Jusqu’en 2019, le Cambodge accueillait chaque année plus de 500 volontaires venant de France. Malgré la pandémie, de nombreux volontaires sont restés pour s’engager au Cambodge, et la réouverture récente du pays permet de retrouver progressivement le même dynamisme que précédemment.
Les missions des volontaires peuvent durer de quelques semaines à plusieurs années. Leur profil est très varié et dépend notamment de leurs conditions d'engagement et des structures qui les encadrent.
Avec ses quelques 1350 ONG (1028 locales et 322 internationales) qui agissent dans divers domaines (éducation, agriculture, environnement, santé…), le Cambodge reste le deuxième pays au monde à accueillir le plus de volontaires. Ces dernières années, l’aide au développement s’y est beaucoup professionnalisée et spécialisée. Ainsi, bien souvent, venir avec sa bonne volonté ne suffit pas pour s’engager et être efficace.
Par ailleurs, le volontaire, souvent motivé par de nobles aspirations, peut se retrouver victime d’arnaques.
Pour faire le point sur ce qu’est le volontariat dans sa diversité, nous nous sommes rapprochés de France Volontaire Cambodge.
Créée en 2009, cette association se définit ainsi : « France Volontaires est le fruit d’une construction partagée entre des acteurs publics et associatifs impliqués dans la solidarité internationale. Opérateur du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, elle réunit l’Etat, des collectivités territoriales et des associations autour d’une mission d’intérêt général : le développement et la promotion des engagements volontaires et solidaires à l’international. »
Elle accompagne donc les volontaires dans leur démarche, du choix de la mission, à l’accompagnement sur place, jusqu’au retour à la maison.
Voleak Sok, représentante nationale de France Volontaires au Cambodge, nous a reçu dans ses locaux rue 178 à Phnom Penh et a répondu à nos questions :
Bonjour Madame, le volontariat intéresse de plus en plus de monde. Qui peut être volontaire ?
Il n'y a pas de conditions particulières. Cela dépend surtout des projets de chacun, de ses motivations à s’engager comme volontaire, de la contribution qu'on peut apporter en termes de compétences et de temps !
Certains dispositifs du volontariat ont, certes, une limite d’âge, comme le Service Civique qui est ouvert pour les jeunes jusqu’à 25 ans, ou une période d’engagement délimitée dans le temps comme le Volontariat Solidarité Internationale (VSI) qui est un contrat renouvelable pendant 6 ans maximum. Outre ces considérations techniques, nous défendons la vision d’un volontariat-monde, c’est-à-dire accessible à tous, au local comme à l’international, tout au long de la vie, pour des périodes différentes, qui privilégie l’échange de savoirs et l’inter-culturalité. On peut donc tout à fait être volontaire sans avoir à faire un service civique ou un VSI.
Par ailleurs, nous œuvrons pour plus de réciprocité dans le volontariat. Ainsi, France Volontaires a pu envoyer déjà une dizaine de volontaires cambodgiens en France réaliser des missions de service civique, et nous avons l’ambition de pouvoir en envoyer beaucoup plus !
Comment peut-on trouver une mission ?
Les gens peuvent visiter d’abord notre site d’internet de France Volontaires : www.france-volontaires.org où sont publiées des offres de missions de volontariat à travers le monde entier. Sur place, pour ceux qui veulent s’engager seulement au Cambodge, ils peuvent suivre notre page Facebook https://www.facebook.com/EV.Cambodge où nous partageons régulièrement des offres de nos partenaires. Les personnes intéressées peuvent aussi, bien entendu, nous adresser un mail personnalisé à notre adresse ev.cambodge@france-volontaires.org pour nous expliquer leur projet d’engagement.
Volontaire signifie-t-il bénévole ?
Contrairement à d’autres langues, la langue française fait la distinction ! Et le droit français aussi. Sur le plan linguistique, je pense que le bénévolat correspond au temps libre qu’on investit au profit d’une association, le soir ou le week-end, en apportant une aide ponctuelle aux actions d’une organisation. Le volontariat implique quant à lui un engagement à temps plein et de plus grande intensité, et c’est la raison pour laquelle l’Etat français l’encadre par des dispositifs entourés de droits et d’obligations.
Pour les dispositifs français les plus courants, le Volontariat international de solidarité (VSI) et le service civique, les volontaires reçoivent une indemnité, qu’on appelle souvent de « subsistance ». Il y a d’autres droits et obligations qui vont avec, avantageux pour les volontaires : une assurance santé expatriée, une cotisation à la retraite, des billets d’avions aller-retour et une indemnité de réinstallation pour leur retour en France. Tout cela permet de sécuriser l’expérience du volontariat.
Par ailleurs, le volontariat se définit notamment par un encadrement structurel : les volontaires reçoivent des formations civiques et au départ qui leur permettent de partir dans les meilleures conditions et ils sont suivis tout au long de leurs missions.
Il existe en outre de nombreux autres dispositifs que France Volontaires a récapitulé dans le document « A chacun son volontariat ».
Quelles sont les aides que vous fournissez aux volontaires au Cambodge ?
En général, nous nous mettons au service de l’ensemble des acteurs du volontariat. Pour les conseiller, pour orienter, et notamment pour les accompagner dans le montage ou la recherche de missions de volontariat.
Concernant les volontaires eux-mêmes, nous sommes à leur écoute concernant leur intégration et leurs missions au Cambodge. Pendant les moments les plus durs de la pandémie, nous avons été beaucoup sollicités par les volontaires pour parler de leurs missions, du nouveau contexte, ou de choses pratiques comme pour les visas ou les rapatriements, par exemple.
