En pleine période du Nouvel An khmer, la communauté cambodgienne de Lowell, ville américaine situé dans le Massachusetts, doit faire face à un scandale de taille. Une vidéo montrant la relation sexuelle entre un bonze et l'une de ses collaboratrices, qui circule depuis une dizaine de jours au sein de la communauté, choque plusieurs de ses membres et ravive des tensions autour du projet de construction d'une pagode.
La vidéo accuse le Vénérable Nhem Kimteng, responsable du projet de construction d'un temple et d'un centre communautaire, et de sa collaboratrice, Maya Men. Le journal local The Lowell Sun, qui révèle l'information, a reçu une copie en DVD de la vidéo et a pu confirmer l'identité des personnes filmées par un auteur resté anonyme.
Outre la relation déplacée du moine bouddhiste, des membres de la communauté cambodgienne reprochent également le manque de transparence financière du projet, chiffré à 10 millions de dollars. Une cinquantaine de personnes a ainsi manifesté à Lowell. Parmi elles, se trouvaient un ancien Conseiller de la Ville, et deux personnes autrefois impliquées dans le projet du temple.
"Cela décrédibilise l'intégralité de la communauté cambodgienne et bouddhiste", témoigne Rithy Uong, présent au rassemblement. Lui et les autres manifestants en appellent au responsable de la Communauté des moines bouddhistes khmers (CMBK), le Vénérable Sao Khon, pour sanctionner les deux coupables et les écarter du projet. Selon Rithy Uong, Nhem Kimteng et Maya Men ont été depuis exclus du projet. Nhem Kimteng devrait rentrer au Cambodge, où les officiels du gouvernement ont été informés de l'affaire, toujours selon Uong. C'est au Ministère des Cultes et de la Religion qu'il reviendra la décision de le défroquer ou non.
Sexe, religion, argent... et vidéo
Tandis que les responsables de Communauté des moines bouddhistes khmers déclinent tout commentaire, James Boumil, avocat de l'association et de Maya Men, a déclaré au Lowell Sun que "filmer des séquences sans permission et les distribuer est illégal", et que des actions de justice seraient prises contre le(s) auteur(s) de la vidéo. "C'est une très sérieuse atteinte à l'intimité." Du côté des supporters du projet de la nouvelle pagode, certains sont sceptiques, ou estiment que ce qui a pu arriver "concerne ces deux personnes, et non pas le temple et le reste de la communauté".
Au-delà du scandale de la vidéo, les responsables du projet de la pagode sont soupçonnés de malversations financières. Sam Meas et Sambath Soum, deux anciens membres du comité exécutif du projet, parlent d'opacité sur la gestion des fonds destiné à la construction du temple, et demandent une enquête sur les finances de la CMBK. "Ils n'ont pas répondu à nos questions sur ce qu'est devenu l'argent. Nous ne serons pas satisfaits tant que la vérité ne sera pas faite". En décembre dernier, 500.000 dollars auraient été collectés auprès des partisans du projet. Aujourd'hui, une pétition circule pour exiger que des reçus soient remis à tous les donateurs. L'avocat James Boumil répond de son côté que les accusations de Sam Meas pourraient être liées au fait que celui-ci s'est vu refuser le poste de directeur exécutif du projet. Il semble que la résolution de ce conflit local dépend désormais de la justice. A suivre...
Source : The Lowell Sun
(http://www.lepetitjournal.com/cambodge) Lundi 22 avril 2013