Une nouvelle étude publiée dans le journal International Social Work lie l’augmentation d’épisodes météorologiques extrêmes dûs au changement climatique avec l’augmentation des mariages précoces. Dans les journaux indiens, on rapporte de plus en plus de cas de mariages d’enfants. En Assam, le ministre en chef, Himanta Biswa Sarma, a promis l’arrestation de près de 3000 personnes pour avoir marié des mineurs. Déjà en février, près de 5000 arrestations ont eu lieu dans l'État. Dans le district de Beed au Maharashtra, près de 160 mariages ont été empêchés depuis le début de l'année. Le point commun ? Chacune de ces zones souffre d'épisodes climatiques extrêmes tels que la sécheresse.
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Une augmentation des mariages précoces
Il existe de nombreuses études associant une augmentation des mariages d’enfants en périodes de crises humanitaires telles que des guerres. Les parents considèrent souvent le mariage comme une sécurité pour l’avenir de leurs enfants et plus particulièrement de leurs filles. En réalité, celles-ci sont finalement souvent victimes d’abus et de violences.
Cette nouvelle étude de l’Ohio State University, aux États-Unis, a examiné 20 études publiées entre 2010 et 2022 reliant les sécheresses, les inondations et d’autres phénomènes météorologiques extrêmes à l’augmentation des mariages précoces et forcés dans les pays à revenu faible et moyen. Les études ont été menées au Bangladesh, en Inde, au Pakistan, au Kenya, en Indonésie, au Malawi, au Népal, en Tanzanie, au Vietnam et en Afrique subsaharienne.
Selon Fiona Doherty, chercheuse principale de l’étude, "Ces catastrophes exacerbent les problèmes existants d’inégalité entre les sexes et de pauvreté qui conduisent les familles au mariage des enfants en tant que mécanisme d’adaptation." Elle a aussi remarqué une exacerbation de l'inégalité de genre dans ces situations : il y a 6 mariages de jeunes filles pour 1 mariage de garçon. Une étude menée au Bangladesh a montré qu’en période de canicule prolongée, la probabilité que les filles de 11 à 14 ans soient mariées augmenterait de 50 %.
Et les chiffres sont sans appel : ⅓ des mariages de jeunes mineurs ont eu lieu en Inde, pour plus de la moitié dans les États de l’Uttar Pradesh, du Bihar, du Bengal-Occidental, du Maharashtra et du Madhya Pradesh. 25 % des jeunes indiennes sont fiancées ou mariées avant leurs 18 ans (âge légal du mariage pour les filles en Inde) et moins de 20 % d’entre elles continueront leur éducation après le mariage.
Le mariage des enfants est souvent considéré comme une stratégie d’adaptation visant à réduire la vulnérabilité économique et l’insécurité alimentaire auxquelles une famille est confrontée en raison d’une catastrophe.
Et le meilleur moyen de lutter contre ces mariages ? La scolarisation
Pour le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP) qui est chargé de la planification familiale, la solution est pourtant simple : la scolarisation !
Par exemple dans l'État du Bihar, les données officielles montrent que la prédominance du mariage précoce était d’environ 57 % chez les filles non scolarisées, alors qu’elle a chuté à 12 % chez les filles ayant au moins terminé la classe 10 c’est-à-dire les filles de 15/16 ans. Même auprès des populations les plus vulnérables (celles qui sont regroupées dans la constitution indienne dans la catégorie des “scheduled castes”), cela concernerait seulement 25 % des jeunes filles ayant fini leur classe 10, contre 40 % pour celles qui n’auraient pas terminé leur cursus scolaire.
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De la même manière, il existe un lien “entre la scolarisation des filles et le contrôle de la population. Au Bihar, le taux de fécondité est très élevé (3,7 enfants par femme), mais il diminue considérablement avec l’augmentation du niveau d’éducation des filles”.
C’est donc dans ce domaine que les gouvernements locaux et le gouvernement national doivent investir pour atteindre cet objectif du développement durable.
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