Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--

Muudana change la donne côté mode

muudana-aude-schaeffermuudana-aude-schaeffer
Aude Schaeffer, créatrice de Muudana © Photo fournie
Écrit par Leïla PELLETIER
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 12 mars 2018

Aude Schaeffer, parisienne de 33 ans, est la créatrice qui se cache derrière Muudana, marque éthique de prêt-à-porter. La jeune femme n’est pas styliste de formation mais ses convictions sociales, environnementales et sa sensibilité artistique la mènent à imaginer une première ligne de vêtements qui a déjà conquis la clientèle féminine. 

Grande voyageuse, c’est au Pérou que Aude, spécialisée en entrepreneuriat et développement durable, découvre l’art de la fabrication du textile. Fascinée, elle réalise vite que les pièces créées ne correspondent pas à la demande européenne et décide de lancer sa propre marque. Douze ans après naît Muudana qui signifie « vêtement » en Quechua, langue des Incas. Son objectif, métisser passé et présent en associant l’artisanat traditionnel à des coupes plus modernes mais surtout changer la donne côté mode en respectant l’Homme et l’environnement. 

Aude pose ses valises à Phnom Penh il y a tout juste deux ans. Octobre 2017, après presque un an et demi de réflexion et de travail, la première collection financée par un crowdfunding est lancée. La jeune femme qui vise alors les 100 ventes en réalise 158. « Il a fallu assurer en termes de production », se souvient-elle, encore surprise du succès si rapide qui touche sa jeune marque.

 

« Les plus beaux tissus du monde »

Muudana est qualifié de vestiaire féminin, élégant, ethnique et minimaliste. Cette première collection se compose de cinq essentiels : un top, une jupe, une robe, un pantalon et un kimono. Elle met à l’honneur la soie sauvage et l’ikat, une technique de teinture ancestrale  propre au Cambodge. Aude dévoile ses créations une à une. « C’est le kimono qui a eu le plus de succès », confie-t-elle, ravie. Les pièces sont disponibles sur l'e-shop Muudana.

La jeune femme souhaite exporter son concept dans d’autres pays et en faire une marque internationale qui mettrait en valeur les spécificités artisanales et ethniques de chaque lieu. Il s’agit également de lutter contre la dépersonnalisation du vêtement, engendrée par la mondialisation et les techniques de productions industrielles. 

SI la mode éthique est parfois coûteuse, Aude a su rendre sa marque accessible et ses prix abordables.

 

muudana-modèle-couturière
Une modèle porte les créations Muudana, assise à côté d'une tisserande © Mike Berteloot

 

Des pratiques sociales et environnementales respectueuses 

Trois valeurs se retrouvent en Muudana : une chaîne de confection solidaire, la préservation du savoir-faire traditionnel et une transparence totale. « On ne se pose pas toujours de questions quant à l’origine de nos vêtements ni sur la manière dont ils sont fabriqués. Je pense qu’il est important de réfléchir aux façons de consommer la mode plus intelligemment », déclare la jeune femme. 

Pour chacune des étapes de production, Aude sélectionne les intermédiaires qui seront les plus performants au niveau social, environnemental et économique. La créatrice s’appuie donc sur différents partenaires, tous investis, passionnés et basés au Cambodge. 

Les fibres naturelles, cultivées sur place, sont privilégiées pour la confection des textiles. Le premier atelier à Takéo tisse la soie, le second à Banteay Mean Chey s’occupe du coton. Les tisserandes, soutenues par des entreprises sociales, sont formées puis deviennent indépendantes. Elles ont la possibilité de travailler de chez elles, les enfants sont scolarisés, les salaires, horaires, congés, assurances, etcetera correspondent aux meilleurs standards », explique Aude. Les morceaux de tissus sont assemblés par l’ONG Pour un Sourire d’Enfant. Pour ne pas gâcher, les chutes servent à créer des accessoires. Le plastique est banni. 

Dans une volonté de transparence, Aude s’est également mise à l’écriture. A travers son blog, elle souhaite restaurer la relation perdue entre producteurs et consommateurs pour qu’ils retrouvent cette proximité avec le vêtement. D’une certaine façon, la jeune femme met Muudana « à nu » pour montrer les impacts positifs de consommer éthique. 

22365304_156484011613342_5056444495940791953_n
Publié le 11 mars 2018, mis à jour le 12 mars 2018

Flash infos

    Pensez aussi à découvrir nos autres éditions