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Pour les cyclo-pousses de Phnom Penh, la vie ne tient qu’à un fil

Ils sont une attraction pour les touristes, mais la vie est un combat pour les conducteurs de cyclo-pousse, rattrapés par la maladie et l’âge.

Photo : CambodianessPhoto : Cambodianess
Photo : Cambodianess
Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 16 novembre 2024

Jia Jeoung, 78 ans, est assis seul dans son véhicule à l'angle des rues 13 et 118. Il a commencé à travailler comme cyclo à l'âge de 20 ans.

« La guerre est arrivée, et je n'ai pas pu travailler, évidemment, mais dès que les Khmers rouges me l'ont permis, je suis retourné à Phnom Penh », raconte-t-il.

Sa femme est toujours en vie. Elle reste à la maison, où elle fait la cuisine et le ménage.  Trois de leur six enfants sont décédés. 

Jia Jeoung gagne juste assez d'argent pour s'en sortir. Certains jours, il lui arrive de gagner 10 000 riels (2,50 dollars), mais il rentre aussi souvent bredouille. 

« Les cyclos ne sont plus très demandés à Phnom Penh », explique-t-il. « Tout le monde semble vouloir aller partout beaucoup plus rapidement et c'est là que les tuk tuks modernes entrent en jeu. Il n'y a plus de place pour nous. »

Won Wun, 70 ans, est chauffeur de cyclo depuis plus de trente ans. Il a commencé à travailler après la guerre et ce métier est tout ce qu'il a connu. Aujourd'hui, il gagne à peine de quoi vivre.

« Avant l’épidémie de COVID, je gagnais entre 7 et 10 dollars par jour. Depuis, c'est plutôt 2 à 5 dollars , dans le meilleur des cas », dit-il. « C'est difficile de rester assis ici toute la journée dans la chaleur, alors qu'auparavant nous étions plutôt occupés et gagnions raisonnablement bien notre vie. »

Il n’a pas d’autre choix que de continuer à exercer son métier jusqu'à ce qu'il n'en soit plus capable physiquement.

« Nous devons tous nous réveiller chaque jour et espérer que nous aurons des clients. »

Ron, 52 ans, est également conducteur de cyclo depuis plus de trente ans. Il travaille régulièrement pour un hôtel qui organise des tours de cyclo en groupe pour ses clients.

« J'ai la garantie de recevoir 50 dollars par mois en participant à un tour chaque semaine, ça m'aide beaucoup », dit-il.

Comme 310 autres cyclos, Ron fait partie de la Phnom Penh Cyclo Association, organisée par le gouvernement et dont le nom est imprimé au dos de leurs tee-shirts.

Cela lui rapporte 12,50 dollars supplémentaires par semaine. Son visage buriné et fatigué témoigne de la difficulté qu’il éprouve pour tout juste gagner sa vie.

 

Photo fournie

 

Wan, 65 ans, est cyclo depuis l'âge de 35 ans. Avant cela, il était soldat. Il travaille pour un bateau de croisière qui le paie 12,50 dollars pour chaque tour qu'il effectue, souvent trois par semaine. Ces quatre derniers jours, il a été malade et n'a pas pu travailler. Nous l’avons trouvé en convalescence dans son cyclo-pousse, au fond d'une ruelle sale couverte de graffitis. 

« Je suis reconnaissant envers l'association Phnom Penh Cyclo de m'apporter un peu d'argent et de nourriture », dit-il. « Chaque jour où je suis malade, je m'inquiète pour ma famille, car je n’ai plus de revenu. Mais quand je suis en forme, je gagne assez pour subvenir à nos besoins ».

 

Photo : Cambodianess

 

Sok, 72 ans, est cyclo depuis un peu moins de trente ans. Il dit que lui et ses trois collègues sont tous sans abri et qu'ils dorment toutes les nuits dans leur nacelle. Lui aussi exprime sa gratitude envers l'association.

« Nous ne pouvons pas nous plaindre, ils nous permettent de continuer à manger et nous donnent un peu d'argent quand les temps sont durs. »

« Nos femmes vivent avec nos enfants dans un petit village de Kandal ». Il sourit : « Nous sommes tous assez âgés pour ne pas avoir besoin de les voir tous les jours. »

 

Photo : Cambodianess

 

James Fountain

Source : Cambodianess

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