Pour notre rendez-vous éco du mois, LePetitJournal.com est allé à la rencontre de Sylvain Saillard fondateur de l'entreprise Cronos Technologies, spécialisée dans les technologies web et mobile. Cette agence fait partie des sociétés qui avaient accompagné le nouveau business des applications mobiles, à l'époque du premier iPhone et du début de l'appstore. Sylvain nous explique les enjeux de ce secteur dans le paysage informatique roumain et nous parle des applications d'un genre nouveau qui pourraient révolutionner notre quotidien.
Pouvez-vous nous présenter votre parcours professionnel ?
J'ai commencé chez Renault dans la partie développement, puis j'ai gravi peu à peu les échelons en termes de compétences. Puis, pour d’autres raisons j’ai décidé de partir sur la création de ma propre entreprise. Voilà comment est né Cronos Technologies en France. Ce mois-ci ça fera tout juste dix ans depuis sa création. Au début c'était des systèmes de type messagerie, comme Lotus Notes, un marché de niche qu’on maîtrisait bien, mais pas spécialement le web, puis on a commencé à avoir un vrai plan de croissance et des latitudes possibles pour entreprendre.
Pourquoi la Roumanie ?
Moi je connaissais déjà la Roumanie car j’y ai rencontré ma femme en 2004. Un an après notre union, j’ai créé la filiale en Roumanie. Donc pour des raisons personnelles dans un premier temps, même si je savais au fond que ce pays était extrêmement riche en opportunités. Aujourd’hui les salaires sont devenus beaucoup plus élevés qu’à l’époque, ce qui est normal, la Roumanie bouge sans arrêt. On a commencé à l’époque où Steve Jobs lançait le premier IPhone et l’appstore n’existait pas encore. On utilisait des applications un peu hackées, voire carrément artisanales. Du coup, on a vu tout de suite le potentiel des applications car elles étaient assez intuitives. On a commencé à former nos employés dans ce domaine alors que rien n’existait encore, c’était le début et on s’est dit que l'on se devait d'aller sur ce marché. Grâce à ça, on a eu dès le départ des références assez importantes, on a eu des grands clients comme l’Oréal et Jack Daniel’s qui nous ont permis de nous construire une vraie légitimité par rapport à la concurrence. On a réussi dès le départ à faire du qualitatif dans le design et dans l'interface et on a immédiatement étendu notre portefeuille jusqu’à une quinzaines de groupes du CAC40. Puis le web est venu se greffer à cela, car les applications ne sont jamais seules dans un coin, le web et le mobile font partie d’une stratégie multi-canals.
Vous avez créé une start-up spécialisée dans l'Internet Of Things. Parlez-nous en.
Aujourd’hui j’ai repensé la stratégie de mon entreprise et j’ai créé depuis un an une société qui s’appelle ProxiWave, spécialisée dans les technologies IoT (Internet Of Things). On travaille sur des petites balises Bluetooth qui envoient en permanence un signal dans un rayon de 0 à 100 mètres. L’intérêt c’est de capter toutes les personnes se trouvant dans un périmètre donné et ainsi d'avoir une stratégie de « drive-to-store » en les incitant à venir dans un établissement donné par rapport à un contexte particulier. Ca peut être une application pour un restaurant par exemple, qui capterait tous ceux qui passent à côté de l'établissement et qui ont mis « moi j’aime bien boire un verre de telle heure à telle heure» par exemple, et dès que le rapprochement est fait entre les intérêts des consommateurs et les services offerts par l’entreprise, on envoie aux passants une offre ciblée par tranche de population ou par centres d’intérêts. Donc un message très spécialisé dans le temps et dans l’offre. Dans notre projet on cherche à développer tout un écosystème avec l’application et un backoffice qui permet de gérer le contenu et les offres envoyées sur les téléphones des utilisateurs. Ce type de services existe déjà mais là où on veut vraiment se démarquer, c’est avec une approche plus "gamifiction" de type Pokémon Go. Après le succès qu’a eu le jeu Pokémon Go, et l’enthousiasme des gens pour chercher, trouver et collectionner, on s’est dit que si les gens sont capables d’aller chercher des petits monstres qui n’ont aucune valeur, on pourrait, sur le même modèle, créer un écosystème ludique entre les entreprises et les consommateurs où ces entreprises offriraient une rétribution aux consommateurs sous forme d’une valeur réelle qui serait des cryptomonnaies. Donc l'entreprise pourrait rétribuer ses clients et en fonction des points accumulés, ils pourraient gagner quelque chose par exemple des bitcoins. L’intérêt des cryptomonnaies est que tout se ferait en temps réel, sans aucun support. Ce qu’on cherche maintenant c’est comment créer ce ciment, cette synergie entre les entreprises et les potentiels clients.
Cela ne pose-t-il pas des problèmes en termes de vie privée et de sécurité des données personnelles des utilisateurs?
C’est un sujet délicat. Techniquement il y a peu de risque, car toutes les données sont cryptées dans une structure relativement robuste et même si on se fait hacker, ce qui peut arriver, les données sont encryptées et il y a des clés uniques entre chaque utilisateur et fournisseur. Mais surtout, l’objectif de notre système n’est pas de créer une big data avec des données clients qu’on pourrait ensuite exploiter. L’intérêt ne se fait pas sur les données du client, c’est plus le vendeur qui va payer pour accéder à une communauté de gens. Donc l’objectif n'est pas vraiment basé sur les datas car des fois on a des services gratuits en échange de nos données et on se fait spammer. En tout cas, c’est une question importante d'un point de vue éthique mais aussi d’un point de vue juridique, car ce n’est pas très bien tranché dans tous les pays. Il faut trouver le juste milieu entre, ne pas aller trop loin, pour préserver la confidentialité des données, et si possible tenter de faire du sur-mesure, en instantané, à l’unité. Voilà les enjeux et les défis que nous aimerions relever avec mon équipe.