Édition internationale

Conflit cambodgo-thaïlandais : la province de Battambang touchée

Alors que des discussions frontalières s’ouvrent sous l’égide de l’ASEAN, les bombardements thaïlandais se poursuivent au Cambodge, aggravant le bilan humain et humanitaire et mobilisant la diplomatie internationale.

Conflit cambodgo-thaïlandais - la province de Battambang touchée Conflit cambodgo-thaïlandais - la province de Battambang touchée
photo AKP
Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 25 décembre 2025

Une réunion du secrétariat du Comité général des frontières (GBC) s’est ouverte mercredi à 16h30 au poste-frontière de Prom, également connu sous le nom de poste permanent de Pak Kard, entre la province cambodgienne de Pailin et celle de Chanthaburi, en Thaïlande.
Selon la porte-parole du ministère cambodgien de la Défense nationale, Maly Socheata, la délégation cambodgienne est conduite par le général de division Nhem Boraden, chef du secrétariat du GBC, tandis que la partie thaïlandaise est dirigée par le général Nuttapong Praokaew.

Cette réunion, prévue du 24 au 26 décembre 2025, se tient sous l’observation de l’équipe d’observateurs de l’ASEAN. Elle doit permettre l’échange de documents préparatoires à la troisième réunion spéciale du GBC, programmée le 27 décembre, consacrée à la cessation des hostilités et au rétablissement de la stabilité entre les deux pays.

Mobilisation diplomatique internationale

Dans le même temps, le ministre cambodgien des Affaires étrangères Prak Sokhonn s’est entretenu avec son homologue français, Jean-Noël Barrot. Ce dernier a réaffirmé le soutien constant de la France au processus de paix, notamment à l’accord de cessez-le-feu du 28 juillet et à la Déclaration conjointe de Kuala Lumpur du 26 octobre.

Au cours de cet échange, Prak Sokhonn a alerté sur la dégradation rapide de la situation humanitaire, marquée par le déplacement de plus d’un demi-million de civils cambodgiens et par des dommages infligés à des sites du patrimoine culturel.

La France et l’Australie ont par ailleurs appelé conjointement à un cessez-le-feu immédiat et au respect de la Déclaration conjointe, dans un contexte de bombardements intensifs menés par l’armée thaïlandaise dans les provinces de Battambang, Banteay Meanchey et Siem Reap.

« Le conflit entre le Cambodge et la Thaïlande a déjà provoqué le déplacement de près d’un million de personnes. J’ai appelé mes homologues cambodgien et thaïlandais pour encourager un cessez-le-feu immédiat », a écrit Jean-Noël Barrot, ajoutant que « seule la négociation peut conduire à une paix juste et durable ».

Le gouvernement australien a exprimé sa profonde préoccupation face à l’escalade rapide du conflit, à l’usage d’armes lourdes et à l’impact humanitaire croissant. Canberra a appelé les deux parties à protéger les civils, les infrastructures civiles et le patrimoine culturel, et à respecter strictement le droit international.

Bombardements aériens et attaques d’artillerie

Malgré ces appels, les attaques se sont poursuivies tout au long de la journée. Selon les autorités provinciales de Battambang, un avion T-50 thaïlandais a largué quatre bombes sur une zone résidentielle du district de Banan, entraînant la fermeture de 241 écoles primaires et secondaires dans quatre districts frontaliers — Komrieng, Phnom Prek, Sampov Loun et Samlot. Plus de 40 000 élèves et près de 1 800 enseignants sont concernés.

D’autres frappes aériennes ont été signalées dans la province de Battambang à 10h00 et 14h02, ainsi que dans la province de Siem Reap, où quatre bombes ont été larguées sur le district de Srei Snam à 11h00. À Banteay Meanchey, des avions T-50TH auraient utilisé des bombes à sous-munitions dans la commune de Sla Kram, district de Svay Chek, entre 12h15 et 12h26.

L'ambassade de France déconseille désormais à ses ressortissants de se rendre dans cette province.

Des tirs d’artillerie ont également touché la commune de Sampov Loun, endommageant notamment la pagode Chan Deang, tandis que des obus ont frappé des zones densément peuplées à Poipet et près de la route nationale n°5, faisant au moins deux blessés civils.

Violations du droit humanitaire dénoncées

Les combats ont également concerné les environs du temple de Preah Vihear, ainsi que les zones de Phnom Trakorl et Chan Krahom. Des drones auraient été utilisés pour disperser des substances toxiques sans que leur teneur ne soit précisée dans le secteur du temple.

« Ces actes brutaux constituent des attaques indiscriminées de l’armée thaïlandaise et représentent une grave violation du droit international humanitaire », a déclaré Maly Socheata.

Selon les autorités cambodgiennes, le conflit armé, entré dans son 18ᵉ jour, a fait à ce stade 21 morts civils et 83 blessés au Cambodge.

Soutien chinois à la médiation régionale

L’ambassadeur de Chine au Cambodge, Wang Wenbin, a indiqué que Pékin soutenait les efforts de médiation de l’ASEAN et le rôle de son équipe d’observateurs dans le suivi du cessez-le-feu.

« La priorité absolue est désormais d’obtenir un cessez-le-feu rapide, de relancer le dialogue et de résoudre le différend frontalier par des moyens pacifiques », a-t-il écrit.
Par ailleurs, l’envoyé spécial du ministère chinois des Affaires étrangères pour l’Asie, Deng Xijun, a mené une nouvelle tournée diplomatique entre le Cambodge et la Thaïlande afin de tenter de désamorcer la crise.

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