Après la diffusion d’une vidéo montrant un stand de tir visant son portrait en Thaïlande, Hun Sen condamne un « acte immoral » et appelle les Cambodgiens à la retenue et au respect mutuel.
L’ancien Premier ministre cambodgien Hun Sen, aujourd’hui président du Sénat, a vivement réagi lundi à la diffusion d’une vidéo tournée lors d’un carnaval en Thaïlande, où un homme tire à la carabine à air comprimé sur une cible représentant son portrait.
Hun Sen, qui a dirigé le pays pendant près de quarante ans avant de céder la place à son fils en 2023, a qualifié ce jeu de « disgracieux » et d’« immoral », tout en appelant ses concitoyens à ne pas répondre par la haine.
« Veuillez ne pas entreprendre d’actions qui pourraient nuire aux entreprises ou aux citoyens thaïlandais vivant et travaillant au Cambodge », a-t-il écrit sur les réseaux sociaux.
Un contexte de tensions persistantes
Cette vidéo intervient alors que les relations entre Phnom Penh et Bangkok restent tendues après les affrontements meurtriers de juillet dernier, les plus graves depuis des décennies, qui ont fait plus de quarante morts et entraîné le déplacement de quelque 300 000 personnes.
Malgré un cessez-le-feu conclu après cinq jours de combats, les deux pays s’accusent régulièrement de violations de trêve.
Hun Sen a précisé que ce tir sur son image semblait destiné à « tester sa patience durant la trêve fragile actuelle » et à provoquer une réaction impulsive des forces cambodgiennes ou de la population.
Appel au respect et à la dignité nationale
Dans un message ultérieur, le président du Sénat a exhorté les Cambodgiens à ne pas se laisser entraîner dans des gestes irrespectueux envers les dirigeants thaïlandais.
« Je lance un appel sincère à mes compatriotes : n’utilisez pas les portraits du roi ou des dirigeants thaïlandais d’une manière inappropriée ou irrespectueuse », a-t-il insisté.
Tout en dénonçant l’incident, Hun Sen a rappelé que le Cambodge devait préserver sa dignité. « Nous devons continuer à défendre notre honneur en tant que nation fondée sur de hautes valeurs morales », a-t-il affirmé.
Un appel au boycott mesuré
S’il a invité ceux qui se sentent offensés à exprimer leur désaccord de manière pacifique, Hun Sen a évoqué la possibilité d’un boycott volontaire des produits thaïlandais et de la monnaie baht. « Cela contribuerait aussi à renforcer l’indépendance monétaire du Cambodge », a-t-il estimé.
Depuis le début de l’année, Phnom Penh a déjà suspendu certaines importations de fruits, légumes et carburants thaïlandais, tandis que Bangkok a restreint plusieurs points de passage frontaliers.
« Je continue de croire que la majorité du peuple thaïlandais ne souhaite pas être l’ennemi du peuple cambodgien », a conclu Hun Sen.
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