La maison d’édition Avatar souffle sa première bougie. Pour l’occasion, le Petit Journal est parti à la rencontre de Socheata Huot, une cambodgienne à l’origine du projet. Traductrice, auteure et entrepreneure, elle nous explique dans cet article comment elle a monté une maison d’édition pour promouvoir la littérature au Cambodge.
Aux origines d’Avatar
Socheata Huot a travaillé 13 ans aux côtés de l’ONG Sipar et 7 ans en tant qu’éditrice pour la maison d’édition khmère Kampu-Mera qu’elle a cofondée. Il y a un an, elle a décidé de se lancer un défi : monter sa propre entreprise, Avatar, et éditer des livres de qualité en khmer. La maison d’édition Avatar se nomme ainsi en référence à la légende de Rama, le septième avatar du dieu Vishnou dans l’épopée mythologique du Râmâyana.
Attirer la jeunesse avec des livres grands publics
L’un des objectifs de Socheata et de son mari Xavier Dupré, directeur artistique pour Avatar, est d’arriver à faire lire davantage les jeunes. Les livres publiés s’adressent avant tout aux jeunes adultes et adolescents. Cinq ouvrages ont pour l’instant été édités : trois Sherlock Holmes, The golden voice, un roman graphique sur la vie de Ros Serey Sothea, et dernièrement Les nouvelles de l’antimonde, leur premier recueil composé de trois nouvelles de George Langelaan. “C’est la première fois que les aventures de Sherlock Holmes sont traduites en khmer, nous sommes très heureux de pouvoir proposer trois enquêtes du célèbre détective britannique” se félicite Socheata.
Le prochain livre qui paraîtra d’ici quelques semaines aux éditions Avatar est un récit écrit par Socheata. « C’est l’histoire d’un chat cambodgien plein de malice qui découvre, lors d’un voyage, la société française avec un oeil critique » nous confie en exclusivité l’autrice.
« Au Cambodge il y a peu de grands lecteurs, publier des ouvrages populaires est le moyen que nous avons choisi pour démocratiser la littérature dans le Royaume »
nous explique Xavier. Le couple est confiant, de plus en plus de Cambodgiens s’intéressent aux productions culturelles, notamment la littérature.
“Le succès de la foire du livre à Phnom Penh, où nous étions présents l’année dernière, nous rassure et nous confirme que les Cambodgiens ont une sensibilité pour la littérature” soutient Socheata.
L’équipe d’Avatar souhaiterait publier davantage d’ouvrages sur des sujets locaux, notamment poursuivre la collection sur les personnalités cambodgiennes débutée par le récit sur la célèbre chanteuse Ros Serey Sothea. « Nous aimerions aussi étoffer notre gamme de bandes dessinées et faire du manga, car c’est facile à lire » précise Socheata.
Préserver la langue khmère
Avatar n’est pas uniquement née pour promouvoir la littérature dans le Royaume, l’objectif est également de faire perdurer la langue khmère. « Je sens que de moins en moins de jeunes parlent et écrivent le khmer, c’est inquiétant. J’ai peur que notre langue disparaisse » nous confie Socheata. Ce constat est partagé par son mari : « Toutes les familles des classes moyennes et aisées mettent leur enfant dans des écoles internationales. Résultat, le khmer devient une langue oralisée ». Pour contrer ce problème, ils ont décidé de ne publier que des ouvrages en khmer afin que les Cambodgiens puissent eux aussi bénéficier du plaisir de lire des classiques et des œuvres inédites dans leur langue, sans passer par la case de l’anglais.
Le projet entrepris par ce couple est avant tout celui d’un engagement profond pour la littérature, l’amour des mots et la démocratisation du plaisir de lire et d’apprendre.
Séance de lecture à l’IFC le 23 novembre
Rendez-vous jeudi 23 novembre à l’IFC pour une séance de lecture des Nouvelles de l’antimonde de George Langelaan, le dernier ouvrage publié aux éditions Avatar avec le soutien de l’Institut Français. George Langelaan, ancien agent secret pendant la Seconde Guerre mondiale est notamment connu du grand public pour son ouvrage La Mouche publié en 1957.
Où se procurer les livres des éditions Avatar ?
Les livres des éditions Avatar sont disponibles dans plusieurs boutiques à Phnom Penh, Battambang et Siem Reap.
Retrouvez-les également en ligne sur leur site internet.