Mathieu Kiepferlé, analyste chez Stepstone, nous partage sa propre expérience du marché du travail allemand et nous éclaire sur les erreurs à éviter pour réussir ses candidatures en Allemagne. Il sera l'un des invités du prochain networking pour francophones à Munich, municité.


L’Allemagne comme un nouveau départ
Arrivé officiellement à Berlin il y a deux ans, Mathieu Kiepferlé a pris ses fonctions chez Stepstone le 1er mai 2023. Parisien depuis toujours, son plus grand changement, comme il s’amuse à le dire, avait été de passer du 5ème au 13ème arrondissement. Faire le grand saut vers l’Allemagne était donc un vrai choix de vie.
“Cela faisait un moment que je venais régulièrement travailler en télétravail depuis Berlin pour rendre visite à mon compagnon. La période post-covid a rendu cela possible. Et c’est comme ça que j’ai découvert Berlin et l’Allemagne en général qui n'étaient pas du tout sur mon radar.”
Depuis la fin de ses études, il coche les cases de sa carrière “comme il faut” et l’envie d’ailleurs commence à se faire sentir. “J’ai travaillé dans le domaine des études de marché, chez IPSOS et BVA. C’est le genre de carrière où le chemin est relativement tracé. On est un temps chargé d’études, puis chef de groupe, etc.” La décision de partir à l’étranger lui permet donc d’ouvrir le champ des possibles et de tester quelque chose de différent.
“Ce que j’avais vu de Berlin et de l’Allemagne me plaisait. Le fait de pouvoir explorer sa personnalité. Je suis né à Paris, j’ai grandi à Paris, étudié et travaillé entre trois arrondissements. Et je commençais à me demander si j’étais là parce que j’avais suivi les étapes d’un parcours plutôt que par choix personnel.”
Pour s’installer vraiment en Allemagne, il choisit donc de commencer sa recherche d’un nouvel emploi, basé à Berlin. “J’ai donc fait ce que je savais faire : une étude de marché. Et je me suis demandé quelles étaient les différentes plateformes pour trouver un emploi en Allemagne. J’ai vu que LinkedIn était présent, Indeed aussi. Et j’ai découvert Stepstone que je ne connaissais absolument pas.” Le hasard a fait qu’il tombe sur une offre d’emploi, chez Stepstone, pour un poste qui correspond point pour point à son profil.
L’oeil de l’analyste sur le marché de l’emploi allemand
Il rejoint l’équipe “Customer Expérience” de la plateforme qui est une équipe en interne chargée de réaliser des études et d’analyser les besoins et les plaintes des clients (comprendre les recruteurs). Le but est de toujours être au fait des attentes et des changements du marché du recrutement. Et le sujet central, inévitable, c’est celui de la rencontre entre l’offre et le candidat.
“Tous les outils doivent être tournés vers ce but du “matching” entre candidat et recruteur. Et lorsque la rencontre n’a pas lieu, on essaie de comprendre pourquoi. Dans beaucoup de cas, ce sont souvent des erreurs côté candidature. Des erreurs simples peuvent réduire à néant les chances d’avoir un poste.”
“Il y a des différences culturelles assez importantes entre la France et l’Allemagne. La lettre de motivation par exemple est demandée par plus de deux tiers des recruteurs allemands, contre moins de la moitié en France. Un autre point qui peut sembler évident quand on a passé quelque temps en Allemagne c’est le fait que tous les éléments demandés pour une candidature, sont attendus. Il s’agit de l’un des premiers filtres pour sélectionner les candidatures. Et vu le nombre de commentaires des recruteurs à ce sujet, ce n’est pas un épiphénomène !" Nous confie-t-il avec le sourire.

Les désillusions : compétences linguistiques et Berlin
“Il y a eu par le passé, la construction d’une image de l’Allemagne comme pays où l’on peut trouver un poste sans parler la langue. Aujourd’hui, les chiffres ne confirment pas cette théorie. Si l’on compare l’Allemagne avec les Pays-Pas, seulement 2 à 3% des offres d’emploi ne nécessitent pas de compétences en allemand, contre 8% en néerlandais, selon Indeed.”
Si certains peuvent penser que Berlin est une bulle internationale offrant beaucoup plus d’offres d’emploi anglophones, Mathieu remet là aussi les choses dans leur contexte et nous expliquant que seulement 3 % des offres d’emploi actuelles en Allemagne concernent Berlin. “Ensuite, Berlin concentre aussi beaucoup d’entreprises internationales et d’emplois dans le digital, qui sont ceux qui ont le plus souffert de la récession actuelle. Au niveau international, on utilise beaucoup d’expression de récession des cols blancs.”
Le marché de l’emploi munichois, plus varié qu’à Berlin, se porte un peu mieux. Chiffre à l’appui, encore une fois, Mathieu nous explique que le taux de chômage de Berlin est de 10%, contre 4% seulement à Munich. "Et il y a également beaucoup de postes en anglais à Munich, Hambourg ou Düsseldorf. L’idée que Berlin concentre les postes en anglais n’est pas vraie."
"Un conseil que je donnerais à quelqu’un qui chercherait à s’installer en Allemagne serait de ne pas se limiter à Berlin et d’avoir une idée très claire de son profil et de ses points forts. Le marché de l’emploi est compliqué aujourd’hui. L’angoisse principale des employeurs est de faire un mauvais recrutement. Il faut donc vraiment travailler ses candidatures et cibler ses recherches."

Mathieu Kiepferlé sera l'un des trois intervenants lors de la soirée networking pour francophones munichois, municité, le 2 juin prochain. Retrouvez toutes les informations sur la soirée sur le site municité.
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