Le 27 septembre 2023, l'Institut Goethe a annoncé sa décision de fermer prochainement les Instituts de Bordeaux, Lille et Strasbourg, un choix reflétant une perte d'intérêt de l'élite allemande pour les relations franco-allemandes.
Une décision économique
L'Institut Goethe a annoncé les résultats de son "dialogue stratégique" avec le ministère allemand des Affaires étrangères, dont il dépend pour son budget, il a ainsi motivé la vaste réorganisation de ses 158 instituts en Europe et dans le monde en se référant à l'évolution géopolitique et à l'augmentation des contraintes budgétaires.
L'Institut Goethe a pour objectif d'économiser 24 millions d'euros par an dans le but de renforcer son engagement en Europe centrale et orientale, dans le Caucase, aux États-Unis et dans le Pacifique Sud. Pour atteindre cet objectif financier, il est prévu de fermer neuf instituts au total, y compris ceux en Europe occidentale, en Italie, aux Pays-Bas et en France. Ces fermetures entraîneraient la suppression de 110 emplois. En France, les instituts de Bordeaux, Lille et une des branche basée à Strasbourg, seront fermés d'ici la fin de l'année 2023.
Un signal alertant pour les relations franco-allemandes
L’ADEAF (Association pour le Développement de l’Enseignement de l’Allemand en France) a déploré le mauvais signal que l’Allemagne envoie à la France alors que celle-ci peine en ce moment à recruter des professeurs d’allemand et que l’apprentissage de la langue ne cesse de régresser.
C’est pourtant en 2019 que le président Emmanuel Macron et la chancelière Angela Merkel avaient réaffirmé ces engagements mutuels entre la France et l'Allemagne de manière solennelle lors de la signature du traité d'Aix-la-Chapelle. Le traité mettant en avant la création de quatre instituts culturels franco-allemands intégrés (à Rio de Janeiro, à Palerme, à Erbil et à Bichkek) en tant qu’objectifs prioritaires, ainsi que la co-localisation de cinq instituts français et allemands à Cordoba (Argentine), à Atlanta, à Glasgow, à Minsk et à Ramallah.
“À l'heure des doutes sur la vigueur du partenariat bilatéral entre nos deux pays, c'est un très mauvais signal qui est envoyé.” Ronan Le Gleut
Les présidents des groupes d'amitié France-Allemagne du Sénat, Ronan Le Gleut, et Allemagne-France du Bundesrat, Anke Rehlinger, ministre-présidente de la Sarre, ont exprimé leurs inquiétudes face à la fermeture prévue de trois bureaux du Goethe Institut en France. La priorité historique qui est partagée par les deux pays en ce qui concerne le renforcement mutuel de l'apprentissage des langues, inscrite dans le Traité de l'Élysée et réaffirmée par le Traité d'Aix La Chapelle en 2019, est mise en cause par la décision de fermer les instituts Goethe.
« Cette décision est regrettable, alors que nous célébrons, en 2023, le 60ème anniversaire du Traité de l'Élysée, et l'amitié franco-allemande. À l'heure des doutes sur la vigueur du partenariat bilatéral entre nos deux pays, c'est un très mauvais signal qui est envoyé. La connaissance de la langue partenaire est une condition fondamentale d'une coopération efficace entre nos pays ». Ronan Le Gleut, président des groupes d'amitié France-Allemagne du Sénat.
« Je déplore vivement cette décision, les instituts Goethe, en tant que lieux de rencontre et d'échange, apportent une contribution importante à l'entente et aux liens franco-allemands. Il en faut davantage, et non pas moins, surtout en ces temps difficiles » a déclaré la ministre-présidente Anke Rehlinger.
En tant que Plénipotentiaire de la République fédérale d'Allemagne, chargée des relations culturelles franco-allemandes, Anke Rehlinger s'est également prononcée en faveur du maintien des instituts Goethe.
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