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DOMESTIQUES – Les employées immigrées au Liban

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prise du compte Facebook de l'ONG KAFA - Manifestation à Beyrouth le 1er mai 2018 pour la journée du travail
Écrit par Rédaction LPJ Beyrouth
Publié le 15 janvier 2018, mis à jour le 15 janvier 2018

Chez les particuliers ou dans les entreprises, ces travailleuses de l’ombre, qui se sont progressivement inscrits dans le paysage quotidien, bénéficient d’un statut extrêmement précaire. Nombre d’entre elles ne s’en relèvent pas.  

Le Liban accueille sur son territoire près de 250 000 travailleuses principalement venues d’Ethiopie, du Sri Lanka, du Bangladesh, du Népal ou encore des Philippines. Comme dans les pays du Golfe, ces employées, engagées pour effectuer des tâches ménagères, sont soumises à des rythmes de travail effrénés.

Les droits des travailleuses domestiques sont inscrits sur le contrat de travail. Il lie l’employeur à son employée via le système de « kafala » (garantie, en arabe) : l’employeur parraine une travailleuse domestique qui travaillera pour lui pour une durée prédéfinie. Dans ce système, seul le pays d’accueil est garant des droits des employées.

Dans le cas du Liban, aucune loi ne prend en compte les travailleuses domestiques migrantes. Il est stipulé dans l’article 7 de la loi sur le Code du travail du 23 septembre 1946 qu’en « sont exceptés […] les domestiques dans les domiciles des particuliers ». « Ce sont les décisions de l’administration de l’immigration, généralement de la Sûreté générale, implicites et non-inscrites dans la loi, qui régissent les droits des travailleuses immigrées », explique une avocate du Centre Libanais des Droits Humains (CLDH), souhaitant rester anonyme.

« Enregistré par le ministère du Travail, le contrat de travail signé par les travailleuses domestiques immigrées est rarement intelligible pour elles qui ne comprennent généralement pas l’arabe. Ce contrat d’adhésion ne leur permet pas de connaître leurs droits », poursuit l’avocate.

Ce système de contrat de particulier à particulier, non encadré par la législation s’appliquant aux Libanais, donne la part belle aux parrains. Certains d’entre eux, profitant d’une mansuétude coupable, n’hésitent pas à abuser de la situation. Parmi ces pratiques abusives, le non-paiement des heures supplémentaires ou la confiscation des papiers d’identité de l’employée.  Encore plus grave, des cas de maltraitance physique et psychologique, et de violence, parfois sexuelle, ont été enregistrés.

Des situations souvent intenables pour les victimes, dont certaines cherchent à s’enfuir. Sans leurs papiers d’identité, elles risquent la prison. « Malgré l’existence d’une police de l’immigration, les condamnations des employeurs se font rares », selon l’avocate du CLDH, qui note également le poids de la « wasta » (forme de piston, ndlr) au Liban, « permettant aux employeurs de voir leur condamnation annulée ». 

En 2015, un syndicat des travailleurs domestiques a été créé. « Bien qu’il ne soit pas reconnu par le ministère du Travail, il permet d’aider financièrement les femmes, de ‘crier’ à leur place, de donner des solutions, de faire pression sur l’ambassade à laquelle elles sont rattachées », note l’avocate du CLDH. Quant aux conditions de détention, elles semblent devoir s’améliorer mais il reste beaucoup à faire. En 2014, l’ONG libanaise « KAFA, violence and exploitation » révélait qu’une travailleuse domestique se suicidait chaque mois au Liban.

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