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L’Acting Art Academy de Phnom Penh : un outil pour le 7ème art cambodgien

Karim Belkacem SAADI, connu dans le monde du 7ème art comme KB Saadi, est un homme de théâtre francais, reconnu pour son travail en tant qu'auteur, metteur en scène et fondateur du Think Tank Theatre devenue en 2020 : The Trace of Time (structure de production transdisciplinaire) Il s'intéresse à un « théâtre élargi », qui intègre des formes artistiques différentes comme les arts plastiques, et aborde des thèmes contemporains et sociaux. Au Cambodge depuis 3 ans, il a créé une académie de théâtre à Phnom Penh, la Acting Art Academy, qui propose une formation de théâtre pluri-disciplinaire.

Acting Art AcademyActing Art Academy
Photo fournie
Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 11 août 2024, mis à jour le 12 août 2024

 

 

Il défend une vision du théâtre comme un espace de réflexion et d'interrogation, cherchant à susciter des sensibilités et des questionnements chez le public. Pour lui, le théâtre doit aller au-delà du simple divertissement et devenir un vecteur de dialogue et de compréhension des réalités contemporaines.

Il a collaboré avec divers artistes et institutions, cherchant à créer des œuvres qui résonnent avec les préoccupations actuelles. Son approche pluridisciplinaire lui permet d'explorer des thèmes variés et de toucher un large public.

Au Cambodge depuis 3 ans, il a créé une académie de théâtre à Phnom Penh, la Acting  Art Academy, qui propose une formation de théâtre pluri-disciplinaire.

 

Le Petit Journal : Comment avez-vous eu l’idée de créer la Acting Art Academy? 

Karim Belkacem : Nous sommes arrivés au Cambodge avec Armelle Despeyroux, ma compagne, pour rendre visite à sa grand-mère qui habitait à Phnom Penh.

J’ai rencontré Sansitny Ruth un professeur de cinéma à PSE (Pour un Sourire d’Enfant, ndlr) et qui m’a proposé d’animer un atelier d’acteur . Ce fut un succès et la demande s’est accrue. Avec Armelle, Niyalic Khun (un étudiant en science politique) et Sansitny , nous avons donc décidé de structurer tout cela. Nous avons ouvert un local sur les berges du Mékong, pour y accueillir des étudiants. 

L’idée était de mettre en place un programme ouvert et pluridisciplinaire. J’ai réuni une équipe professionnalisante composée de spécialistes du théâtre, de l’expression corporelle et de la voix. 

KB SAADI

 

LPJ : Quels sont les fondements de l’académie? 

KB Saadi : L’idée était de créer une structure basée sur trois axes : la transdisciplinarité, l’internationalité et la contemporanéité. Nous les poussons à travailler sur leur curiosité, ils ont par exemple un visionnage imposé hebdomadaire de films internationaux.

Il s'agissait aussi d'éveiller nos étudiants à d’autres formes d’art. Nous donnons des cours de peinture et des cours de photographie argentique également, nous avons une chambre noire ici même…

Pour obtenir une certification, les élèves doivent suivre un cursus de deux ans, avec 18 heures de travail par semaine, et participer à un certain nombre de performances. Le programme doit être assez strict, afin que nos adhérents prennent le travail au sérieux. Nous avons d’ailleurs mis en place un système de pénalisation pour l’absentéisme, après deux ou trois absences, ils sont contraints de nous quitter.

 Nous avons toujours eu l’idée de donner la direction à des cambodgiens, l’objectif n’était pas de créer un centre d’art pour les étrangers de Phnom Penh. Hormis Armelle et moi, tout le monde est cambodgien dans le comité de direction. Les spectacles sont en khmer sous-titrés en français et en anglais, et malgré les demandes d’étudiants étrangers, nous n’avons jamais accepté de créer des pièces en d’autres langues.

Nous cherchons à autonomiser les élèves dans la mise en scène, le jeu, dans la réalisation, et de les confronter au public le plus vite possible.

 

LPJ : De quels moyens économiques disposez-vous?

KB Saadi : Rien - il rit, ndlr-. Mais ce n'est pas grave, le programme a seulement besoin d’étudiants pour fonctionner. Nous leur demandons une participation de 40 USD par mois sur deux ans pour les frais administratifs du programme, qui nous permet de payer nos frais courants. 

Nous n’avons pas de soutien extérieur, à part les revenus tirés de nos spectacles. 

 

LPJ : Où voyez-vous l’académie à l’avenir? 

KB Saadi : A moyen terme, le programme pourrait par exemple être récupéré par le Cambodia Living Arts, avec une direction indépendante. L’année prochaine Vinich Virakprendra la direction de l’établissement. 

Quant à moi, je continuerai de donner des ateliers tout en me concentrant sur mon projet de long métrage. 

J’aimerais bien que la structure qui récupère l'académie ouvre un nouveau chemin vers  différents cinémas d’art. Il ne s’agit pas de produire des films qui vont rester deux semaines à l’affiche. Il faut toujours travailler à des projets qui vont perdurer dans le temps. 

« Il faut prendre le temps de faire les choses »

AAA
Photo : Facebook de The Acting Art Academy

 

LPJ : Quels projets pour la suite pour l’académie? 

KB Saadi : En plus des courts, ou longs métrages, que les élèves ont tournés en collaboration avec les réalisateurs chinois du Asian filmmakers, nous mettons en place un «Performing art center» qui va s'appeler « The Last stage » (la dernière étape).  Ce sera la dernière étape de la formation de nos étudiants.

Ceux qui nous suivent depuis deux ans, vont travailler sur huit pièces qui vont tourner en boucle l'année prochaine : « Daro Zucco » inspirée de la pièce de Bernard-Marie Koltès, « End of love (cabaret) » adapté de La réconciliation des deux Corées de Joel Pommerat , Tum Teav l’adaptation en cinema-live du grand mythe cambodgien, « Tape » de Stephen Belber mis en scène par John McLaren, l’adaptation de « Littoral » de Wajdi Mawad dans le contexte cambodgien dirigé par Eric Ellul, la pièce écrite et dirigée par Borey Tep, d’une de nos étudiantes « Ce qu’il se passe ici, doit rester ici » et une performance the dance-théâtre autour du personnage de Médée, dirigée par Vinich Virak. 

Ces deux dernières pièces seront présentées dans le cadre d’un festival de jeunes créateurs : Le festival Golden (R)age ! en écho au fameux « âge d’or » cambodgien.



 

Une année donc bien remplie pour cette nouvelle école de théâtre que nous vous invitons à suivre ici, tant pour sa démarche artistique que par la qualité des œuvres qu’elle présente.


 

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