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Musée Palais Ephraim : histoire, culture et styles de vie berlinois en un seul lieu

Le musée Palais Ephraim © Stadtmuseum Berlin, Photo Fiona Hirschmann Le musée Palais Ephraim © Stadtmuseum Berlin, Photo Fiona Hirschmann
Le musée Ephraim-Palais © Stadtmuseum Berlin, Photo Fiona Hirschmann
Écrit par Stadtmuseum Berlin
Publié le 1 novembre 2022, mis à jour le 1 novembre 2022

Si vous vous promenez dans les rues de Nikolaiviertel, vous pourriez faire un saut dans le passé, à deux pas du centre moderne de Berlin, et tomber sur le Palais Ephraim. Ce musée qui appartient au réseau de la Fondation des musées de la ville de Berlin, accueille des expositions qui explorent différents aspects de l'histoire et de la culture de la ville. Entièrement reconstruit en 1987 pour le 750ème anniversaire de la fondation de Berlin, le Palais Ephraïm a été l'objet d'une nouvelle restauration au cours des deux dernières années et a rouvert ses portes en septembre dernier avec la splendide exposition "Aufbrüche. Abbrüche. Umbrüche" sur l'art à Berlin-Est entre 1985 et 1995, dont une partie est visible dans la Nikolaikirche et dont nous avons déjà parlé.

 

 

L’histoire du Palais Ephraim 

L'histoire du bâtiment qui abrite ce musée est typiquement berlinoise : fragmentée, turbulente, extrême et emblématique d'une capacité à résister aux bouleversements environnants, en repartant chaque fois de ses propres fondations. C'était autrefois le site de la plus ancienne pharmacie de Berlin. Le bâtiment fut acheté en 1762 par le constructeur et bijoutier juif de la cour de Frédéric II, Veitel Heine Ephraim, qui chargea le maître d'œuvre Friedrich Wilhelm Diterichs de relier le bâtiment à un autre, lui appartenant également et situé au coin de la rue. Les deux bâtiments ont ensuite été transformés en un magnifique bâtiment d'angle de style rococo qui a rapidement été considéré comme le plus beau de Berlin.

 

Après 1892, le Palais Ephraïm changea plusieurs fois de mains : vendu par les héritiers du constructeur, il fut d'abord agrandi puis, en 1936, démoli pour permettre des travaux de modernisation du trafic fluvial. Cependant, la municipalité s'étant engagée à la reconstruire, la façade du bâtiment revit bientôt le jour. Elle n'avait pas été détruite, mais démontée et stockée en pièces détachées dans un entrepôt du quartier de Wedding.

 

Un détail de la facade originale © Stadtmuseum Berlin, Photo Fiona Hirschmann
Un détail de la facade originale © Stadtmuseum Berlin, Photo Fiona Hirschmann

 

Comme l’on peut facilement imaginer, les plans de reconstruction furent complètement bouleversés par la guerre et les fortunes ultérieures de Berlin : le site originel était à l'Est, la façade brisée à l'Ouest. Pendant un certain temps, l'Allemagne de l'Ouest envisagea de reconstruire le Palais Ephraim à Kreuzberg, mais le projet échoua et il fut donc convenu de le reconstruire à sa place pour l'anniversaire de la fondation de la ville. Les parties préservées de la façade ont donc été déplacées vers l'Est, où le palais a finalement été reconstruit, non loin de son emplacement d'origine, et est devenu le temple de la culture qu'il est resté jusqu'à ce jour.

 

 

Paul van Ostaijen © Sammlung der Stadt Antwerpen, Letterenhuis
Paul van Ostaijen © Sammlung der Stadt Antwerpen, Letterenhuis

 

Boem!

Actuellement le Musée Palais Ephraim abrite jusqu’au 30 décembre 2022 “BOEM!” (prononcez “boum”), une exposition sur le séjour berlinois du poète belge Paul van Ostaijen. Bien que ce nom ne soit pas très évocateur pour ceux qui ne parlent pas la langue flamande, l’homme qui le portait vaut la peine d’être connu.

 

Paul van Ostaijen a joué un rôle discret et important dans le milieu culturel et artistique du Berlin des années 1920. Son bref répertoire et sa mort précoce l'ont relégué presque aux archives de la culture belge, néerlandaise et allemande. “Boem!” est le titre néerlandais de l'un de ses poèmes les plus connus. Un voyage à travers son œuvre ne signifie pas seulement être témoin de l'aboutissement créatif d'un esprit dadaïste avec des dessins, des lettres et des graphiques en mouvement, qui s'intégraient si bien dans le clan berlinois des artistes expressionnistes-futuristes-cubistes, mais aussi être témoin de la passion de la jeunesse du XXème siècle, qui répondait à l'époque à de grands idéaux sociaux de changement. Dans son cas, la rébellion était le fruit de son lieu d'origine, étroitement liée à la défense de la langue néerlandaise en Flandre, face à une Europe menacée par l'impérialisme et l'hégémonie allemands et français.

