À l’occasion du vernissage de son exposition « Sur la plage, les pavés », Le Petit Journal a rencontré Clément Claudius pour évoquer le travail de cet artiste français à Berlin.
De la biologie à l’art, une reconversion à la berlinoise
Originaire de Lyon et diplômé en biologie, Clément a longtemps habité en Allemagne avant de reprendre les études en septembre 2016 pour faire les Beaux-Arts de Berlin. Quand on lui demande, on sent que l’art a toujours été une composante de son essentiel : « J’ai toujours fait des projets artistiques même avant les Beaux-Arts. Je faisais pas mal de Street Art notamment, je ne sais pas pourquoi, pour le plaisir de le faire. déclare-t-il faire les beaux-arts cela a été comme une suite logique à son parcours. »
Un appel à projet qui en fait naître un nouveau
Diplôme des Beaux-arts en poche, c’est Peter Ungeheuer qui propose à Clément de répondre à l’appel à projet « Joy and Revolution » de Diskurs Berlin. Ayant remarqué ses œuvres durant son cycle aux Beaux-arts en juillet 2022, ce collectionneur berlinois pousse l’artiste à présenter son travail et ensemble, ils finissent par remporter l’appel à projet.
Pour Clément, sans Peter, il n’aurait pas postulé : si la thématique de la révolution lui parle ce n’est pas forcément son thème de prédilection dans son travail avance-t-il sans hésiter.
Début mars, appel à projet remporté, l’entièreté de l’exposition est à construire. 14 œuvres en deux mois : c’est le défi qu’il a décidé de relever.
Sur la plage, les pavés : révolutions en tous genres
Pour parler de révolution, Clément a choisi d’axer son travail sur les manifestations. S’il n’est pas un militant de première ligne, il affirme qu’il va en manifestation plusieurs fois par an et que c’est pour lui nécessaire. « Je pense que dans sa vie, il faut aller au moins une fois dans une manif. Il y a toujours une injustice, il y a toujours des droits pour lesquels il faut se battre. Il y a une expérience sociale forte, il y a quelque chose de presque animal à aller dans les manifs. Et ça permet de se rendre compte de la violence : de terrain. Quand t’as un policier en face de toi avec une armure avec une matraque dans les mains qui te balance du gaz lacrymogène : il y a quelque chose d’hyper violent. Quand t’as toi des intentions pacifistes, il y a un décalage qui est totalement choquant. »
Je pense que dans sa vie, il faut aller au moins une fois dans une manif. Il y a toujours une injustice, il y a toujours des droits pour lesquels il faut se battre. Il y a une expérience sociale forte, il y a quelque chose de presque animal à aller dans les manifs. - Clément Claudius- Clément Claudius
Manifestations berlinoises, révolutions de tous les peuples, mobilisations françaises : au sein de l’exposition, chacun peut retrouver une œuvre qui lui parle. Mêlant installation, photographie, détournement d’objets du quotidien, Clément Claudius a fait appel à toutes ses expériences personnelles mais aussi à la culture générale pour illustrer la révolution.
Si l’appel à projet a eu lieu avant le début du mouvement social français, il est évident pour l’artiste que les manifestations hebdomadaires depuis janvier ont joué dans la construction de ses œuvres. L’ensemble des 14 œuvres de l’exposition fait écho à l’escalade de la violence que connaît la métropole ces derniers mois.
Choquer pour interroger
Dans la construction de ses œuvres, Clément Claudius cherche à interpeller le spectateur pour le questionner : drapeau français en gilet jaune, détournement des objets de manifestation du quotidien… l’artiste cherche à pousser les limites et à interroger le spectateur sur son rapport à la violence.
Il est allé jusqu’à s’équiper en CRS berlinois et à imprimer le portrait en taille réelle pour montrer au spectateur ce que peut être la réalité d’une manifestation. Si l’on regarde à deux fois cette œuvre, on y voit un bébé en portage. Selon l’artiste cela pourrait être symbole d’une dichotomie entre la violence des crises qui arrivent et d’une génération qui devra y faire face malgré elle.
Jusqu’au 2 juin au Diskurs Berlin
L’exposition a lieu jusqu’au 2 juin 2023 au Diskurs Berlin à Mitte. Venez rencontrer l’artiste pour discuter de ses œuvres et échanger autour du thème de la révolution. Toutes les informations sont à retrouver ici.
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