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La coopération militaire France-Cambodge

Nous avons eu le plaisir de rencontrer lieutenant-colonel Legrand, le nouveau chef de détachement de la mission de coopération de défense à l'ambassade de France au Cambodge. Dans cet entretien exclusif, il revient sur les liens historiques qui unissent les armées françaises et cambodgiennes, l’engagement cambodgien dans les missions de maintien de la paix et l’importance de la langue française dans les formations militaires.

Des stagiaires apprenant le français au centre cambodgien de formation aux opérations de maintien de la paix.Des stagiaires apprenant le français au centre cambodgien de formation aux opérations de maintien de la paix.
Des stagiaires apprenant le français au centre cambodgien de formation aux opérations de maintien de la paix.
Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 1 décembre 2024

Le lieutenant-colonel Legrand connaît bien le Cambodge. Son premier séjour ici remonte à 2002-2004, lorsqu’il était tout jeune capitaine. C’est à cette époque qu’il a rencontré Aline, une Cambodgienne qui allait devenir sa femme et lui donner trois garçons. Il parle et écrit le khmer. 

 

Le lieutenant colonel Legrand lors de sa première venue au Cambodge.
Le capitaine Legrand en 2003 lors de son premier séjour au Cambodge.

 

« J'ai toujours gardé un lien fort avec ce pays et des officiers cambodgiens, que je considère et respecte comme des « frères d’armes ». Je suis très fier de servir à nouveau dans ce beau pays en qualité de coopérant au sein de la direction de la coopération de la sécurité et de défense (DCSD) du ministère de l’Europe et des affaires étrangères » nous a-t-il confié en entretien.

La relation historique entre la France et le Cambodge : une coopération militaire de 80 ans

LPJ : Mon colonel, merci de nous recevoir.  Quelle est l'ampleur de la coopération militaire entre la France et le Cambodge aujourd’hui ?

LCL Legrand : La coopération militaire entre la France et le Cambodge est riche et multiforme. Nous travaillons en étroite collaboration dans plusieurs domaines essentiels, à commencer par la « formation des formateurs » au sein du centre cambodgien de formation aux opérations de maintien de la paix (NPMEC). L’objectif est d’obtenir la labellisation « ONU » gage de la qualité des formations dispensées dans cet organisme. Cela permet aux instructeurs cambodgiens d'acquérir des compétences avancées qu’ils peuvent ensuite transmettre au sein de leurs unités. Nous coopérons également dans le domaine de la formation des jeunes officiers cambodgiens à l’école des officiers d’active de Thmat Paung. Ces jeunes cadres sont formés aux standards internationaux, et les meilleurs d'entre eux peuvent suivre des formations en France, que ce soit aux écoles militaires de Draguignan, à l’école du génie d’Angers ou à l’école de guerre à Paris.

Ce partenariat crée une base solide et durable pour l’armée cambodgienne en lui fournissant un vivier d’officiers d’un remarquable niveau et aptes à travailler en milieu francophone.

C’est donc un investissement pour l’avenir qui renforce les capacités du partenaire. Nous travaillons également en collaboration avec d’autres partenaires internationaux, notamment dans le domaine de la préparation aux opérations de maintien de la paix.

 

De jeunes officiers cambodgiens sont formés en France.
Un officier stagiaire à l'école d'infanterie de Draguignan.

 

 LPJ : Combien d'officiers suivaient ces formations cette année ?

LCL Legrand : Actuellement, la 25e promotion de l’école des officiers d’active compte environ une centaine de jeunes officiers en formation. Ce chiffre est comparable à certaines écoles de formation militaire en France, ce qui témoigne de l’importance de ce partenariat. Cette formation est non seulement axée sur la maîtrise des techniques militaires, mais également sur le développement des compétences en leadership, une qualité indispensable pour un officier. A cela s’ajoutent les détachements cambodgiens qui suivent les stages de formation organisées au sein du NPMEC ainsi que les officiers cambodgiens actuellement en stage de longue durée en France. 

LPJ : Depuis quand cette collaboration militaire existe-t-elle ?

LCL Legrand : La coopération militaire entre la France et le Cambodge trouve ses origines en 1945, avant même l’indépendance du Cambodge. Dès cette époque, la France a joué un rôle structurant dans la formation des premières unités de l’armée cambodgienne. Après l’indépendance du Cambodge en 1953, sur la demande de Sa Majesté Norodom Sihanouk, la France a maintenu son engagement en matière de coopération militaire, qui a perduré jusqu'à aujourd'hui, malgré les interruptions dues à la guerre et à la tragédie du régime khmer rouge. Cela représente près de 80 ans de relations militaires, où les deux armées ont échangé des savoir-faire et des expériences qui ont contribué à forger une relation de confiance ainsi qu’une collaboration durable et mutuellement bénéfique.

LPJ : Quelle est la place de l’enseignement du français dans cette coopération militaire ?

LCL Legrand : Le français occupe une place très importante dans la coopération militaire entre nos deux pays, notamment pour les officiers cambodgiens amenés à suivre des stages en France. La maîtrise du français est un atout de taille pour les militaires cambodgiens, car elle leur permet d'intégrer des programmes de formation pour lesquels il s’agit d’un prérequis. La maîtrise de la langue française est également un atout dans les missions de maintien de la paix (ONU), que ce soit en Afrique ou au Liban, où le français est souvent utilisé. Pour ces raisons, en lien avec l’Institut français du Cambodge et l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), nous proposons des cours de français permettant aux officiers cambodgiens de pouvoir progresser du niveau « DELF A1 » (Diplôme d’études en langue française) au niveau « DALF C1 » (Diplôme d’approfondi de langue française) . Ce niveau avancé leur permet non seulement de suivre des formations de haut niveau en français, mais aussi de nouer des liens avec leurs homologues d’autres pays francophones.

LPJ : Concernant les Casques bleus, le Cambodge contribue à plusieurs missions. Cela représente combien de militaires ?

LCL Legrand : Le Cambodge est devenu un pourvoyeur significatif de troupes au sein des opérations de maintien de la paix de l’ONU. Actuellement, environ 600 militaires cambodgiens sont déployés dans des zones de conflit à travers le monde, comme au Liban, en République centrafricaine, et au Soudan que ce soit dans les détachements ou les états-majors de l’ONU déployés sur le terrain. Le Cambodge a une réputation de discipline et de professionnalisme dans les opérations de maintien de la paix. La compétence de ses soldats dans le domaine du déminage est également reconnue.  Le fait que de nombreux officiers parlent français et aient été formés en France les rend également très appréciés dans des missions où le français est une langue de travail importante et qui se situent souvent dans des zones francophones. Nous sommes fiers de soutenir les efforts du Cambodge en faveur des opérations de maintien de la paix.

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