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Se souvenir de Margot Friedländer : une évidence, mais comment ?

Une rue, une école, une place… Les différents arrondissements de Berlin se concertent afin de faire honneur à la mémoire de Margot Friedländer. Survivante de la Shoah et citoyenne d’honneur pour son militantisme, la Berlinoise est décédée le 9 mai 2025 en laissant ces derniers mots : « Soyez humains ».

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© Margot Friedländer Stiftung
Écrit par Judith Laloy
Publié le 10 juin 2025

Un espace chargé d’Histoire

Dans l’arrondissement de Charlottenburg-Wilmersdorf, la CDU et les Verts proposent une place près de la célèbre Kurfürstendamm : une avenue symbolique et centrale qui garantirait une visibilité à ses appels à l’humanité et à ne jamais oublier l’histoire, tant défendus tout sa vie. La proposition a été acceptée à l’unanimité par le conseil de l’arrondissement, mais nécessite un passage à la chancellerie du Sénat, compte tenu de l’importance d’une telle décision.  

Un hommage plus direct et ciblé

Margot Friedländer a grandi dans le quartier de Kreuzberg, à Berlin, jusqu’à sa déportation vers Auschwitz en 1943. Il semble donc tout naturel pour le Parlement de Berlin de lui offrir la rue de son enfance : la Skalitzer Straße serait rebaptisée Margot-Friendländer-Straße. Une proposition du SPD, validée par la maire écologiste de l’arrondissement, qui met tout de même en garde :

« Il ne doit pas y avoir de compétition ou de course à l’hommage à cette grande dame. Un hommage digne se fait ensemble et dans le respect. Il peut avoir lieu à plusieurs endroits de la ville. La Skalitzer Straße serait un lieu pertinent pour se souvenir de Margot Friedländer.»

La bataille de Skalitz, pendant la guerre austro-prussienne du XIXe siècle, avait donné son nom à cette rue animée. Selon le SPD, c’est l’occasion de remplacer un repère historique qui a perdu en pertinence par une mémoire plus vivante et contemporaine.

« Leur héritage, leur humanité, leur message puissant de tolérance et de réconciliation doivent être rendus visibles de manière permanente dans l’espace public berlinois. » (Sevim Aydin, SPD)

Une trace plus discrète : son enfance à Neukölln

Margot Friedländer a d’abord fréquenté Neukölln, dans sa petite enfance. Le SPD local imagine alors une école à son nom. Une manière de perpétuer son engagement envers l’éducation de la jeunesse à la Shoah, aux crimes de guerre et à la lutte contre la haine.

Margot friedlander décèrne le prix qui a été créé en son nom
© Margot Friedländer Stiftung

Après la Libération, elle s’exile à New-York avec son mari. A la mort de ce dernier, au début des années 2000, la militante et survivante avait finalement décidé de revenir à Berlin. En 2014, un prix à son nom fut créé pour encourager les nouvelles générations à s’engager pour le travail de mémoire, contre le racisme et l’antisémitisme.

Un verdict sera donné après un temps de recueillement

Le 9 juillet, à la Philharmonie, aura lieu une cérémonie de deuil officielle. C’est à l’issue de cet hommage que le Sénat devrait se prononcer quant à la forme de commémoration la plus adéquate.

Au niveau citoyen, une pétition qui recueille déjà 50 000 signatures demande la construction d’un monument commémoratif. Le consensus sur l’importance de cet hommage est donc là, reste à savoir où et comment.

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