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INTERVIEW – Em Riem : "La culture contemporaine aide à s'ouvrir sur le monde et à le comprendre"

Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 10 mars 2011, mis à jour le 8 février 2018

XEM design ? LA GALERIE ouverte depuis le 13 mars 2008 semble être le lieu précurseur de l'apparition et de l'expansion de l'art contemporain et du design au Cambodge. Em Riem, artiste et fondateur de cette galerie nous expose sa vision des choses

(Photos DR)

Quel est votre parcours dans le monde du design ?
Mon initiation est entièrement française puisque j'ai reçu ma formation à l'Ecole des Beaux-arts de Saint-Etienne puis à l'Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris. Ce processus a duré sept ans, pendant lesquelles j'ai pu m'enrichir d'une vision vraiment internationale du design contemporain. De retour au Cambodge, je me suis senti prêt à fonctionner, si je puis dire, comme un vrai designer. J'ai tout de suite réalisé des objets sur commande avec des matériaux locaux. Cet aspect de mon travail est essentiel: je travaille les matériaux que je trouve ici, à savoir le rotin surtout, le bambou et le bois. En plus, pour des objets rares, disons, j'ai recours à des éléments hétéroclites que je chine sur les marchés, comme des lacets en plastiques utilisés par les plombiers, des ustensiles de cuisine etc. Mon parcours commence en fait et j'espère qu'il sera long !

Comment cette idée vous est venue ?

Ce projet s'est imposé à moi en raison de la difficulté, pour un artiste cambodgien, de trouver aisément des lieux d'exposition. D'autant plus que je souhaitais mener de front mon activité de designer avec celle de peintre et de sculpteur. Mon temps se repartit à peu prés également entre les deux. Donc, il me fallait ma galerie. C'est un gage de liberté et de tranquillité. Je suis en outre, très heureux d'avoir ce lieu a ma disposition

Quelle place occupe l'art contemporain au Cambodge ? La population est-elle sensible à ce style d'art ?
C'est une vaste question ! Il faut bien voir que l'art pictural n'est pas de longue tradition au Cambodge. En fait, il reste à créer et quelques peintres de ma génération s'y efforcent. Je crois que nous nous sentons un peu isolés, comme des pionniers partis a l'aventure ! Notre culture artistique demeure une culture de la réitération, une  culture conservatoire, patrimoniale en quelque sorte. La nouveauté doit percer ce mur-la, mais l'art ne s'installe pas tout seul sur un terrain vierge, il ne pousse pas comme de la mauvaise herbe ! Non, il faut construire un contexte favorable à son épanouissement et à sa réception par le public. Je sais bien que dans un pays pauvre, on peut penser qu'il y a d'autres priorités, mais la culture contemporaine aide à s'ouvrir sur le monde et à le comprendre. Il faut du temps pour faire des artistes contemporains et un public sensible a leur art ! La rencontre est peut-être, disons, pour demain...

Comment sont choisis les artistes exposés ? Pour combien de temps chacun ?
LA GALERIE est ouverte exclusivement à des propositions artistiques de réalisations contemporaines. J'y présente mes toiles et, je l'avoue, en priorité. En fait, cette galerie c'est ma plate-forme professionnelle ! Mais elle accueille d'autres peintres khmers d'ici ou de France, et, plus rarement, des peintres français ou étrangers. En fait, il y a des contraintes de temps et puis surtout un choix limité. Les quelques peintres que j'apprécie et que je connais bien exposent deux ou trois fois par an en moyenne à Phnom Penh ou ailleurs au Cambodge. Le public étant limité, une galerie, quelle qu'elle soit, peut difficilement les programmer pour une exposition supplémentaire ! Il y a un risque de saturation ! Mais, dans ce petit monde de l'art contemporain au Cambodge, les choses bougent. Je crois que nous partageons le sentiment de participer à quelque chose d'historique, en quelque sorte nous serons des ancêtres fondateurs !

Un message à faire passer à travers cette galerie ?
Un message simple: "Entrez, il y a toujours quelque chose à voir ! N'ayez pas peur, l'art ne vous mangera pas ! Au contraire, mangez-le, il est pour vous seuls !!!"

Propos recueillis par Océane Debert (www.lepetitjournal.com/cambodge.html) jeudi 10 mars 2011

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Publié le 10 mars 2011, mis à jour le 8 février 2018

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