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Frank-Walter Steinmeier, un président populaire aux pouvoirs limités

Président Fédéral Allemand SteinmeierPrésident Fédéral Allemand Steinmeier
© Rabenspiegel - pixabay
Écrit par Emma Voglimacci Stephanopoli
Publié le 21 février 2022, mis à jour le 17 mars 2022

Le 13 février Frank-Walter Steinmeier était réélu, sans surprise, président fédéral de l’Allemagne. Le social-démocrate populaire continuera de remplir son rôle de « boussole morale » du pays pour cinq années supplémentaires.

 

Une réélection entendue

Le 13 février dernier, Frank-Walter Steinmeier a été reconduit au poste de président fédéral allemand pour un second mandat. Soutenu par les députés du Bundestag et les délégués des Länder de droite comme de gauche, il est selon Die Süddeutsche Zeitung, le cinquième président à effectuer un second mandat. C’est un franc succès pour le social-démocrate adoubé par tous les partis, à l’exception du parti d’extrême droite AfD et de gauche radicale Die Linke. Il symbolise un gage de continuité après le retrait politique d’Angela Merkel, restée 16 ans au pouvoir.

 

Un homme populaire

Peu connu en France, le président est un homme populaire en Allemagne. Selon l’institut Forsa, 70 % des Allemands étaient en faveur de sa réélection en octobre.

 

Fils d’un menuisier et d’une ouvrière, le social-démocrate a gagné en popularité au cours de sa carrière. Après des études de droit, il rejoint la chancellerie régionale de Basse-Saxe, puis suit Gerhard Schröder à Berlin où il devient directeur de chancellerie de 1999 à 2005. Repéré par Angela Merkel, il est nommé ministre des Affaires étrangères dans son premier gouvernement de coalition.

 

En 2009, il essuie le pire échec de sa carrière. Sa campagne, orientée à gauche pour les législatives, conduit le SPD à un échec politique avec score au plus bas depuis la Seconde Guerre mondiale. Dans l’opposition pendant trois ans, il accepte de quitter la tête du parti. En 2013, la formation d’une grande coalition lui permet néanmoins de retrouver le poste de ministre des Affaires étrangère qu’il affectionne particulièrement et pour lequel il est reconnu. En effet, plus de trois-quarts des Allemands jugent favorablement la manière dont il représente l’Allemagne à l’étranger. Président fédéral depuis 2017, il continue à être apprécié par l’opinion publique pour son travail en politique mais aussi pour des aspects plus personnels de sa vie à l'image du don d’un rein qu'il fait à sa femme en 2010 et les semaines qu'il passe à son chevet qui marquent les Allemands.

 

Un titre surtout honorifique, mais pas dénué de pouvoir

En Allemagne c’est le chancelier qui est vraiment à la tête du pays. Le rôle du président est bien différent de celui de son homologue français. Sa fonction est avant tout représentative, il est le premier personnage de l’État allemand, le représentant à l’intérieur du pays comme à l’extérieur. Un rôle que Hans Stark, chercheur à l’IFRI compare dans une interview au Figaro à celui de la reine d’Angleterre. Si sa position est avant tout honorifique, il détient une véritable influence. Il est considéré comme la « boussole morale » du pays. Il donne ainsi les grandes orientations des débats publics en évitant les positions partisanes.

 

Pour autant, il n’est pas dénué de pouvoir institutionnel, notamment en matière d’exécutif. Pour qu’une loi entre en vigueur, elle doit être ratifiée par le président. S’il estime que celle-ci est inconstitutionnelle, il peut refuser de la signer. La cour constitutionnelle examine alors le projet de loi et dans le cas où elle déclare sa validité, le président est contraint de le ratifier. Le président fédéral a donc un rôle de garant de la Constitution. Un statut positivement perçu par les citoyens allemands, qui apprécient qu’il se tienne au-dessus de la mêlée. Une qualité que Frank-Walter Steinmeier a légèrement mise de côté lors de son discours du 13 février, dans lequel il a fermement pris position sur le dossier ukrainien, pointant du doigt la responsabilité de Vladimir Poutine. “Les déploiements militaires russes ne laissent pas la place au doute. Ils représentent une menace contre l’Ukraine” a-t-il déclaré. Un geste qui a surpris et créé l’émoi mais qui a renforcé politiquement le président.

 

 

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