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BUCAREST CENTENAIRE – Le Palais du Ministère de l'Agriculture

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Wikipedia / Mark Ahsmann
Écrit par Bucarest/Centenaire
Publié le 14 août 2018, mis à jour le 14 août 2018

En 1883, le jeune suisse Louis Pierre Blanc, fraîchement diplômé de l’Ecole des Beaux Arts de Paris, arrive en Roumanie, poussé par l’amitié forte qui le liait à son ancien camarade d’études, l’architecte Ion Mincu. Louis travaillera aux côtés des grands noms de l’architecture roumaine, participant ainsi à la modernisation et à l’urbanisation de la capitale du nouveau Royaume.

 

Les deux mariages avantageux, d’abord avec la princesse Elena Sutu, ensuite avec Irina, la fille du général Anton Berindei, ont facilité ses liens avec la haute société bucarestoise; parmi laquelle beaucoup commanderont la construction de maisons. Finalisées, ces maisons avaient des allures de véritables palais, étalant la coquetterie du style Art Nouveau souvent stylisé avec des éléments de la Renaissance française. L'architecte a aussi obtenu des commandes de la part d’officialités roumaines, certaines institutions publiques nécessitant des sièges dignes d’un état européen indépendant, en plein essor économique. C’est aussi le cas du Palais du Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural (initialement appelé Ministère de l’Agriculture et des Domaines).

 

Erigé durant la dernière décennie du XIXe siècle, inauguré en 1895, l’édifice est dominé par deux style architecturaux: la Renaissance française et le style Louis XIII. Le bâtiment dispose de trois corps, disposés en U, les effets de perpendicularité disparaissant grâce aux tours circulaires qui masquent l’angle formé par le corps central et les deux ailes latérales. Le décor extérieur ample est animé par le contraste chromatique des matériaux utilisés: brique, pierre polie et ardoise (ultérieurement remplacée par de la tôle). Un côté ludique se dégage du jeu des lignes, car la perspective horizontale du rez-de-chaussée croise la perspective verticale imposée par les fenêtres rectangulaires de l’étage supérieur: on retrouve des voûtes d’inspiration romaine, des arcs brisés, des fenêtres circulaires et des sveltes colonnes corinthiennes dont les chapiteaux étalent leurs ornements.

 

Le peu d’éléments statuaires rappellent le goût de l’architecte suisse pour l’ordre du colossal - privilégiant plutôt la subtilité de la métaphore que sa grandeur. Les personnages appartiennent au répertoire grec antique, représentant les entités mythiques des travaux agricoles. Ainsi, l’entrée principale est encadrée par deux images de Hercule, les légendes racontant qu’il aurait commencé ses actes de bravoure en tant que berger; les deux figures masculines soutiennent en même temps un petit balcon central, dont les pilastres étalent deux amphores. Sous la voûte du frontispice, trône la sculpture allégorique représentant Déméter, la déesse de l’agriculture, entourée par ses 4 disciples. On peut suspecter Blanc d’une forme discrète de patriotisme car, dans le bas-relief ne manquent pas les signes héraldiques des Principautés Unies - le boeuf de la Moldavie et l’aigle de la Valachie.

 

A l’ensemble se rajoute une série de coupoles polygonales, de différentes dimensions. A la base de la principale, une horloge couronne l’axe central de l’édifice. L’emplacement de cet élément respectait les principes architectoniques de l’époque, reprenant un vieux dicton populaire selon lequel le cycle des travaux agricoles est rythmé par l’horloge sacrée de la terre.

 

Le somptueux palais est devenu le siège du Ministère de l’Agriculture, de l’Industrie, du Commerce et des Domaines, fondé en 1883, ces 4 domaines se détachant de l'ancien Ministère des Travaux Publics. Le triage des tâches de chacun de ces ministères s’est réalisé au sein du nouveau siège, jusqu’en 1908, quand le Ministère de l’Industrie et du Commerce et celui de l’Agriculture et des Domaines sont devenus deux entités institutionnelles séparées.

 

 

Sources: Agerpres.ro, Bucurestiivechisinoi.ro, Arhivadearhitectura.ro

 

Article réalisé dans le cadre du Programme Culturel București - Centenar avec le soutien de Primăriei Municipiului București à travers Administrația Monumentelor și Patrimoniului Turistic 

 

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