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Lison et Margot, enseignantes volontaires dans le Chouf

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Lison et Margot, enseignantes volontaires dans le Chouf
Écrit par Noémie de Bellaigue
Publié le 26 février 2019, mis à jour le 27 février 2019

Dans les montagnes druzes, Lison (23 ans) et Margot (24 ans) effectuent leur service civique d’assistante de français à l’école Irfane, dans le village de Semqanieh. LPJ Beyrouth les a rencontrées à Deir el-Qamar pour partager leur expérience de volontariat.

 

Lepetitjournal Beyrouth : Quels sont vos parcours respectifs et comment êtes-vous venues à faire du volontariat au Liban ?


Lison : J’ai fait une pause dans mes études pour réfléchir à ce que je voulais réellement faire avec en tête, l’idée de me tourner vers l’enseignement. En naviguant sur la plateforme du service civique, j’étais à la recherche d'une mission à l’étranger, tournée vers l’éducation et notamment vers l’enseignement du français. Le service de coopération au développement (SCD) proposait ce volontariat à l’école Irfane au Liban. Après avoir postulé et avoir été retenue, j’ai très rapidement été mise en relation avec les structures d’envoi et d’accueil, ainsi que France Volontaires au Liban. Mon contrat était de 12 mois, non renouvelable. Arrivée en mai 2018, je termine mon volontariat en mai prochain.

 

Margot : J’ai terminé mes études il y a deux ans avec un master de recherche en histoire médiévale des civilisations arabo-musulmanes. L’objectif à la fin de ce cursus était de me diriger vers le professorat mais je doutais que cette voie soit faite pour moi. Pour m’éclairer, je suis partie pendant un an en Espagne comme assistante de français. À la fin de l’année dernière, confortée dans mon souhait d’enseigner, j’ai voulu renouveler l’expérience. Par rapport à mon champ d’étude, il était important que je me rapproche du Proche-Orient. Je connaissais Lison, et c’est elle qui m’a informé qu’un service civique se libérait dans son école. C’est ainsi que je l’ai rejointe en novembre dernier.

 

En quoi consiste votre mission ?

 

Lison : Nous aidons les professeurs dans l’enseignement du français, en apportant un autre regard qui dépasse l’approche purement théorique. Nous sommes les premières volontaires que l’école Irfane accueille. Tout est donc à créer et à mettre en place.

 

Margot : Lison et moi travaillons ensemble en amont mais nous ne sommes jamais toutes les deux dans une même classe. Nous sommes là pour appuyer les professeurs, pas pour les remplacer.

 

Quelle image aviez-vous du Liban avant votre arrivée ?

 

Lison : On a toujours une idée prédéfinie d’un pays qui ne correspond pas toujours à ce que l’on trouve sur place. C’est particulièrement vrai pour le Liban. C’est un pays minuscule mais avec tellement de régions, de communautés et de cultures différentes. Il y a en réalité un million de Libans ! Ce pays est un petit kaléidoscope. Le Chouf en région druze  est très différent de Tripoli ou de Beyrouth…

 

Margot : Évidemment, on ne pouvait pas s’imaginer à quoi le Liban ressemblait et tant mieux !

D’autant plus que nous sommes dans les montagnes, un peu coupées du monde. Quand nous avons envie de nous aérer la tête, nous pouvons prendre le bus et être à Beyrouth en une heure et demie. C’est un des avantages du Liban. La vie dans les montagnes est très belle et pure. C’est tellement différent de ce que l’on connait qu’on a besoin quelques fois de retrouver la ville.

 

Quel est le plus grand challenge ?

 

Lison : Le rapport à l’autorité qui n’est pas du tout le même au Liban qu’en France. Dans les montagnes, c’est différent de la ville. Une maîtresse m’expliquait que même en famille, les gens ne s’écoutent pas, non pas par manque de respect, mais par la culture qui induit une manière différente de communiquer.

 

Margot : Ce problème n’est pas une fatalité car il peut se travailler et nous pousse à être très créatives pour capter l’attention des élèves. Je ne redoute pas la confrontation. J’appréhende davantage d’être envoyée en banlieue pour mes débuts de professorat en France!

 

Lison et Margot, enseignantes volontaires dans le Chouf
Lison et Margot, enseignantes volontaires dans le Chouf

 

Quelle est la particularité de l’enseignement au Liban ?

 

Lison : Le mélange des langues. En France, l’éducation bilingue dès le plus jeune âge est rare. Au Liban, que ce soit en français ou en anglais, chaque enfant utilise dès son plus jeune âge deux langues. Très souvent, l’arabe, le français et l’anglais sont utilisées dans une même phrase. Pour un élève de quatre ans, c’est beaucoup d’informations à englober. Je pense que cet environnement polyglotte est très stimulant mais participe au fait que les élèves ont davantage de mal à se concentrer.

 

Margot : La difficulté est de savoir se positionner par rapport au français que l’on souhaite enseigner. Notre français est censé être la référence mais j’ai découvert que cela était très relatif. Un peu comme les Canadiens, les Libanais ont leur propre français, avec des mots que peut-être nous n’utiliserions pas et vice-versa. C’est donc délicat de reprendre les élèves alors qu’il ne s’agit pas vraiment d’erreurs. Il faut se détacher de notre ethnocentrisme français car le français n’est pas une langue étrangère pour eux, c’est aussi leur langue.

 

Lison : C’est particulièrement intéressant d’enseigner le français au Liban, où cette langue a une place particulière – plus que dans un pays où il est une langue étrangère. Le français libanais a, comme le nôtre, ses particularités que nous devons prendre en compte quand on l’enseigne. Il faut donc trouver un juste milieu entre le français ‘standard’ que l’école Irfane attendait de nous et les spécificités linguistiques régionales.

 

Que tirez-vous de cette expérience ?

 

Margot : C’est une superbe expérience personnelle. C’est dingue ce qu’on a appris en si peu de temps. C’est si enrichissant. Nos émotions sont décuplées et nous acquérons beaucoup de compétences !

 

Lison : On acquiert également beaucoup d’expérience au niveau professionnel. Les élèves sont différents partout. Enseigner au Liban est une réelle valeur ajoutée. Sur le terrain, on acquiert de nouveaux outils. Notre approche de l’enseignement est vraiment empirique.

 

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