Reprise des combats entre le Cambodge et la Thaïlande : frappes en profondeur, plus de 300 000 déplacés, au moins 11 civils tués. La Francophonie appelle au respect des accords de paix.


Selon plusieurs témoignages concordants, des déclarations officielles et des informations recueillies, des frappes thaïlandaises ont touché des zones situées loin de la frontière, notamment dans la province de Preah Vihear.
Jeudi soir, un avion de chasse F-16 aurait bombardé une base militaire située à environ 63 kilomètres à l’intérieur du territoire cambodgien, au sud de Krong Preah Vihear. L’attaque aurait fait au moins un blessé parmi les soldats, selon un responsable provincial de la santé.
La panique s’est rapidement propagée dans la ville : écoles, commerces et stations-service ont fermé, tandis que de nombreux habitants ont pris la route de l’exode.
Des attaques signalées dans plusieurs provinces
D’autres frappes ont été signalées le même jour dans les provinces d’Oddar Meanchey, Banteay Meanchey et à proximité de la frontière avec la province de Siem Reap. Les autorités locales confirment plusieurs incidents, tout en limitant les détails pour des raisons de sécurité.
Le ministère de l’Intérieur évoque des « bombardements intensifiés et des frappes aériennes par F-16 » ayant touché des infrastructures civiles jusqu’à 80 ou 90 kilomètres à l’intérieur du Cambodge. Les dégâts concerneraient des habitations, des écoles, des centres de santé, des pagodes et des sites patrimoniaux.
Plus de 300 000 déplacés en moins d’une semaine
La conséquence humanitaire est considérable. Selon un rapport officiel du ministère de l’Intérieur publié le 12 décembre, 303 213 personnes, soit près de 89 700 familles, ont été déplacées depuis la reprise des hostilités le 7 décembre.
Le bilan humain fait état de 11 civils tués, dont un nourrisson, et de 59 blessés.
Alerte aux ressortissants étrangers
Face à la détérioration rapide de la situation, le Département général de l’immigration, rattaché au ministère de l’Intérieur, a adressé une note à l’ensemble des missions diplomatiques et aux ressortissants étrangers présents au Cambodge. Il recommande d’éviter les zones affectées par les combats et invite toute personne concernée à signaler les incidents via ses lignes d’urgence.
Les autorités évoquent l’utilisation d’armes lourdes, de drones, d’avions de chasse et même de gaz toxiques, des accusations que les journalistes indépendants n’ont pas toujours pu vérifier sur le terrain.
La Francophonie appelle au respect des accords de paix
Sur le plan diplomatique, la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Louise Mushikiwabo, a exprimé sa « profonde préoccupation » face à la reprise des combats. Dans un communiqué publié le 10 décembre, elle condamne les violations du cessez-le-feu du 28 juillet et de l’accord de paix signé à Kuala Lumpur le 26 octobre 2025.
Elle appelle les deux pays à « protéger les populations civiles » et à revenir sans délai à la voie du dialogue, rappelant que le règlement des différends doit se faire dans le respect du droit international et de la souveraineté des États.
Appel à la cessation des hostilités
Les autorités cambodgiennes demandent à la Thaïlande de cesser immédiatement ses opérations et d’honorer les engagements pris dans le cadre du cessez-le-feu et de la déclaration conjointe signée en présence du président américain Donald Trump et du Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim, alors président en exercice de l’ASEAN.
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