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Soupçons d’« abus de confiance » chez les Verts

Loupe pour sur une pièce de monnaieLoupe pour sur une pièce de monnaie
© Markus Winkler - Unsplash
Écrit par Guillaume Tarde
Publié le 26 janvier 2022, mis à jour le 27 janvier 2022

Le parquet de Berlin a ouvert une enquête pour des soupçons d’« abus de confiance » impliquant 6 membres du bureau national des Verts. Deux ministres fédéraux sont concernés par l’affaire.

 

Des primes Covid à l’origine de l’enquête

Pour comprendre pourquoi le parquet de Berlin a ouvert une enquête en janvier 2022 contre l’ensemble du bureau national des Verts pour des soupçons « d’abus de confiance », il faut remonter deux ans en arrière.

 

En 2020, la pandémie de Covid-19 frappe de plein fouet le monde et l’Europe. Face à la propagation du virus de nombreux États décident de mettre en place des confinements. Une fois l’épidémie en partie contrôlée, certaines privations prennent fin. Toutefois, les sociétés s’organisent autrement pour permettre aux économies de tourner sans pour autant relancer l’épidémie. Le télétravail se démocratise par exemple, mais nécessite parfois quelques ajustements chez les employés comme l’achat de matériel informatique adapté pour les visioconférences.

 

Dans ce contexte, des primes Covid de 1 500 € ont été distribuées à des employés du parti pour les aider à faire face aux difficultés engendrées par la pandémie. Si ces versements ne sont pas un problème, les membres du bureau national se sont attribué cette prime à eux-mêmes sans en référer à une autre instance.

 

Des voix se sont alors élevées en interne, poussant les membres du bureau à rembourser discrètement leurs primes dès 2020. Pourtant, le 19 janvier 2022, le Spiegel annonce l’ouverture d’une enquête par le parquet de Berlin pour soupçon « d’abus de confiance », à l’encontre des membres du bureau national du parti.

 

Une affaire révélatrice de la gestion de crise chez les Verts ?

Ce qui aurait pu rester une affaire interne, se retrouve donc désormais sur la place publique après que plusieurs plaintes ont été déposées par des particuliers. Le parquet de Berlin a, de ce fait, jugé qu’il était nécessaire d’ouvrir une enquête à ce sujet. Cette enquête tombe par ailleurs au mauvais moment pour les Verts qui voient plusieurs ténors de la politique impliqués.

 

Parmi les membres du bureau national qui se sont versé cette prime Covid, on compte en effet, deux ministres du nouveau gouvernement. Annalena Baerbock, ministre fédérale des affaires étrangères ainsi que Robert Habeck vice-chancelier et ministre fédéral de l’Économie et du Climat se retrouvent ainsi sous le feu des mauvais projecteurs en ce début d’année. « Nous coopérerons pleinement [avec la justice] pour éclaircir cette affaire » a déclaré ce dernier espérant que « Tout va maintenant s'éclaircir très rapidement » dans des propos rapportés par le Tagesspiegel.

 

Malheureusement pour le parti, cette enquête sur les primes Covid fait écho à une autre affaire impliquant Annalena Baerbock. En 2021, l’actuelle ministre fédérale avait déjà été appelée à justifier des rentrées d’argent similaires, qu’elle avait déclaré tardivement. L’affaire, portant sur un total de 25 000 €, avait fait grand bruit à l’époque, intervenant durant la campagne pour les élections législatives. Ce montant était le résultat de primes de Noël et de la prime Covid qui déjà alertait les autorités financières.

 

Annalena Baerbock lors d'un meeting de campagne à Kiel en 2021
Michael Brandtner - CC BY 4.0 (Annalena Baerbock lors d'un meeting de campagne à Kiel en 2021)

 

Par deux fois les Verts ont essayé de faire profil bas mais sans gérer véritablement ces crises internes qui se sont par la suite retrouvées à la Une des journaux. Ce que le Tagesspiegel qualifie de « gestion de crise misérable » met aujourd’hui le parti dans une position délicate à plusieurs égards.

 

Au-delà de l’implication de ministres fédéraux, cette enquête intervient au plus mauvais moment pour les Verts qui doivent élire un nouveau comité directeur lors du congrès du parti le 29 janvier. Ricarda Lang, pressentie à la tête du parti est cependant impliquée dans cette affaire des primes Covid puisqu’elle était membre du bureau national au moment des faits. 

 

Si les principaux concernés semblent garder leur calme, le navire des Verts est chahuté par des crises successives et doit trouver le moyen de sortir de cette affaire sans trop de plomb dans l'aile. 

 

 

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