De Jean Nouvel au Corbusier, en passant par Renzo Piano et Dominique Perrault, la capitale allemande est un concentré d’œuvres contemporaines érigées par les plus grands architectes.
Un laboratoire architectural à ciel ouvert
Depuis la fin de la seconde guerre mondiale puis la réunification, Berlin est en constante transformation, les cités modernistes du début du XXème siècle interagissent aujourd’hui avec les nouveaux bâtiments et les architectes contemporains du monde entier viennent donner libre cours à leurs inspirations créatrices. La coexistence entre les nouveaux bâtiments et la préservation des parties historiques de la ville donnent à la capitale un style architectural hétéroclite mais l’aménagement urbain choisi façonne aujourd’hui l’originalité de Berlin. Les nombreuses réalisations du XXème siècle composent un ensemble dont on peut s’imprégner par une sélection de monuments et quartiers.
Shell House
Construite en 1931, la Shell Haus est un incontournable de l’architecture moderne berlinoise. Situé sur les rives du LandwehrKanal, le bâtiment aux formes complexes a été érigé par l’architecte Emil FahrenKamp. Le bâtiment à ossature d'acier peut être attribué stylistiquement à la Nouvelle Objectivité et est considéré comme l'un des bâtiments de bureaux les plus importants de la République de Weimar. Ce chef d’œuvre du modernisme allemand est constitué de façades ondulées permettant de jouer avec les perspectives suivant l’angle de vue.
Deutsche Oper à Charlottenbourg
Le bâtiment au style moderne fut inauguré en 1961 par l’architecte Fritz Bornemann, il fut le seul opéra en fonction dans la partie Ouest de Berlin après la construction du mur. L’architecture monumentale et brute de l’opéra transmet l’idée d’un lieu démocratique, ouvert à tous. Les grandes façades en verre et les 88 dalles de béton délavées s’opposent drastiquement à la conception de l’ancien opéra classique détruit pendant la guerre et le projet suscita de nombreuses controverses au sein du jury avant même le début de la construction. L’architecture choisie dissimule en fait la véritable philosophie du lieu qui se démarque par une élégance simple et unique parmi les autres bâtiments culturels de Berlin lorsque l’on pénètre au sein de ses murs.
Potsdamer Platz
La place, traversée par le mur de Berlin pendant plus de trente ans, a été l’un des plus gros chantiers d’Europe dans les années 90. Un appel à projet a été lancé en 1991 par le Sénat allemand et deux projets radicalement opposés ont été retenus, le premier étant mené par l’architecte Helmut Jahn en collaboration avec la société japonaise Sony ayant son siège social au sein du Sony Center érigé de verre et d’acier. Le second appel à projet a été remporté par l’architecte italien Renzo Piano, dont les bâtiments en briques sont bien connus à Potsdamer Platz. La configuration de la place permet de relier le Kulturforum avec le quartier historique et le nouveau centre névralgique près de Tiergarten.
Schaubühne am Lehniner Platz
Conçu par l’architecte Erich Mendelsohn, le Schaubühne fait partie du complexe immobilier WOGA de Lehniner Platz et constitue l’un des édifices les plus fascinants de Ku’damm. Le type de construction s’inscrit dans le mouvement de la Nouvelle Objectivité des années 1920. L’ancien Kino Universum fut le premier cinéma moderniste du monde. Détruit en grande partie après la guerre, celui-ci a finalement été rénové dans les années 1970 pour devenir un théâtre. Aujourd’hui, il est admiré pour sa façade en brique sombres et sa structure étonnante donnant l’impression d’un fer à cheval.
Vélodrome et piscine olympique
Situés à la frontière entre Friedrichshain et PrenzlauerBerg, l'immense complexe polyvalent est né de la candidature de la capitale allemande aux jeux Olympiques de l'an 2000. C’est l’architecte français Dominique Perrault qui remporte le projet. Construit dans les années 90, le complexe immergé constitue l’une des plus grandes réalisations de l’architecte après la bibliothèque nationale de France. L’ampleur de la structure et des volumes enfouis ont nécessité dix années de travail et les deux halls étant construits à 17 mètres sous terre, la conceptualisation du lieu permet l’accès à un parc frontalier aux toitures des deux bâtiments. Les berlinois s’y retrouvent aujourd’hui pour s’y promener ou lors des compétitions et concerts présentés au vélodrome.
Le CorbusierHaus
Le monument fut construit en 1958 par l’architecte naturalisé français Le Corbusier dans le cadre de l'Interbau, l'exposition internationale de la construction. Après avoir érigé les cités radieuses de Marseille et de Nantes, l’Unité d'habitation de Berlin est le troisième ensemble d'habitations de ce type. Elle se présente sous la forme d'une tour de 17 étages posée sur des piliers et comprend 557 appartements. Le style brutaliste de la construction n'a pas totalement respecté les plans prévus et l’édifice a été renié par l'architecte. Le bâtiment sera pourtant classé monument historique en 1993.
Le Bundesschlange à Moabit Werder
Autrefois port et dock de Berlin, le quartier de Moabit fut presque totalement détruit au cours de la seconde guerre mondiale. Depuis la réunification et la reconstruction du quartier, des bâtiments plus étonnants les uns que les autres y ont fait leur apparition. On compte notamment parmi eux le Bundesschlange ("Serpent fédéral") construit à la fin des années 90. L’architecte berlinois Georg Bumiller l'a conceptualisé avec une façade de plus de 300 mètres de long faite de briques et la forme ondulée du bâtiment nous évoque bien celle d’un serpent. Il fut construit pour les fonctionnaires arrivant de Bonn et sujet à de nombreuses controverses, souvent moqué par l'appellation “casier à fonctionnaires”.
Jean Nouvel : les Galeries Lafayette
Réalisé en 1996, l’édifice de l’architecte français Jean Nouvel, situé au croisement de la Französichestrasse et de la Friedrichstrasse, se caractérise par sa grande façade en verre et en béton. Il se trouve dans l’une des rues les plus commerçantes de Mitte et abrite magasins, bureaux, restaurants et logements. La coupole du bâtiment est typique d’une reprise contemporaine des grands magasins parisiens et la dématérialisation de l’angle permet aux piétons de passage d’apercevoir les cônes de lumières présents au sein de la façade en verre.
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