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Face au vieillissement de sa population, l’Allemagne veut favoriser l’immigration

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Immigrer en Allemagne sera bientôt plus facile © Sophia Schultz - Pexels
Écrit par Ambre Lagraulet
Publié le 30 mars 2023, mis à jour le 30 mars 2023

La population allemande vieillit, un phénomène qui mène à un manque important de main d’œuvre. Pour le gouvernement Scholz, la solution qui s’impose est de faire de l’Allemagne un pays d'immigration.

 

Selon une étude de la chambre de commerce et d’industrie, ce sont deux millions de postes qui sont actuellement vacants. Plus alarmant, d’ici 2035, ce sont plus de sept millions de personnes qui pourront partir à la retraite, et autant d’emplois qu’il faudra combler. Face à ce constat, la coalition feu tricolore souhaite faciliter les procédures d’immigration en Allemagne. Il s’agit d’attirer des travailleurs qualifiés de l’Union européenne et d’ailleurs, et de pourvoir des emplois dans des secteurs en tension, comme la construction ou la santé.

 

L’Allemagne manque de main d’œuvre

L'Allemagne a l'un des taux d'activité les plus hauts de l'Union Européenne. En 2021, selon une étude de l'Insee, 82,7% des hommes et 74,6% des femmes étaient en emploi dans le pays. Malgré ce taux d'activité record, le pays souffre d'un manque de main d'oeuvre, notamment au sein du Mittelstand, composé des PME et d’entreprises familiales, qui soutiennent fortement l’économie allemande.

 

Si la pénurie n'est pas encore généralisée, elle touche particulièrement certaines régions et des secteurs précis, comme la santé, l'éducation, l'artisanat ou même les métiers scientifiques hautement qualifiés. Surtout, le manque de main-d'oeuvre va devenir plus préoccupant dans les prochaines années. D'ici 2035, 20 millions de personnes auront plus de 67 ans en Allemagne, selon l'Office fédéral de la Statistique, ce qui représente une augmentation de près de 20% par rapport à la situation actuelle. En outre, dans les quinze prochaines années, 13 millions de travailleurs devraient partir à la retraite.

 

La pénurie de main d’œuvre dans la santé est d'ailleurs particulièrement préoccupante, puisqu’il faudra du personnel pour prendre en charge les futurs retraités allemands. De même pour la transition énergétique voulue par la coalition gouvernementale, il s’agit de recruter du personnel dans la construction, mais aussi des salariés qualifiés pour parvenir à remplir ces objectifs.

 

Ce manque de personnel avait été, jusque-là, comblé par d’autres mesures, notamment sur l'âge du départ à la retraite. Les salariés allemands étaient encouragés à prendre plus tardivement leur retraite, et l'âge minimum était passé à 65 ans, pour atteindre 67 ans d'ici 2030. Le taux d’activité des plus de 60 ans en Allemagne se situe ainsi au dessus de la moyenne de l’UE.

 

Selon les chiffres de l’Office fédéral de la Statistique, en 2022, 79,3% des hommes âgés de plus de 60 ans étaient en activité, pour 71,1% des femmes du même âge. En 20 ans, ces chiffres ont doublé pour les hommes, et quadruplé pour les femmes. Dans les secteurs en tension, comme celui de la santé, on observe une évolution semblable. Aujourd’hui, 23% des employés de ce secteur ont plus de 55 ans.

 

On observe cependant déjà des limites à l’emploi des séniors : depuis 2018, hors pandémie, leur taux d’activité stagne. C'est pourquoi la coalition feu tricolore cherche de nouvelles solutions à ce manque de personnel, dont l'une semble déjà s'imposer : favoriser l'immigration en Allemagne.

 

Une loi d'immigration particulièrement libérale

Le gouvernement d’Olaf Scholz prépare ainsi une loi d’immigration considérée comme "la plus libérale d’Europe", selon les mots du ministre de l’Economie et du Climat, Robert Habeck lors l’une conférence, fin novembre 2022.

 

Cette loi repose sur plusieurs piliers. D'abord, elle vise à alléger les critères requis pour entrer et travailler dans le pays. Il ne sera ainsi plus nécessaire de maîtriser la langue allemande ou d’avoir un contrat de travail avant l’arrivée sur le territoire. De même, ces dispositions permettrait une meilleure reconnaissance des diplômes étrangers. En établissant un système à points, la loi s'inspire directement des lois d'immigration canadiennes : les personnes qui récolteront beaucoup de points selon certains critères pourront immigrer encore plus facilement.

 

L'autre versant de cette loi cherche à faciliter l’accès à la citoyenneté allemande. Bientôt, une personne pourra acquérir la nationalité allemande dès cinq ans de résidence, contre huit actuellement. De même, certains immigrés qui ne bénéficiaient pas du droit d’asile pourront maintenant y prétendre, notamment ceux qui étaient sous le régime d’une Duldung (une autorisation à rester sur le territoire allemand, mais sans réeel titre de séjour), à condition de remplir certains critères. Une garantie pour les entreprises qui embauchent des réfugiés que ces derniers ne soient pas expulsés.

 

Si cette loi est contestée par le parti d’extrême droite de l’AFD, elle est accueillie plutôt positivement par les syndicats et fait consensus parmi les autres partis politiques. Une preuve que la pénurie de main d’œuvre est un réel problème Outre-Rhin.

 

Un chancelier pro-immigration

Le 18 janvier dernier, Olaf Scholz donnait ainsi un discours à Davos à l’occasion du Forum économique mondial. Dans celui-ci, il fait l’éloge de l’immigration et déclare sa volonté de continuer en ce sens "Ceux qui veulent se retrousser les manches sont les bienvenus en Allemagne. Tel est notre message !"

 

Ceux qui veulent se retrousser les manches sont les bienvenus en Allemagne. Tel est notre message !
-Olaf Scholz, chancelier d'Allemagne

 

Dans son livre Hoffnungsland, Olaf Scholz affirmait déjà son point de vue sur l’immigration. Selon lui "l’Allemagne est devenue une terre d’espoir pour beaucoup de personnes à travers le monde […] La chance et la volonté de sortir de la misère sociale sont de puissants stimulants, dont le pays tout entier peut tirer profit."

 

Néanmoins, cette volonté de faire de l’Allemagne un pays d’immigration devra s’accompagner d’autres mesures, notamment sur le logement. À Berlin par exemple, les nouveaux arrivants font face à de grandes difficultés pour se loger, avec peu d’appartements disponibles pour une forte demande. La question de la formation de ces immigrés se pose également, vu le manque de personnel dans le secteur éducatif.

 

 

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