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Focus sur Gerhard Schröder, le mal-aimé de l’Allemagne

Gerhard SchroderGerhard Schroder
© André Zahn — Beatpark - Wikipedia

En raison de sa proximité avec la Russie et Vladimir Poutine, l’ex-chancelier allemand a dû renoncer à un certain nombre de privilèges face au flot de critiques à son encontre.

 

Un homme politique encombrant de par sa proximité avec le Kremlin

Plus le conflit en Ukraine dure, plus Gerhard Schröder s’impose comme le paria de la société allemande. Proche des pouvoirs russes, il a une position considérée ambiguë sur le conflit en Ukraine. S’il a d’abord condamné l’agression du pays, il a finalement nuancé son propos en demandant « à ne pas complètement couper les liens » avec la Russie. Pire, celui-ci refuse de démissionner de son poste de président du conseil d'administration de Rosneft, premier groupe pétrolier russe, et du comité d'actionnaires de Nord Stream 2, gazoduc russo-allemand suspendu depuis l'invasion de l'Ukraine. En juin 2022, il devait aussi intégrer le conseil de surveillance du géant gazier Gazprom. Une décision à l’opposée des hommes politiques européens impliqués dans le monde économique russe, comme François Fillon et Matteo Renzi, qui ont préféré démissionner de leurs postes, faisant passer l'Allemagne pour complaisante. 

Enfin, au sein du pouvoir allemand, il lui a été reproché sa visite en mars au Kremlin qu'il a effectuée sans avoir préalablement prévenu le chancelier Olaf Scholz et son gouvernement.

 

Interviewé par le New York Times le 23 avril, il explique ne pas faire de « mea culpa », critiquant les anciens dirigeants allemands qui auraient tous choyé Poutine sans l’assumer, contrairement à lui. Il qualifie la guerre d'«  erreur » et rejette la responsabilité du président russe dans le massacre de Boutcha. Or, ces propos reflètent un conflit d’intérêt évident. Peut-il réellement dénoncer Vladimir Poutine alors qu’il est payé plus d’un million d’euros à l’année par des entreprises contrôlées par Moscou ? 

 

Pressions et sanctions

Les appels à ce qu’il coupe les ponts avec le Kremlin se sont multipliés, au sein même de son parti. Jessica Rosenthal, députée SPD et présidente de la branche jeunesse avait déclaré en février dernier, « Gerhard Schröder est un représentant des intérêts russes et rien d’autre ». A la même période, 56 % des Allemands estimaient que son engagement au profit des groupes russes portait préjudice aux efforts occidentaux dans la crise ukrainienne, selon un sondage Civey.

 

En conséquence, la semaine dernière, « le comité des affaires budgétaires du Bundestag a voté une résolution le privant des avantages matériels liés à son ancienne fonction : des bureaux personnels, des chauffeurs et plusieurs collaborateurs, soit l'équivalent de 400 000 euros par an pour le contribuable allemand » selon Le Figaro.  

 

Ces pressions semblent avoir eu raison de la détermination de l’ancien chancelier à ne pas renoncer à ses positions et avantages dans les entreprises russes. La semaine dernière, Gerhard Schröder a annoncé qu'il souhaitait quitter le conseil de surveillance de la compagnie pétrolière Rosneft expliquant qu'il lui était impossible de prolonger son mandat. Enfin, mardi, il a affirmé dans un court message sur Linkedin qu’il ne rejoindrait pas le conseil de surveillance de Gazprom, la gigantesque entreprise de gaz russe. Selon lui, l’information de Reuters qui affirmait qu’il était nommé à sa tête est née d’une confusion, aujourd’hui corrigée explique le Spiegel.

 

 

Néanmoins, l’homme politique n’est pas sorti d’affaire. Le Parlement réclame toujours des sanctions à son encontre tandis que le 15 juin, la commission d'arbitrage du sous-district SPD de Hanovre doit discuter de l'opportunité d'exclure l'ancien chancelier du parti.

 

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