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Présidence française de l’UE, à quoi s’attendre ?

Hémicycle du Parlement européenHémicycle du Parlement européen
© Diliff - CC BY SA 3.0 (Hémicycle du Parlement européen)
Écrit par Guillaume Tarde
Publié le 24 janvier 2022, mis à jour le 25 janvier 2022

Mercredi 19 janvier, Emmanuel Macron s’adressait au Parlement européen dans un discours d’une trentaine de minutes, dévoilant les ambitions de la France, désormais à la tête de l’Union européenne.

 

La France est, depuis le 1er janvier 2022, à la tête du Conseil de l’Union européenne et doit donc assurer, entre autres, la bonne coopération entre les États membres pour les 6 prochains mois. Emmanuel Macron a ainsi présenté, lors de son discours, les ambitions de la France à ce poste, rappelant par la même occasion quelles valeurs doivent animer l’Union européenne.

 

Ukraine, économie, pouvoir de l'UE, ce qu’il faut retenir de l'intervention d'Emmanuel Macron

Si Emmanuel Macron a abordé de nombreux sujets dans son discours, il en est un qui fait particulièrement écho aux « efforts créateurs » de Robert Schuman, cité en introduction de son allocution. « La paix mondiale ne saurait être sauvegardée sans des efforts créateurs à la mesure des dangers qui la menacent. » Ces mots, prononcés par Robert Schuman lors de sa déclaration du 9 mai 1950, semblent en effet répondre à l’actualité et plus particulièrement aux tensions à la frontière ukrainienne. Le président de la République française a déclaré vouloir trouver « une solution politique au conflit en Ukraine », notamment par le biais d’« une proposition européenne bâtissant un nouvel ordre de sécurité et de stabilité ». « Nous devons le construire entre Européens, puis le partager avec nos alliés dans le cadre de l'Otan, puis ensuite le proposer à la négociation à la Russie ». Il a cependant ajouté que « La sécurité de notre continent nécessite un réarmement stratégique de notre Europe comme puissance de paix et d'équilibre, en particulier dans le dialogue avec la Russie » tranchant ainsi avec la volonté de désarmement entendue notamment en Allemagne.

 

Emmanuel Macron s’est ensuite exprimé au sujet de la modernisation de la Charte des droits fondamentaux afin de l’adapter aux enjeux actuels. Après avoir ainsi rappelé son importance dans le cadre de l’abolition de la peine de mort au sein de l’Union européenne, le chef de l’État a fait part de sa volonté d’actualiser cette Charte « pour être plus explicite sur la reconnaissance du droit à l'avortement ou sur la protection de l'environnement ». Il s’agit là d’une prise de position affichée face à Roberta Metsola, fraichement élue à la tête du Parlement et connue pour ses positions anti-avortement.

 

Au-delà de vouloir l’inclure dans la Charte des droits fondamentaux, la protection de l’environnement a été annoncée par le président français comme « le premier des défis ». Il a évoqué la COP21, qui s’est tenue à Paris en 2015, en rappelant que l’Europe « est le continent qui, avec l'objectif de neutralité en 2050, s'est donné le premier les objectifs les plus ambitieux de la planète. » Il est cependant temps de « passer de l'intention aux actes » et selon Emmanuel Macron, il faut « transformer nos industries, investir dans les technologies du futur, qu'il s'agisse des batteries ou de l'hydrogène. » Tout en évoquant d’autres mesures, il n'a pas manqué de préciser que les acteurs de ce changement n’étaient pas seulement en Europe mais partout dans le monde.

 

Le président de la République a ensuite fait part de sa vision au sujet de l’économie au sein de l’Union européenne. Il a ainsi insisté sur la « révolution numérique » ne cachant pas sa volonté de faire de l’Europe une place-forte de cette branche. Il souhaite ainsi « bâtir un véritable marché unique du numérique permettant de créer des champions européens ». Par ailleurs, il a alerté sur la nécessité d’avoir une Europe qui « pose des actes forts pour proposer à tous des emplois de qualité, qualifiés, mieux rémunérés, avec des salaires minimums décents pour tous ». Il rappelle ainsi ses ambitions quant à l’instauration d’un salaire minimum européen, qui semble être un nœud gordien lorsque l’on sait que 6 pays n’ont pas encore de salaire minimum à l’échelle nationale.

 

Dans son discours au Parlement européen, Emmanuel Macron a également abordé le sujet de l’institution elle-même et de son pouvoir. En effet, si le Parlement européen est le seul organe démocratiquement élu de l’Union européenne, il ne possède en revanche aucun pouvoir d’initiative législative, réservé à la Commission. Le chef de l’État a donc exprimé son souhait de voir un Parlement plus fort à l’avenir, car doté de ce pouvoir.

 

Emmanuel Macron bousculé à l’approche des présidentielles

Cette journée du 19 janvier, articulée autour de la prise de parole d’Emmanuel Macron, n’a cependant pas été de tout repos pour le président de la République bousculé tant par des militants écologistes que par ses opposants politiques.

 

Le Parlement européen a, en effet, été le théâtre de règlements de comptes entre le chef de l’État et des membres de l’opposition, sur fond de campagne présidentielle. Yannick Jadot, candidat à l’élection présidentielle pour les Verts, s’est d’abord illustré par une attaque frontale à la politique écologique d’Emmanuel Macron : « Vous resterez, dans l'histoire, Monsieur le Président de la République, le Président de l'inaction climatique ». L’élu écologiste a ainsi enchainé les phrases chocs, et a même reçu un rappel au règlement après s’être exclamé « Notre Europe ne sera jamais la vôtre ».

 

Manon Aubry, députée sous la bannière de la France Insoumise, y est également allée de sa critique présentant Emmanuel Macron en « Docteur Emmanuel qui a fait beaucoup de promesses, et Mister Macron qui n'en a rien à faire de l'urgence climatique ». « La présidence française [de l'UE] ne devrait pas être un marche-pied électoral » a-t-elle asséné au président pourtant resté muet au sujet de sa candidature.

 

Des militants écologistes ont, en outre, hué le président, scandé « Climat, climat, Macron coupable ! » à son arrivée au Parlement et trempé des portraits d’Emmanuel Macron dans du mazout pour dénoncer le manque d'implication du président sur la question de la protection de l'environnement. 

 

Jordan Bardella, davantage concentré sur l’immigration que sur l’écologie n’a pas manqué de critiquer à son tour le président de la République tout en ne manquant pas d’évoquer la théorie du grand remplacement : « Les nations d’Europe ne veulent être ni dissoutes, ni remplacées, ni submergées ».

 

 

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