En temps normal et désormais, nous organisons tout au long de l’année des activités de découverte du Cambodge, de mise en réseau et de renforcement de leurs capacités. Nous mettons aussi en valeur leur contribution par des vidéos et des témoignages !
Ces activités correspondent à notre objectif de promotion d’un volontariat responsable et de qualité.
Vos prestations ne concernent-elles que les citoyens français ?
Nous sommes là pour tout ce qui touche au volontariat solidaire dans le pays et à l’international.
Les volontaires ne sont d’ailleurs pas tous Français et nous travaillons avec d’autres nationalités.
Ainsi, tout le monde peut se rapprocher de nous pour toutes les questions liées au volontariat. Notre enjeu est notamment de faire connaître et reconnaître le volontariat en-dehors de la France.
Puis je reviens sur la réciprocité que j’ai évoquée précédemment. Afin de donner le plus de chances aux jeunes Cambodgiens sur le point de s’engager dans une mission en France, nous discutons avec les associations sur place, nous préparons les volontaires à leur départ en France et nous les suivons tout au long de leur mission jusqu’à leur retour où nous travaillons à les aider à se réinsérer dans leur pays d’origine, autant personnellement que professionnellement.
En tant que professionnel du secteur, quel regard portez-vous sur le volontourisme ?
Bien que de plus en plus connu, le volontourisme continue d’exister, même au Cambodge où nous avons longtemps plaidé contre, avec nos partenaires associatifs et institutionnels. Pour les lecteurs qui ne seraient pas très au fait de ce phénomène, le volontourisme est une forme de tourisme conjuguant voyage et engagement volontaire : volontariat + tourisme. On vient par exemple au Cambodge pour quelques semaines, visiter les temples et, avec les meilleures intentions, venir « en aide » aux populations locales, et le plus souvent à des enfants. Typiquement, en donnant des cours d’anglais dans un centre pendant deux semaines ou en participant à la construction d’un puits dans un village.
Le problème est que sur la base de cette bonne volonté des touristes, toute une économie de la compassion s’est organisée pour en retirer frauduleusement d’énormes profits – le voyage « humanitaire » peut être facturé 2000 dollars par personne - et avec des conséquences complètement contre-productives pour les populations : troubles de l’attachement et sentiment d’abandon chez les enfants, risques d’abus physiques, changement des structures de l’économie locale...
Nous faisons donc campagne pour un volontariat responsable qui implique de se poser plusieurs questions avant de partir s’engager au Cambodge. Il faut donc se demander pourquoi on veut partir s’engager aussi loin et comment.
Ainsi, il est très important de s’intéresser à la structure où on s’engage : son statut, ses valeurs, ses objectifs, sa légalité, ses capacités d’encadrement…
Un indice très important qui doit d’ailleurs immédiatement alerter : est-ce que cette structure vous demande de l’argent pour réaliser votre volontariat ?
Puis, demandez-vous si vous pensez avoir les compétences pour réaliser cette mission. En France, on n’accepterait pas que quelqu’un sans expérience ni formation dans l’enseignement vienne nous donner des cours ! Et on n’accepterait pas non plus que quelqu’un d’inconnu venu de loin vienne s’occuper de nos enfants pendant deux semaines… Donc évitez également les contacts directs avec les enfants, il faut penser aux conséquences de son engagement dans un environnement culturel très différent.
Ce sont les exemples de questions que vous vous devriez vous poser pour vous engager dans le cadre d’un volontariat responsable.
Comment peut-on vous contacter ?
Nos locaux : # 06, Rue 178 , Sangkat Phsar Thmey 3 , Khan Daun Penh , Phnom Penh , Cambodge . Nous sommes ouverts du Lundi au Vendredi de 8h30 à 12h00 et de 14h00 à 18h00. La prise du rendez-vous est recommandée.
Email : ev.cambodge@france-volontaires.org
Tel fixe : 023 23 84 10
https://www.france-volontaires.org/dans-le-monde/cambodge/
Le 1er octobre, vous allez organiser à l’Institut Français une journée du volontariat, pouvez-vous d’ores et déjà nous en toucher quelques mots ?
La Journée du Volontariats Français (JVF) est l’événement phare pour la promotion du volontariat français. C’est un grand événement annuel qui rassemble tous les acteurs du volontariat français dans le pays, donc les volontaires, les ONG d’accueil des volontaires, les autorités cambodgiennes et institutions françaises.
Nous sommes mandatés par le Ministère de l’Europe et des Affaire Etrangères afin d’organiser cet événement annuel au cours du mois d’Octobre. Cette année, les 23 Espaces Volontariats de France Volontaires dans le monde, donc l’Espace Volontariats du Cambodge, célèbreront la JVF au cours de la première semaine du mois, afin de remettre, enfin et tous ensemble, en avant le volontariat !
Nous aurons l’honneur d’organiser notre évènement chez notre partenaire, l’Institut Français du Cambodge, le Samedi 01 Octobre 2022. Plusieurs activités professionnelles ainsi que ludiques seront proposées toute la journée et ce sera ouvert à tous !
Madame, Merci d'avoir pris le temps de répondre à nos questions qui nous éclairent sur ce statut particulier. Nous n'avons cependant pas encore fait le tour de la thématique du volontariat, nous reviendrons vers vous bientôt avec d'autres questions.
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À bientôt.