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Vivre des déchets : les « ét chai » de Phnom Penh

Vous avez peut-être déjà remarqué ces travailleurs qui ramassent les déchets dans la rue pour les amasser dans des charrettes. Nous sommes partis à leur rencontre.

Photo : CambodianessPhoto : Cambodianess
Photo : Cambodianess
Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 3 novembre 2024

Il est 13 heures et il fait chaud sur Norodom Boulevard, l'un des axes principaux de Phnom Penh. Sok San fouille dans les ordures, d’où il tire des bouteilles en plastique et des cartons qu'il empile dans une charrette à main.

« C'est un travail difficile, mais c'est le seul que je connaisse », explique-t-il.  « Je n'ai pas terminé l'école et je ne peux rien faire d'autre. »

Du haut de ses 53 ans, il est l'un des 5 000 éboueurs, ou « ét chai » comme on les appelle localement, qui gagnent difficilement leur vie au bas de l'industrie du recyclage au Cambodge. Confrontés à des risques sanitaires et aux dangers de la circulation, ils constituent un des groupes parmi les plus vulnérables au sein de l'économie informelle.

Sok San a commencé à chercher des matériaux à vendre aux usines de recyclage à l'âge de 22 ans. « C'était le seul moyen pour moi de m'assurer d’avoir à manger », explique-t-il.

La précarité extrême des ramasseurs de déchets de Phnom Penh

Les collecteurs comme Chow Deret, 49 ans, ont désespérément besoin d'aide. Cela fait sept mois qu'il n'exerce plus son métier d'ét chai. Il ne peut pas marcher et souffre de problèmes de foie dus à la déshydratation constante qu'il subit en transportant son chariot dans toute la ville. 

Il en est réduit à dormir dans le chariot qu'il devrait utiliser pour collecter les cartons. Ses filles Silai, 6 ans, et Silon, 11 ans, lui apportent de la nourriture et de l'eau pour qu'il puisse se laver.

 

Photo : Cambodianess
Photo : Cambodianess

 

Srey Mom, 32 ans, a commencé à travailler comme ét chai il y a 20 ans. « Je voulais travailler dans une usine de vêtements, mais ils ne payaient que 200 dollars par mois et, parfois, ils ne payaient que la moitié de cette somme », dit-elle. Originaire de Takao, elle est venue à Phnom Penh pour gagner de l’argent. Sa mère est restée dans son village, et garde ses trois enfants. Srey Mom dépense 5 dollars chaque mois pour la faire soigner. Elle obtient 1 dollar par kilo de boîtes de conserve auprès d’un ferrailleur près du marché Orussey. Son mari, âgé de 32 ans, est également ét chai, mais dans un autre quartier.

« Le travail d'ét chai est difficile, mais il rapporte 8 à 10 dollars par jour. L'argent me permet juste de manger, de dormir dans la rue et d'envoyer de l'argent à ma mère.  »

« C'est une vie difficile et je ne veux pas que mes enfants aient à la mener »

Phorn, 62 ans, a commencé à travailler comme ét chai il y a cinq ans. « J'étais trop âgée pour trouver du travail ailleurs, c'était donc ma seule option », dit-elle.

Elle vit avec un ami et vend les objets qu'elle récupère près de Wat Phnom et les livre à un collecteur. Un kilo de bouteilles en plastique et de boîtes de conserve lui rapporte 800 riels. Un kilo de carton lui rapporte 200 riels et la ferraille 800. 

« Je gagne en moyenne 7 dollars par jour avec les bouteilles en plastique, le carton et les boîtes de conserve, ce qui m'aide à survivre. J'en suis reconnaissante », a-t-elle déclaré.

 

Photo : Cambodianess
Photo : Cambodianess

 

Le plan d’intégration des ét chai dans la gestion des déchets à Phnom Penh

Phnom Penh dispose d'une stratégie de gestion des déchets et d'un plan d'action couvrant la période 2018-2035. Il est le fruit d'une collaboration entre la division de gestion des déchets de l'administration de la capitale et des experts du centre IGES collaborant avec le Programme des Nations unies pour l'environnement et d'autres organisations.

L'un de leurs objectifs en 2018 était de « mettre fin à la pauvreté sous toutes ses formes et partout » et d'intégrer les ramasseurs de déchets dans les systèmes de gestion formels. 

Aucune des personnes interrogées par Cambodianess ne savait où les déchets sont emmenés après qu’ils les aient vendus.

James Fountain

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