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SUCCESSIONS INTERNATIONALES : quelles démarches et quels droits ?

Une succession est dite « internationale » lorsqu’elle comprend des éléments de rattachement à plusieurs pays : il peut s’agir du cas où le défunt résidait dans un autre pays que son pays d’origine, de celui où les potentiels héritiers vivent dans un autre pays que le défunt ou encore du cas où le défunt possédait des biens (meubles / immeubles) dans plusieurs pays. Ces successions sont de plus en plus fréquentes, en particulier au sein de l’Union européenne.

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Écrit par Juridique
Publié le 8 avril 2025, mis à jour le 9 avril 2025

Le règlement d’une telle succession – à savoir la détermination des héritiers, la répartition du patrimoine du défunt entre eux et la fiscalité applicable – impose de recourir aux éventuelles conventions internationales signées par les pays concernés ou par leurs règles respectives de droit international privé, ce qui est forcément source de complexité.

 

Au sein de l’Union européenne, la gestion des successions qui comprennent des éléments de rattachement à plusieurs pays a été fortement simplifiée par le Règlement européen n° 650/2012, qui a établi des règles uniformes permettant de déterminer la loi applicable à la succession et les autorités compétentes pour mener les démarches successorales. Il a en outre instauré la possibilité pour les citoyens de prévoir, dans une certaine mesure, la loi qui sera applicable à leur succession. Ce Règlement a enfin créé le Certificat successoral européen, document facilitant la reconnaissance des droits successoraux dans les différents États membres de l’UE.

 

Le présent article expose les grands principes qui encadrent la gestion et les implications d’une succession se déroulant dans plusieurs pays de l’Union européenne.

 

Les éléments d’extranéité d’une succession internationale

Lorsqu’une personne décède dans un pays de l’Union européenne, le premier élément important est de déterminer le lieu de sa résidence habituelle. C’est en effet ce lieu qui détermine, en principe, les autorités et la loi qui régissent la succession. La notion de « résidence habituelle » est appréciée (pour le domaine des successions) selon un faisceau d’indices, constitué de critères liés à la durée et à la régularité du séjour du défunt dans un pays donné, des conditions et motifs de ce séjour, du lieu de sa vie sociale et familiale…

 

D’autres éléments peuvent également déterminer la façon dont se déroulera la succession : la nationalité du défunt peut avoir un impact sur la loi s’appliquant à la succession ; le lieu du décès peut entraîner des conséquences sur les démarches successorales, notamment en ce qui concerne les modalités de la déclaration de succession ; et les États dans lesquels se situent les biens et/ou les héritiers du défunt auront des répercussions sur le règlement de la succession.

 

La loi applicable à une succession internationale

La loi qui s’applique au règlement d’une succession est un élément fondamental, car c’est elle qui permet de déterminer qui sont les héritiers et à quels droits ils peuvent prétendre, sur l’ensemble des biens du défunt. Ainsi, même si une succession présente un caractère international, au sein de l’UE, elle sera traitée de manière globale, c’est-à-dire selon une loi nationale unique.

 

Comme nous l’avons vu ci-dessus, en principe, la loi applicable à la succession est celle de l’État dans lequel le défunt avait sa résidence habituelle.

 

Il existe une exception à ce principe : le Règlement européen n° 650/2012 permet à toute personne de décider que sa succession sera régie non par la loi de sa résidence habituelle, mais par la loi de sa nationalité, que son État d’origine fasse ou non partie de l’UE. Un tel choix doit être clairement exprimé par testament.

 

Ce choix prend tout son sens lorsque l’on sait que la dévolution successorale peut donner des droits / répartitions différents aux héritiers selon que l’on applique telle ou telle loi.

