Du 10 au 12 octobre 2023, s’est tenu à Phnom Penh un événement majeur pour la francophonie asiatique, mettant à l’honneur l’engagement d’étudiants soucieux de faire de leur apprentissage du français une force.
L’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) est une organisation internationale à but non-lucratif créée il y a 60 ans. Elle est aujourd’hui le premier réseau universitaire au monde avec plus de 1000 membres : universités, grandes écoles et centres de recherche dans près de 115 pays sur quatre continents. En Asie-Pacifique, l’AUF fête cette année ses 30 ans. Pour l’occasion, son recteur s’est déplacé au Cambodge où il a pu rencontrer la jeunesse francophone asiatique et les recteurs de 92 universités partenaires.
Une première rencontre de la jeunesse francophone au Cambodge
Durant trois jours, 22 membres des Clubs leaders étudiants francophones (CLEF) se sont réunis à Phnom Penh dans l’objectif d’échanger sur le futur de la langue française auprès de la jeunesse asiatique. Cette première rencontre a réuni des étudiants du Laos, de Mongolie, du Cambodge, de la Thaïlande, de la Corée du Sud et du Vietnam.
Pour Slim Khalbous, recteur de l’AUF, la décision d’organiser ce premier regroupement des jeunes CLEF à Phnom Penh résulte d’un constat : “le Cambodge est un pays francophone et francophile où l'appétence pour le français est très importante”.
Laurent Sermet, directeur Asie-Pacifique de l’AUF à Hanoi, indique que le Cambodge est un pays où la demande est élevée et où de nombreux étudiants souhaitent étudier le français.
Hang Chuon Naron, Vice Premier ministre, ministre de l’Éducation de la Jeunesse et des Sports du Cambodge, ajoute que : "la jeunesse est l’avenir du pays, l’avenir de la francophonie. Je suis ravi que les étudiants cambodgiens y soient associés. En tant que ministre, je ne manquerai pas de porter la francophonie scientifique dans les décisions qui seront prises au niveau national”.
Comment rendre attractif le français dans cette région du monde ?
Cette épineuse question était sur les lèvres de nombreux jeunes, pour qui l’apprentissage de cette langue est un choix.
Les CLEF, un engagement de la jeunesse pour la francophonie
Le réseau CLEF a été mis en place pour soutenir la création étudiante dans plusieurs universités partenaires de l’AUF. Ces clubs ont pour dessein de “créer un réseau de jeunes leaders francophones et francophiles” précise le Prof. Slim Khalbous, grand défenseur du plurilinguisme.
L’une des grandes richesses des CLEF est de réunir autour de la francophonie des jeunes de milieux socio-économiques et de champs académiques divers. Déconstruire le mythe d’un apprentissage du français réservé aux élites est un point fort de l’organisation qui veille à assurer une diversité des apprenants. L’interculturalité reste le cœur de l’AUF défend le recteur pour qui : “ces différences culturelles font la richesse de la francophonie”.
L’AUF à l’écoute de ses étudiants
La mission fondamentale de l’AUF reste celle de “penser mondialement la francophonie scientifique et agir régionalement en respectant la diversité”, peut-on lire sur le communiqué de presse.
Cette ambition a porté ses fruits : sourires et échanges ont côtoyé les séances de travail passionnantes dans lesquelles les étudiants ont pu librement proposer leurs idées pour valoriser la langue française auprès d’autres jeunes de leur pays respectif.
Ils sont nombreux à avoir fait des propositions innovantes et censées. Pour Sam Bunthoeurn, étudiant à l’Université Royale des Beaux-Arts, “ il est crucial de promouvoir le français auprès de la jeunesse des campagnes”. Natif de la Province de Siem Reap, il reste conscient qu’apprendre la langue de Molière n’est pas une opportunité pour tous les Cambodgiens.
Cette première réunion des CLEF d’Asie-Pacifique à Phnom Penh a ainsi permis de faire réfléchir ensemble les jeunes et les représentants de l’AUF sur le devenir de l’organisation en Asie et sur les stratégies à mettre en place pour attirer de nouveaux apprenants. Le recteur a apprécié la volonté de faire venir dans les clubs des volontaires pour animer des ateliers.
Des liens se sont tissés entre ces jeunes de différents horizons unis par la langue française. “ Grâce à cet événement, j’ai rencontré des Vietnamiens d’autres universités avec qui nous souhaitons collaborer” souligne Thu Hu’o’ng une étudiante de l’école supérieure du commerce d’Hanoi.
Créer des solidarités et des projets communs est l’ambition de l’AUF qui, fort de son succès auprès des jeunes étudiants créatifs, était heureuse de présenter son premier magazine Polyphonie étudiantes.
Apprendre le français, un atout pour l’employabilité de la jeunesse d’Asie-Pacifique ?
Si l’AUF met autant de moyens à faire rayonner la langue française, c’est parce que ses représentants sont convaincus que “promouvoir la francophonie auprès des étudiants d’Asie-Pacifique est un outil efficace pour rayonner sur le marché du travail”.
“Nous devons expliquer à la jeunesse toutes les portes que la langue française peut ouvrir”
plaide le recteur face aux 22 étudiants déterminés à faire de leur apprentissage du français une force.
En Corée du Sud, les étudiants de l’Université de Jeonbuk, animent justement un Club d'entrepreneuriat.”Il est important d’améliorer les connaissances entrepreneuriales des jeunes, notamment pour ceux qui ont l’ambition de créer une startup” témoigne le représentant de ce club.
Après plusieurs heures passées à leur côté, la motivation et le sérieux de cette jeunesse asiatique à de quoi inspirer. Leur rêve d’étudier ou de travailler dans un pays francophone guide leur travail et leur engagement sans faille dans leur CLEF distinctif.