 

Berlin a servi de lieu d'exil pour Van Ostaijen après la Première Guerre mondiale et de lieu de révolution anti-impérialiste et socialiste, où il trouvera une correspondance artistique très influente. Dans huit salles et à l'aide de photographies, de textes, de peintures, de trois grandes œuvres et de séries de lettres de toutes tailles et de toutes directions, l'évolution politico-artistique du poète, de ses débuts dans l'Anvers flamand à sa fuite vers la capitale allemande, est retracée.

 

Fritz Stuckenberg,Couple d'amants © Landesmuseum Oldenburg, Photo Alexander Rentsch
Fritz Stuckenberg, Couple d'amants © Landesmuseum Oldenburg, Photo Alexander Rentsch

 

L'arrivée à Berlin a sa magie, mais en arrivant en tant qu'artiste avant la révolution de 1918 (ou révolution de novembre), juste après la fin de la Grande Guerre, Paul van Ostaijen espérait fermement que l'art moderne jouerait un rôle important dans le renouvellement de la société et favoriserait ainsi une Europe pacifique et socialiste. Mais il est trop tôt pour cela. Il se retire en 1921 en Belgique, déçu par l'échec de la révolution à Berlin et avec l'impression que, à ses yeux, les artistes berlinois sont trop peu radicaux. Quoi qu'il en soit, grâce à sa compagne Emma Clément, il est entré par la grande porte dans le "Groupe de novembre" et dans la célèbre galerie et revue Der Sturm. Ainsi, parmi les œuvres de van Ostaijen, nous verrons également celles de ses contemporains tels que Stuckenberg et Grosz et des photographies de ce qui a dû être la première foire internationale dadaïste à Berlin en 1920.

 

Le manuscrit de Bezette Stad © Sammlung der Flämischen Gemeinschaft, Letterenhuis
Le manuscrit de Bezette Stad © Sammlung der Flämischen Gemeinschaft, Letterenhuis

 

Son volume de poèmes "Bezette Stad" ("Ville occupée"), écrit à Berlin même, mais inspiré par le siège d'Anvers par les forces armées allemandes pendant la Première Guerre mondiale, a entraîné une véritable révolution non seulement dans le monde de la poésie, mais aussi dans celui de la typographie, marquant un tournant dans la littérature européenne des temps modernes. La typographie rythmique est le résultat de l'influence expérimentale du mouvement Dada, des montages et coupes appliqués au cinéma ou de la liberté de la musique jazz, qu'il assimile à la révolution et à la finalité de l'art.

 

Après 100 ans d'absence, les œuvres de ce poète reviennent à Berlin et la ville renoue avec sa vision alors révolutionnaire et le développement artistique que la capitale allemande a connu de 1918 à 1921. À la fin de l'exposition, il y a un espace de réflexion pour les nouveaux artistes sur l'actualité des thèmes de Paul van Ostaijen : la guerre, la crise et la déception face à l'idée d'un monde libre et social.

 

Une salle de l´exposition © Stadtmuseum Berlin, Photo Alexander Rentsch
Une salle de l´exposition © Stadtmuseum Berlin, Photo Alexander Rentsch

 

L'exposition est organisée en collaboration avec la Fondation Stadtmuseum Berlin, le Letterenhuis Antwerpen, le gouvernement flamand de Belgique et l'organisation culturelle belgo-flamande Vlaams-Nederlands Huis deBuren. L'œuvre de Paul van Ostaijen a commencé à être reconnue dans les années 1950 et appartient aujourd'hui à l'héritage artistique de la poésie néerlandophone.

 

Informations pratiques :

Museum Palais Ephraim, Poststraße 16, 10178 Berlin

Horaires d'ouverture : du mardi au dimanche, et jours fériés | 10h - 18h. Fermé les lundis.

 

Tarif plein 6 euros / tarif réduit 4 euros

Entrée gratuite pour les enfants et les jeunes jusqu'à l'âge de 18 ans

Les billets sont également disponibles à l'avance en ligne jusqu'à 14 jours avant la visite.

 

BILLET COMBINÉ pour les expositions :

“Aufbrüche. Abbruch. Umbrüche” au Musée Nikolaikirche & “Boem!” au Musée Palais Ephraim :

Tarif plein 10 euros / tarif réduit 6 euros. Disponible à la caisse sur place.

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