 

L’autorité compétente pour mener les démarches successorales

Une fois que l’on a déterminé quelle loi s’applique à la succession, il faut déterminer l’autorité compétente pour la régler. Celle-ci est en principe celle de l’État dans lequel le défunt avait sa résidence habituelle. Cependant, si le défunt avait choisi par testament que sa loi nationale s’appliquerait à sa succession, les héritiers peuvent convenir que l’autorité compétente sera celle de l’État dont la loi a été choisie. Selon l’État concerné, il peut s’agir d’une juridiction, d’un notaire, d’un service de l’état civil ou d’une autre autorité administrative.

 

Les autorités d’autres États devront peut-être également être sollicitées, notamment celles des États dans lesquels le défunt avait des biens, mais elles devront toujours suivre les indications fournies par l’autorité principale.

 

Les démarches successorales

Les modalités selon lesquelles ces démarches sont effectuées varient selon les États, mais comprennent toujours les mêmes étapes :

 

  1. Identification des héritiers et de leurs droits respectifs, (selon la loi successorale applicable), en fonction des liens familiaux et des éventuels testaments rédigés par le défunt ;
  2. Identification du patrimoine du défunt : bilan reprenant l’intégralité de son actif (comptes bancaires, meubles, immeubles) et de son passif (dettes), par interrogation des héritiers, des banques, des services fonciers… Par exemple, en France, il est possible d’accepter une succession sous bénéfice d’inventaire, ce qui n’est pas possible en Roumanie.
  3. Formalités fiscales et foncières : déclaration de succession et paiement des droits de succession auprès des impôts, démarches auprès des services fonciers si un immeuble est concerné par la succession.

 

Lors d’une succession internationale, il y aura généralement des démarches à effectuer dans plusieurs États : l’État « principal », dont les autorités sont compétentes pour régler la succession ; et le ou les autres États dans lesquels le défunt possédait des biens et où il faut les déclarer et éventuellement payer des impôts…

 

Au sein de l’Union européenne, la réalisation de démarches dans plusieurs États est désormais facilitée par le certificat successoral européen. Créé par le Règlement de 2012, il permet à tout héritier, légataire, administrateur ou exécuteur testamentaire de faire valoir son statut et d’exercer ses droits dans l’ensemble de l’Union européenne. Il est reconnu dans tous les États membres de l’Union européenne, sans que les héritiers n’aient à engager de procédures spécifiques.

 

La fiscalité d’une succession internationale

À l’inverse des éléments précédents, la fiscalité des successions au sein de l’Union européenne n’est pas régie par un droit unique, mais par les règles de fiscalité des successions propres à chaque État et les éventuelles conventions fiscales qu’ils ont conclues afin d’éviter les impositions multiples.

 

Cela a deux implications concrètes importantes :

 

  • Possible double imposition : si une personne détenait des biens dans plusieurs États, ou si ses héritiers résident dans des États différents, il peut arriver que certains biens soient soumis à une double imposition. Certains États prennent en effet comme critère d’imposition le lieu de résidence du défunt ; d’autres le lieu où se trouvent les biens du défunt ; d’autres encore le lieu où résident les héritiers…
  • Absence d’adéquation entre résidence fiscale et loi fiscale : on pourrait imaginer que le fait qu’une personne était résidente fiscale d’un pays emporte automatiquement application de la loi fiscale de ce pays à sa succession, mais ce n’est pas le cas ! Si un résident fiscal roumain décède laissant des biens immobiliers en France, ses héritiers seront soumis au paiement de l’impôt en France pour ces biens…

 

Ainsi, en matière de fiscalité successorale, chaque situation doit faire l’objet d’une analyse au cas par cas, car malheureusement, en matière de successions, aucune situation n’est totalement semblable à une autre !

Enfin, en ce qui concerne les délais qui sont à prévoir pour finaliser le règlement de la succession, il faudra vous armer de patience : les opérations durent généralement plusieurs mois, voire quelques années… faites-vous accompagner !

 

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Nous espérons que ces informations vous sont utiles !

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Publié le 8 avril 2025, mis à jour le 9 avril 2025

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