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Phare Ponleu Selpak aux côtés de sa communauté en temps de crise

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Un travailleur social de Phare en train d'interviewer une famille. Photo fournie
Écrit par Virginie Vallée
Publié le 24 juin 2020

Depuis le 16 mars dernier tous les établissements scolaires ont cessé d’accueillir leurs élèves. L’école des arts de Battambang, Phare Ponleu Selpak, n’a pas cessé de veiller sur eux.

Phare Ponleu Selpak est une école d’art installée dans la province de Battambang depuis 1994. En tant qu’organisation non gouvernementale sa mission est de soutenir la communauté de Battambang grâce à l’éducation et à la formation aux métiers de l’art. Durant cette période de crise du Covid-19, l’école a continué de mettre son personnel au service de la communauté.

Dès le mois d’avril, Phare a lancé une étude auprès de 485 familles dans 16 villages de la province de Battambang dont 302 étaient des familles de ses étudiants. « Nos travailleurs sociaux ont tissé une relation de confiance et d'écoute avec les communautés environnantes, notamment les plus précaires. Ils comprennent la fragilité de leur situation économique au quotidien et ont anticipé la gravité des conséquences du Covid-19 sur les foyers, dont beaucoup sont touchés par des pertes d'emplois et de revenus de subsistance. Ils se sont également inquiétés des risques accrus de mauvais traitements au sein des familles pendant le confinement » explique Morgane Darrasse, chargée de la communication chez Phare. Les résultats ont mis en évidence combien les mesures prises pour lutter contre la propagation du virus ont laissé de familles dans la précarité. Si 359 familles déclarent avoir subi une perte de revenus, 66 familles quant à elles déclarent ne plus avoir de revenu du tout du fait de la perte de leur emploi. 214 personnes ont reconnu nécessiter des soins médicaux et 78 familles rapportent avoir connu des violences domestiques pendant la période de confinement.

Forte de cette étude, l’école a offert à 40 des familles parmi les plus démunies des allocations repas pour compenser les déjeuners scolaires qui auraient dû être pris si l’école était restée ouverte. 134 familles ont reçu des kits de secours comprenant du riz, des nouilles, du thon, de l’huile, du sucre, du sel, de la sauce soja mais également du savon, des masques et du désinfectant pour les mains.

 

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L’étudiante en arts du cirque Srey Neang et sa petite soeur devant leur maison. Photo fournie

 

En plus de cette aide matérielle, les enseignants ont fait en sorte de rester en contact le plus possible avec leurs élèves. Ils ont constaté que bien souvent les parents qui n’avaient eux-même pas été scolarisés éprouvaient des difficultés majeures pour accompagner le travail à domicile de leurs enfants. L’absence d’équipement nécessaire à l’enseignement à distance est aussi un problème pour la continuité pédagogique. Sans connexion internet ni smartphone il est difficile de suivre un cours en visioconférence. Les conséquences d’une déscolarisation chez des enfants fragiles peuvent être irrémédiables. « Le campus de Phare, en plus d'être un lieu éducatif pour de nombreux enfants marginalisés, est un environnement sécurisé où ils ont accès à un soutien social et psychologique. La scolarisation de ces enfants et jeunes dits à risque est un travail de longue haleine, que le confinement a potentiellement exposé à nouveau à ce que nos travailleurs sociaux essaient de combattre au quotidien : violences domestiques, travail forcé, isolement social... Les parents n'ayant pas de connaissances de l'enseignement à domicile, ni de matériel, et bien souvent pas de connexion internet dans les milieux ruraux, leurs enfants risquent de perdre le niveau acquis à l'école et de décrocher durablement » s’inquiète Morgane.

Maintenant que les risques d’épidémie sont plus atténués, les enseignants de Phare s’organisent avec les autorités locales et les familles pour mettre en place des enseignements par petits groupes de 2 à 5 enfants du même village. Tout en respectant les règles d’hygiène et de distanciation sociale, les enseignants ont a coeur que les enfants continuent de s’instruire, de s’amuser et d’être occupés. L’école met à disposition des familles du matériel pédagogique, des jeux éducatifs pour contribuer au bon développement des enfants en attendant la réouverture très attendue des établissements scolaires.

La fermeture des cirques sociaux de Battambang et Siem Reap depuis le mois de mars pèse considérablement sur le budget de fonctionnement de l’école des arts mais pour autant Phare Ponleu Selpak souhaite tout mettre en oeuvre pour perpétuer sa mission. « Nous avons évalué les répercussions économiques du Covid-19 sur notre ONG à long terme, puisqu'elle va potentiellement être impactée d'ici juin 2021. La fermeture de nos cirques sociaux à Battambang et à Siem Reap depuis mars, par ordre du gouvernement, et la perte dramatique et durable de visiteurs au Cambodge nous ont amenés à revoir nos activités, et les salaires de l'ensemble du personnel, à la baisse. Mais il n'est pas question de revoir notre offre éducative et artistique, nous poursuivons notre mission et gardons le budget qu'il nous reste pour maintenir les vocations et les espoirs de nos étudiants bien en vie ! Nous avons constaté un bel esprit de solidarité depuis le début de la crise, à Phare mais aussi parmi les donateurs qui ont été nombreux à réagir et nous envoyer des messages encourageants et chaleureux. Il faut garder un esprit positif, c'est la capacité de résilience de Phare qui en a fait sa force depuis maintenant 26 ans », assure la chargée de communication.

virginievallee
Publié le 24 juin 2020, mis à jour le 24 juin 2020

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