"Ils n'ont aucune notion d'hygiène en cuisine", parlant ainsi des apprentis de PSE, un chef d'un grand restaurant français de la capitale a lancé la polémique dans nos colonnes. Et bien que le Chef soit depuis revenu sur ses propos, Christian Despallieres, fondateur de PSE, a tenu à réaffirmer la qualité des formations professionnelles de l'ONG
Le couple Despallières entouré des apprentis de PSE (crédit: CD)
PSE et sa filière hôtelière ont été critiqués la semaine dernière dans un article. Quelle est votre réaction ?
Christian Despallieres : Nous avons été choqués car cet article risque de nuire à la réputation de nos jeunes vis-à-vis de personnes qui ne connaissent pas Pour un Sourire d'Enfant et, donc, d'handicaper leur placement. Je signale tout d'abord que cet article fait référence aux propos du chef du restaurant Le Van's qui a depuis reconnu s'être mal exprimé, et qu'il n'avait pas, sous sa responsabilité, de jeunes de PSE en cuisine.
Pourquoi et comment PSE s'est lancé dans cette filière professionnelle ?
Aux débuts de PSE, nous avons commencé par nourrir, soigner et faire du rattrapage scolaire pour les enfants chiffonniers en grand retard ou qui n'étaient jamais allés à l'école. Mais nous nous sommes vite aperçus que la scolarité ne suffisait pas et que l'on retrouvait, sur la décharge, des enfants qui avaient étudié jusqu'au niveau 9. C'est alors que nous avons créé nos premières Formations Professionnelles. A l'époque, nous avions, nous les ONG, une légèreté vis-à-vis de la formation des jeunes les plus pauvres. Existaient, ici et là, des formations de deux ou trois mois pour devenir coiffeur ou mécanicien. Pendant ces quelques petits mois, les jeunes bricolaient sur un moteur ou sur une tête, à la suite de quoi ils recevaient un magnifique diplôme. C'était l'école pauvre pour les pauvres.
Pour l'avoir vécu, il était insupportable de voir la déception de ces jeunes qui, après tant d'espoir, avec ce beau papier, ne trouvaient aucun travail. C'est pourquoi, dès le début, nous avons voulu que nos formations soient très professionnelles, la meilleure école pour les plus pauvres. Il a donc fallu miser sur des formations plus longues, précédées de classe Prépa, nous équiper de matériel top niveau, et aussi faire appel à des grandes compétences européennes pour établir les programmes, former et auditer les formateurs. Nous avons aussi embauché du personnel cambodgien hautement qualifié, et demander aux professionnels du Cambodge, de nous aider en faisant partie de nos Comités de Pilotage pour adapter tous ces programmes aux besoins locaux. A cette occasion, nous remercions la grande majorité des entreprises (hôteliers, restaurateurs, etc ?) qui, tout de suite, nous ont aidés. Ils ont tous compris l'importance de ce travail vis-à-vis des plus pauvres, ajoutant ainsi du sens à leur action, à leur réussite.
Le résultat est spectaculaire, au-delà de ce que nous aurions osé espérer : près de 100% de nos jeunes placés, et déjà plus de 2.000 anciens insérés dans tous les métiers, et au sujet desquels nous recevons beaucoup de compliments. Et, comme je le dis souvent en blaguant, plus question de pouvoir sortir incognito pour des rendez-vous secrets dans l'un de vos restaurants ou hôtels, sans que ne sortent, de derrière les fourneaux, des couloirs du service des chambres, du service de table, des jardins ? un ou plusieurs jeunes qui nous tombent dans les bras heureux et fiers de leur métier ?
Bien sûr, il y a aussi quelques uns de nos jeunes qui, par négligence ou malhonnêteté, ne font pas honneur aux formations qu'ils ont reçues. Dans ce cas, nous demandons aux entreprises de nous le signaler immédiatement. Alors, est-ce que tout ça est parfait ? Non, bien sûr, et il ne faut pas se reposer sur ses lauriers. Nos formations auront toujours à progresser et nous comptons sur tous pour nous y aider. Et, bien sûr, leurs employeurs auront toujours aussi à compléter la formation de nos jeunes en nous remplaçant auprès d'eux, pour les pousser vers le haut.
Pouvez-vous dresser un bilan de cette activité ?
Nous avons démarré cette formation en 2002 car, il y avait une grande demande du marché et il n'existait, à l'époque, pas grand-chose de valable. Depuis le début 700 jeunes sont passés dans une des 6 filières de la formation: Cuisine, Service de table, Service d'étage et Buanderie, Boulangerie-Pâtisserie, Réception, Management de la Restauration.
Et, actuellement, 362 jeunes sont en formation et 80 en stage dont 20% sont déjà "réservés" avant la fin de leurs études. C'est une grande joie, pour nous tous, de voir leurs réussites comme, par exemple, celles de : Nou Chanthy, sorti en 2010, aujourd'hui Chef d'équipe du Service d'étage au Circuit Hotel, ou encore Kim Kong, diplômé en 2007, désormais cuisinier à Singapour avec un salaire de 1.200 US $, et il y en a beaucoup d'autres.
(www.lepetitjournal.com) lundi 1er août 2011{jcomments off}