La hausse des prix de l'énergie en Allemagne, un problème national et international

Par Emma Voglimacci Stephanopoli | Publié le 12/02/2022 à 13:35 | Mis à jour le 14/02/2022 à 10:56
Photo : © Fré Sonneveld - Unsplash
Antennes électriques

L’Allemagne est le pays où l’énergie est la plus chère d’Europe. Avec la hausse des prix du gaz et de l’électricité sur tout le continent, les ménages les plus modestes se retrouvent en difficulté.

 

Une hausse des prix inquiétante

En 2021, les tarifs de l’électricité et du gaz en Allemagne ont augmenté respectivement de 18,4 % et de 46,6 %. Une flambée des prix inquiétante qui se poursuit en 2022 et à laquelle s’ajoute une inflation de 4,9 %. Les foyers les plus modestes sont étranglés par ces coûts, leurs salaires n’ayant pas augmenté. L’allocation dont bénéficient les ménages les plus pauvres n’a couvert que deux tiers des frais énergétiques de l’année. En conséquence, ils ont dû débloquer environ 94 euros de leur budget. En Allemagne, le fournisseur d’électricité peut cesser d’approvisionner un client après 100 euros de retard de paiement. De nombreux foyers risquent ainsi de se retrouver sans chauffage, ni électricité...

 

Des mesures pour contrebalancer la hausse des coûts

Face à ce problème, l’ex-ministre allemand de l’Économie avait annoncé en octobre une baisse de 43 % de la surtaxe EEG. Un cadeau fiscal d’une valeur de 9 milliards d’euros qui permet de diminuer le coût de l’énergie pour tous les foyers.

 

 

 

Le nouveau gouvernement a continué dans cette lancée. Christian Lindner, ministre des Finances a annoncé la suppression de la surtaxe pour le milieu de l’année.

 

 

Enfin, le ministère du Logement a déclaré le 2 février que l'Etat allait accorder dès cet été une aide financière pour les ménages les plus modestes. Le montant sera fixé entre 115 et 135 euros pour les personnes seules, 175 euros pour un couple et 35 euros pour chaque membre supplémentaire du foyer. Cette subvention représente un coût de 130 millions d’euros à l’État fédéral.

 

L’énergie, un enjeu à la dimension géopolitique

La situation énergétique allemande s’analyse aussi au niveau international. Le pays est dépendant du gaz russe, qui représente 55 % de ses importations. Une position ambiguë puisque le pays membre de l’UE et de l’OTAN, est dans une position délicate face à la Russie sur le dossier ukrainien.

 

 Nous surveillons la situation des niveaux de stockage et elle est certainement inquiétante - Le porte-parole du ministère de l'Energie et du Climat.

Le 9 février, l’Allemagne s’alarme publiquement. Le porte-parole du ministère de l’Économie et du Climat annonce que le niveau des réserves de gaz est descendu à 35 %, un niveau inquiétant. En 2020, à la même période, les stocks s’élevaient à 80 %. Le pays risque donc une nouvelle crise du gaz et une augmentation des coûts.

 

Pour contrecarrer cette dépendance, le pays a annoncé la semaine dernière développer la construction de terminaux méthaniers pour importer du gaz liquéfié. Le Japon a déjà annoncé la livraison d’une partie de ses importations de GNL (gaz naturel liquéfié) à l’Europe, tandis que le Qatar s’est dit prêt à l’approvisionner si la Russie interrompait ses exportations.

 

L’Allemagne reste dans une position inconfortable et risquée, en particulier si la situation en Ukraine continue de se dégrader.

 

 

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emma V

Emma Voglimacci Stephanopoli

Étudiante à Sciences Po Lille, elle rejoint l'équipe du Petit Journal de Berlin en février 2022, prête à découvrir la ville, ses habitants et sa communauté d'expatriés francophones !
1 Commentaire (s) Réagir
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studer lun 14/02/2022 - 11:26

Comme la CSPE/TICFE en France, l'EEG est une taxe sur le kWh destinée à financer les productions d'énergies dites renouvelables (éolien et solaire). Plus précisément, elle permet de leur verser des subventions correspondant à l'écart entre un prix de vente convenu et le prix du marché. Or ce prix est tellement élevé que le montant de ces subventions est nul. Donc l'EEG ne se justifie pas : comme en France l'annulation de cette taxe n'est pas un "cadeau" aux consommateurs car elle ne se justifie pas, le gouvernement n'ayant rien à financer avec elle. L'inverse serait même scandaleux !

Il faut donc le répéter : si le gouvernement tient à aider les consommateurs face à la hausse des prix de l'énergie, il lui faut trouver un autre argument (et un autre moyen) , celui-ci relève de la malhonnêteté intellectuelle.

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