Alors qu’il déclarait en septembre 2022 que « L'Allemagne doit devenir la force armée la mieux équipée d'Europe », aujourd’hui les critiques s’intensifient contre Olaf Scholz concernant les pénuries de matériel militaire.
Le 14 mars dernier, lors de la présentation de son rapport annuel sur l’armée allemande, la commissaire à la Défense au Bundestag, Eva Högl, regrettait les manques dans l’armée allemande, malgré l'engagement du chancelier Olaf Scholz d'investir massivement après l'attaque russe de l'Ukraine : "La Bundeswehr manque de tout, et elle en a encore moins depuis le 24 février 2022".
"Cela concerne la formation, les exercices et aussi l'équipement en opération", a déploré la commissaire, pour qui l'armée allemande "n'est pas entièrement opérationnelle". "Nous n'avons pas assez de chars pour pouvoir former, pour pouvoir nous entraîner et pour avoir ensuite les moyens nécessaires lors d'un engagement, il manque des bateaux et des navires, il manque des avions", a énuméré Eva Högl.
Une promesse non tenue
Le 27 février 2022, le chancelier allemand annonçait devant le Bundestag un investissement de 100 milliards d'euros dans son armée, quelques jours après l'attaque russe. La création d’un fonds spécial avait ensuite été adoptée en Conseil des ministres.
À l’époque, Olaf Scholz tenait ces mots : « Face au tournant historique engagé par l’agression de Vladimir Poutine, notre principe est le suivant : tout ce qui est nécessaire pour garantir la paix en Europe sera mis en œuvre. L’Allemagne y apportera sa propre contribution solidaire. » Il expliquait qu’à partir de maintenant, et d’année en année, l’Allemagne allait investir plus de 2% de son PIB dans la défense, afin de disposer à terme d’une Bundeswehr performante, ultramoderne et dotée de technologies de pointe assurant une protection fiable.
Mais aujourd’hui, le bilan de la commissaire est que « pas un euro ni un centime de ce fonds spécial n'a encore été dépensé ». Elle demande donc désormais que cet argent important pour la Bundeswehr parvienne rapidement aux troupes et que cette année, certaines choses soient acquises de manière tangible.
Die Wehrbeauftragte @EvaHoegl hält das 100-Milliarden-#Sondervermögen für die #Bundeswehr für nicht ausreichend, um die volle Einsatzbereitschaft herzustellen. Nötig sei eine Summe von 300 Milliarden Euro, heißt es im Jahresbericht. #bundestagsnachrichten?https://t.co/E9eImCcOqP pic.twitter.com/WlD28UQS1j
— Heute im Bundestag (@hib_Nachrichten) March 14, 2023
Des besoins conséquents et urgents
Parmi ses requêtes, Eva Högl a notamment demandé à ce que le gouvernement passe rapidement des commandes pour combler les "lacunes" en matériel, accentuées par les livraisons de chars, de véhicules blindés ou encore de munitions à l'Ukraine : "Il manque des logements, des toilettes qui fonctionnent, des douches propres, des casiers, des installations sportives couvertes, des cuisines pour les troupes, des installations d'encadrement, des dépôts de munitions et des armureries, sans oublier le wifi", a-t-elle détaillé, chiffrant "l'énorme besoin d'investissement" à 50 milliards d'euros.
Ces investissements sont d'autant plus nécessaires, selon elle, que les effectifs ont augmenté de 12% l'an dernier, pour passer la barre des 180.000 soldats. Le taux d'abandon au cours des six premiers mois reste toutefois "trop élevé", atteignant 21% dans certains secteurs de l'armée.
Olaf Scholz avait affirmé, fin septembre, vouloir que l'Allemagne dispose de la "force armée la mieux équipée d'Europe". Mais plusieurs décennies de sous-investissements dans la défense ont rendu la tâche titanesque. Le ministre de la Défense, Boris Pistorius, a chiffré à 10 milliards d'euros supplémentaires chaque année les besoins budgétaires de la Bundeswehr.
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