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Tifanny Doche : « Je veux que ma marque soit un pont entre la France et le Cambodge »

En 2021, Tifanny Bophadavy Doche a laissé sa vie parisienne derrière elle pour la capitale cambodgienne. Elle a travaillé pendant un an au sein de l’entreprise familiale et a ouvert Revivre Studio, sa marque de prêt à porter et de sur mesure. Aujourd’hui, elle vient de remporter l’appel à candidature de PROMOSTYL et va représenter la France et le Cambodge dans une boutique éphémère à Paris au mois de février prochain. PROMOSTYL se définit comme voulant aider les entreprises dans leur processus de conception en les aidant à anticiper la nature en constante évolution de la mode, des modes de vie et des cultures. Elle offre des perspectives exclusives et répond aux besoins individuels de nos clients dans les secteurs de la conception, du merchandising et du développement de marque. Elle partage avec nous son parcours, l’origine de sa marque Revivre Studio, et ses objectifs, en tant que franco-cambodgienne.

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Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 4 août 2024

 


« L’origine de Revivre? », demande Tifanny, « C’est une anecdote assez amusante. Après mes études à ESMOD en fashion design et business, j’ai suivi quelques stages entre Paris, Londres et Amsterdam dans la communication, l' impression numérique et dans une maison de haute couture, et j’ai ensuite travaillé dans le monde de la mode. Mais je savais que l’objectif ultime serait d’avoir ma propre marque. Je suis arrivée au Cambodge pendant le confinement. J’ai commencé à travailler sur l’image de la marque, le logo, toute l'histoire, et il ne me restait qu'à trouver un nom. » Elle explique qu’il  lui est passé par l’esprit par hasard, « Je suis venue au Cambodge pour revivre », a-t-elle dit à son oncle, et là est venu l’idée de prendre « Revivre ». Toutefois, elle indique que le terme reprend aussi les valeurs sur lesquelles elle a fondé son entreprise.

 

Le Petit Journal : Quelles sont les valeurs de Revivre Studio? 

Tifanny Bophadavy Doche : Revivre, ce sont des valeurs éco responsables. Nous ne sommes plus sur de la mode éphémère. Le but étant de raconter des histoires à travers nos pièces. 

Ce sont aussi des tissus que nous récupérons dans nos marchés locaux comme phsar olympique, ou chez des petits marchands au bord de la rue. Ce sont des tissus oubliés, des fins de séries de marques ou autres prêt à porter qui les ont déjà utilisés pour un certain nombre de pièces. 

 

LPJ : Comment fonctionne le studio rue 282?

TBD :  Les locaux sont divisés en trois parties. La première, c'est la salle d’exposition, où tous les designers exposent leurs pièces. C’est un peu comme un club d’amis ici, nous nous soutenons entre jeunes designers, et sommes plusieurs à exposer ici. Il y a de la place pour tout le monde au Cambodge, nous avons des produits de soin de la peau, des vêtements et des bijoux. Et  il y a le salon, où nous accueillons les clients pour le sur mesure. Il y a aussi une cabine d’essayage et la dernière, c’est l’atelier. C’est là où tout se passe. Si la paroi séparant le salon et l’atelier est transparente, c'est parce que nous essayons d'être le plus transparent dans la production et  le plus éthique possible.

 

Revivre studio

 

LPJ : Vous avez participé au défilé de Re-made in Cambodia, pouvez-vous nous expliquer l'événement?

TBD : J'ai été approchée par l'organisation Re-made in Cambodia pour participer à leur second défilé. L’association nettoie le Mékong et récupère les déchets de vêtements  pour les nettoyer puis les recycler avec l’aide de jeunes designers.

Ce fût vraiment une première expérience pour moi. Et un gros défi parce que le recyclage de vêtements finis n'a pas le même fonctionnement en termes de design que le montage d’un produit fini, le processus créatif est différent.

Depuis je suis leur designer en chef et leur ambassadrice. Grâce à cela, j’ai eu l’occasion de participer au Global Fashion Summit de Copenhague et de faire mon propre TED-talk en mars dernier. 

 

LPJ : Par quelles cultures vos pièces sont-elles influencées?

TBD : D’un côté, j’ai incorporé mon savoir-faire à la française en termes de qualité dans mes vêtements. Il y a vraiment quelque chose que j'ai appris en France c’est d’être pointilleuse. De l’autre, j'ai grandi dans le 91, et j’ai énormément été influencée par le rap . Je me suis inspirée du style des rappeurs, comme de leur art. Le rap, pour moi, ce sont des poèmes, j’ai donc fait une mode urbaine romantique. Il y a beaucoup de cœurs, de nœuds, de similicuir, des coupes assez fortes au niveau des épaules. C’est ma signature. 

L’inspiration cambodgienne, se sont les coupes et les tissus. Quelques fois il y a des petits plissés, des drapés qui rappellent en fait ces jupes ou ces pantalons que les hommes portent en tenue traditionnelle. Nous utilisons aussi une soie khmère qui est faite au Cambodge et nous y incorporons des coupes un peu plus modernes. 

 

LPJ : Quelles sont vos ambitions pour Revivre? 

TBD : Nous pouvons faire revivre plein de choses. Nous aimerions développer dans le futur un parfum et une collection de produits d’entretien de la peau. J’ai envie de toucher à plusieurs pôles différents et de pouvoir faire revivre plein de choses, mais de manière éthique. 

Nous avons aussi le projet de participer au concours LVMH. Ce serait incroyable, et très ambitieux. 

 

LPJ : Pouvez-vous  nous expliquer le cadre de votre boutique éphémère parisienne de février prochain ?

TBD : C'était une publicité sponsorisée PROMOSTYL sur les réseaux sociaux qui appelait aux candidatures. J'ai envoyé mon dossier en pensant qu’ils allaient privilégier le « made in France », mais ils m’ont laissé une chance pour défendre mon projet, je l’ai prise et j’ai été sélectionnée. Je souhaite vraiment qu’un jour ma marque soit un pont entre la France et le Cambodge. 

 

Le prix, c'est une boutique éphémère de sept jours dans le 11ème arrondissement de Paris, les dates sont encore à définir, mais nous essayons de viser pour fin janvier, début février, pour le faire parallèlement à la Fashion week. Ce sera une grande première pour les jeunes designers cambodgiens, nous avons vraiment envie de mettre en avant notre savoir-faire et la qualité de nos produits.

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