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Pour Greenpeace, limiter sa consommation d’hydrocarbures c’est aussi aider l’Ukraine

Greenpeace à BrêmeGreenpeace à Brême
© Axel Heimken - Greenpeace
Écrit par Emma Voglimacci Stephanopoli
Publié le 10 mars 2022, mis à jour le 11 mars 2022

L’ONG Greenpeace a protesté à Brême ce week-end pour dénoncer une dépendance allemande aux hydrocarbures russes qu’elle estime dangereuse pour le climat et incompatible avec la paix en Ukraine.

 

Fin février, les médias ont mis en avant deux événements a priori sans rapport. Le 24, la Russie de Vladimir Poutine envahit l’Ukraine. Le 28, le GIEC rend publique la seconde partie de son sixième rapport sur le réchauffement climatique, annonçant des températures catastrophiques pour la biosphère et la société. En apparence, rien ne relie ces deux événements. Pourtant, ils partagent un facteur commun : la dépendance aux hydrocarbures et notamment aux gaz et au pétrole russe…

 

Une dépendance allemande dénoncée par Greenpeace

Le 7 mars 2022, 23 militants de Greenpeace se sont rassemblés dans le port de Brême à bord de kayaks pour une action choc. Leur cible est ce gigantesque navire allemand, le « Seasprat », qui transporte du pétrole depuis le port russe de Primorsk vers l’Allemagne. Sur sa façade, ils ont inscrit en grosses lettres jaunes : « Peace – Not oil ».

Pour ces activistes, « chaque litre de pétrole que l'Allemagne achète à la Russie met de l'argent dans le trésor de guerre de Poutine » explique la militante Marion Tiemann. Selon l’Office fédéral de la statistique Destatis, en 2021 les importations en provenance de la Russie vers l’Allemagne ont augmenté de 54 % par rapport à 2020. Plus de la majorité de ces importations sont du pétrole brut et du gaz, et elles représentent à elles seules 1/3 des importations allemandes de pétrole. En bref, le pays est particulièrement dépendant de son fournisseur russe.

 

Chaque litre de pétrole que l'Allemagne achète à la Russie met de l'argent dans le trésor de guerre de Poutine - Marion Tiemann, Greenpeace

Pour Greenpeace, la solution est d’y renoncer. Moins d’importations, c’est moins de complicité avec le régime de Poutine. Une idée partagée par Joe Biden qui a annoncé la mise en place d’un embargo sur le pétrole russe, en déclarant que les États-Unis porteront ainsi « un coup puissant à la machine de guerre de Poutine » et « ne participeron[t] pas à la subvention de la guerre de Poutine. »

Le gouvernement fédéral allemand a jusqu’à présent rejeté ce projet. Le ministre de l’Économie Robert Habeck des Verts, a déclaré la semaine dernière lors d’une rencontre avec des chefs d’entreprises : « Je ne préconiserais pas un embargo sur les importations de combustibles fossiles en provenance de Russie. Je me prononcerais même contre. » Selon lui, l’Allemagne a « besoin de ces approvisionnements en énergie pour maintenir la stabilité des prix et la sécurité énergétique ». Lors du sommet européen en cours aujourd’hui à Versailles, dans lequel la dépendance de l’UE à l’énergie fossile russe est discutée, l’Allemagne sera peut être amenée à changer d’avis sous la pression des autres membres de l’Union europénne.

 

Un programme en 10 points

Greenpeace a proposé en solution un programme en 10 points, préconisant des mesures qui permettraient, selon eux, de « réduire les besoins allemands en pétrole de dix à douze pour cent ». Ils proposent des mesures politiques comme la limitation à 80km/h sur les autoroutes limitées à 100km/h, la mise en place de dimanches sans voiture, l’interdiction de vols intérieurs, la baisse du chauffage de 1 à 2°C ou encore l’extension de l’obligation de télétravail. D’autres points reposent sur le volontariat comme l’incitation à se déplacer à vélo, ou via les transports en commun plutôt qu’en automobile, ou encore renoncer aux trajets de plus de 20km dans le cadre de loisirs.

Le programme complet est disponible ici.

 

Greenpeace milite aussi en France

Les activistes de l’ONG se sont aussi mobilisés ce week-end à Hambourg, ainsi qu’en France à Saint-Nazaire, où « ils ont manifesté contre l'importation de gaz russe par la compagnie énergétique Total, qui est la seule grande compagnie pétrolière refusant de se retirer de Russie. »

 

L’hexagone est à quelques mois de l’élection présidentielle, la visibilité des combats écologiques est cruciale pour les différentes ONG et associations défenseuses du climat. Greenpeace a essayé de marquer les esprits en lançant une campagne « choc », en publiant une vidéo imitant une bande annonce de documentaire qui se déroule 20 ans après l’élection, en pleine crise climatique. Les différents candidats, et personnalités médiatiques tentent de justifier face caméra leurs « inactions écologiques » qui n’auraient pas empêché la crise. Il reste à savoir si cette vidéo alarmante impactera le programme des candidats…

 

 

 

 

 

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