j'ai commencé à les peindre, à partir de mes photos. Je joue surtout sur notre complicité, notre confiance mutuelle, et me concentre sur les jeux de couleur et de compositions, car… je ne suis pas un bon dessinateur (rire) – J’ai terminé, ou presque, 14 toiles pour le moment, et j'espère pouvoir montrer ce travail l'année prochaine ! Pour cette partie, j'ai également collaboré avec d'autres artistes qui m'ont aidé, comme Daro ou Srey Mao.

 

Khun Vannak
Khun Vannak 

 

Avez-vous de nouveaux projets ?

J'en aurai bientôt, mais pour le moment, je suis très heureux d'être à nouveau très occupé, et d’à nouveau pouvoir montrer mon travail, après ces presque trois années particulièrement difficiles. Mais c'est sûr, des nouveaux projets vont voir le jour.

 

Un artiste ne peut pas vivre sans projets !

 

Propos recueillis et traduits par Emmanuel Pezard.

 

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