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INTERVIEW - Dans le tuk-tuk de Florence Aubenas, grand reporter

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Florence Aubenas, grand reporter, rencontre Lepetitjournal.com/Cambodge pour une interview itinérante en tuk-tuk © Thibault Bourru
Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 30 mars 2018, mis à jour le 30 mars 2018

Florence Aubenas, écrivain et grand reporter, est présente ce vendredi soir à l'Institut Français du Cambodge (IFC) pour animer une conférence autour de sa profession. Elle fait partie des pontes du métier. La Bruxelloise de naissance a travaillé sur le terrain des plus grands conflits mondiaux des trente dernières années. Entre autres Irak, Rwanda, Kosovo, Afghanistan, et plus récemment en Syrie. Ne connaissant pas le Royaume, c'est elle-même qui a choisi de venir au Cambodge pour témoigner sur la profession de journaliste, qu'elle estime être en perte de crédibilité. « Mais pour une journaliste qui croit en son métier, c'est génial de pouvoir venir en discuter avec les jeunes générations. » Lepetitjournal.com/Cambodge a eu l'honneur de s'entretenir avec elle dans son tuk-tuk, entre deux rendez-vous précédant sa conférence à l'IFC. 

 

lepetitjournal.com : Quelle est votre définition du métier de grand reporter ? Qu'est-ce qui fait sa beauté mais aussi sa dureté ?

Florence Aubenas : Les reporters sont des urgentistes de la profession. Grand reporter est un terme ronflant, mais contient les mêmes caractéristiques que le métier de reporter. Il faut savoir couvrir des événements qui rompent le flux quotidien. Le terrain en est une notion obligatoire. Il faut aimer faire du terrain.

 

Qu'est-ce qui vous a amené à emprunter cette voie ?

Lorsque nous démarrons une carrière dans la presse, ce que l'on décide est assez faible. Quand on est jeune journaliste, on n'a pas d'idée, ou de visibilité par rapport au futur. À la base je n'avais pas choisi de devenir reporter, j'étais secrétaire de rédaction à Libération, il manquait quelqu'un pour aller au Rwanda, j'y suis allée. C'est un métier de surprises.

 

Un événement précis vous a-t-il particulièrement marquée au cours de votre carrière ?

Non, je dirais même presque tous. Le jour où les événements ne nous marquent plus, il faut changer de métier. Lorsqu'il se passe quelque chose, le reporter meurt d'envie d'y aller ! L'envie est nécessaire. En général, le dernier reportage marque davantage car il est plus proche, pour moi ce sont les attentats de Barcelone (août 2017), et le début de l'enquête.

 

Vous êtes une femme de terrain et n'avez l'air de reculer devant rien. Vous définiriez-vous comme « prête à tout » pour défendre des idées et exposer des vérités ?

Je n'aime pas cette expression : « prête à tout. » Je ne le suis jamais. Cela pourrait signifier acheter des informations, les voler. Je ne suis pas du tout prête à tout pour obtenir une information. Mais oui bien sûr, je suis prête à me mettre en danger physiquement, à mettre ma vie en congé pour couvrir certains événements.

 

Quel est votre point de vue sur la crédibilité de la presse aujourd'hui ?

En France, la presse est accusée d'être parfois partisane et de ne pas faire son travail, notamment sur la vérification de l'information. Aujourd'hui il y a ce débat, le gouvernement en parle, de savoir s'il faut instaurer des gendarmes de la profession. Je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Le métier s'est, bien sûr, décrédibilisé depuis 15 ans, mais ce n'est pas la première fois que cela arrive. Cela s'était passé lors de la première guerre mondiale. Les relations entre presse et lecteurs ne sont de toute façon jamais stables. Ce sont des montagnes russes. 

 

Rendez-vous à l'Institut Français du Cambodge pour assister à la conférence de Florence Aubenas, grand reporter. L'entrée est libre dans la limite des places disponibles. Retransmission en live sur la page Facebook de l'IFC.

 

Questions de Leïla Pelletier, rédaction de Thibault Bourru.

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