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COUPLE FRANCO-ROUMAIN – Aline et Robert

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Écrit par Sarah Taher & Grégory Rateau
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 2 mai 2017

La rédaction est allée à la rencontre d'un couple de jeunes mariés, Aline Fontaine et Robert Maria. Elle, est française, la trentaine, journaliste de profession, correspondante du journal La Croix et Le Soir en Roumanie, Aline collabore également avec Arte, Médiapart, et la revue Regard. Lui, est roumain, il a 32 ans et travaille comme développeur d'algorithmes à Timisoara. Ensemble ils ont décidé de tenter l'aventure franco-roumaine.

 

LePetitJournal.com Bucarest : Quand et comment vous êtes-vous rencontrés ?

Aline Fontaine : Notre rencontre remonte à l'été 2010, pendant la coupe du monde de football. Nous étions alors tous les deux en stage à Lannion, en Bretagne. Robert était en train de construire un amplificateur pour améliorer les signaux dans les fibres optiques. Pour moi, c'était moins compliqué ! Je passais mon temps à raconter des histoires de gens pour Ouest-France. Le soir où l'Espagne et l'Allemagne se sont opposées, nous nous sommes retrouvés dans la salle commune du foyer où nous résidions. 90 minutes n'ont pas suffi pour nous découvrir, alors nous avons poursuivi la discussion autour d'une bière qui a scellé notre complicité.

 

Qu'est-ce qui vous a le plus séduit chez l'autre ?

A.F. : Robert m'a tout de suite marquée par sa capacité à rêver simplement. Il était capable, et il l'est toujours, de s'arrêter devant une maison et d'imaginer la vie des gens, ou de s'émerveiller devant deux oiseaux qui se cherchent et de simuler leur conversation. Sa capacité à désamorcer la moindre difficulté avec beaucoup d'humour me séduit aussi toujours autant. Je n'imagine pas quelqu'un pouvoir se disputer avec lui tant il rend la vie agréable. Un exemple dans notre quotidien qui m'a beaucoup amusé quand nous avons emménagé ensemble en France : « Oh non Aline, je ne peux pas passer l'aspirateur maintenant, c'est « cruce rosie » (jour dans le calendrier orthodoxe où il est interdit de faire le ménage) ! », me répondait-il avec un petit sourire en coin. Je n'avais pas d'autre choix à mon tour que de sourire devant une telle excuse, sachant qu'il passerait à l'action un peu plus tard.

Robert Maria : La première chose que j'ai remarqué chez Aline, c'était son pantalon, large, blanc avec des fleurs et ses jolies jambes ! ? après, sa naturalité et sa spontanéité. Aline est une personne pleine de vie, super active. J'ai été très attiré par son énergie.

 

Comment votre couple "mixte" a-t-il été accueilli par votre famille et vos amis ?

R.M. : Mes parents et mes amis ont tout de suite accepté Aline parce qu'elle est une femme simple et n'a pas de prétentions de châtelaine. Quand ils ont vu que nous nous comprenions bien, tant dans la langue que dans l'esprit, ils étaient heureux pour nous.

A.F. : Au début, Robert ne parlait pas très bien français et paraissait timide aux yeux de ma famille et de mes amis. Mais une fois qu'ils ont saisi son sens de l'humour, je crois qu'ils sont aussi tombés amoureux de lui !

 

Pourquoi avoir choisi de venir vivre en Roumanie ?

R.M. : Nous avons toujours rêvé de vivre dans un pays exotique, alors la Roumanie s'est imposée ! Non je plaisante. Après avoir fini ma thèse de physique à Strasbourg en 2015, je voulais travailler comme scientifique de données, le job le plus sexy du XXIe siècle d'après Harvard Business Review. Alors, en France, il y avait très peu d'offres dans ce domaine, et à Strasbourg, la plupart des acteurs IT ne savaient même pas à quoi ça servait. Donc, comme l'économie roumaine est plutôt liée à celle de l'Allemagne et des Etats-Unis où ce domaine est plus avancé, j'ai profité d'une offre dans le secteur de la conduite autonome. Voilà comment je suis revenu dans ma ville d'origine, Timisoara, et Aline a accepté de m'accompagner pour se lancer dans la vie de pigiste à l'étranger.

 

Justement Aline, comment t'es-tu adaptée à la vie en Roumanie?

A.F. : Je viens en Roumanie épisodiquement depuis 2011 et nous habitons à Timisoara depuis septembre 2016, mais le processus d'adaptation est toujours en cours ! La générosité des Roumains est extraordinaire. Ils donnent sans compter, quelles que soient leurs ressources, et ça c'est fantastique. Il y a aussi toujours une solution à un problème, je l'expérimente au quotidien dans mon métier.

En revanche, il ne faut pas être pressé ou stressé car la résolution du problème peut prendre un temps non déterminé. Je trouve cela amusant que les Roumains aient des proverbes pour toutes les situations, mais j'ai quelques difficultés avec celui qui dit : « laisse, c'est bien comme ça ». Je trouve cet esprit de contentement dommage. Je dirais que les Roumains sont trop dociles et qu'ils ne remettent pas assez en question l'état des choses, ça m'ennuie beaucoup, parce que ce pays a un potentiel si fort. J'ai conscience que son passé pèse, a laissé des séquelles, mais cela ne peut être une excuse éternelle. C'est une question de logique, de bon sens. Cela ne sert à rien de construire des hôtels au fond d'une vallée s'il n'y a pas de route pour y accéder. Ou pire, pourquoi construire des centres commerciaux alors que pour rénover un hôpital, il faut faire appel à des bénévoles. A cette allure, je crains que le pays n'aille pas loin ou prenne une mauvaise direction. Je ne sais pas si je pourrai rester trop longtemps dans un pays qui se développe dans l'artifice ou le superficiel sans chercher à consolider ses fondations et ses fondements. Il me manque aussi quelques cinémas d'art et d'essai pour me sentir comme chez moi, mais bon, espérons qu'à Timisoara, future capitale européenne de la culture, ça viendra !

 

Dans votre vie quotidienne, vos différences culturelles vous posent-elles parfois problème ?

R.M. : Parfois ? Non, tout le temps ! Parce qu'Aline se plaint tout le temps. Elle est femme et française, donc elle se plaint deux fois plus qu'un citoyen du monde normal !

A.F. : Et en plus, je me plains quand Robert veut faire la sieste le dimanche après déjeuner ! C'est inconcevable ! Finalement, la plus grosse différence culturelle est culinaire. Nous avons un problème de compréhension avec le pain. Pour moi, le pain est une gourmandise que je mange à tort et à travers, avec un peu de beurre, mais ça ne fait pas partie de mon assiette. Alors que Robert peut se satisfaire d'un plat d'épinards avec pour seul accompagnement, du pain. Moi, il me faut absolument un autre ingrédient comme des pâtes ou du riz. A contrario, quand nous avons de la mamaliga ou du riz, Robert considère qu'il n'a pas besoin de pain, donc pas la peine d'en acheter. Pour moi, rien ne remplace le pain donc je m'énerve quand il n'en a pas acheté.

 

Propos recueillis par Grégory Rateau (www.lepetitjournal.com/Bucarest) - Mardi 2 mai 2017

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Publié le 1 mai 2017, mis à jour le 2 mai 2017

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