La ministre de la Défense allemande, Christine Lambrecht, a démissionné de ses fonctions lundi 16 janvier dernier, c’est l’ancien ministre de l’Intérieur de la région Basse-Saxe, Boris Pistorius, qui a été nommé par Olaf Scholz pour reprendre la tête de la Bundeswehr.
L’annonce était pourtant attendue et connue depuis vendredi 13 janvier, elle a été confirmée par la ministre lundi dans une déclaration à la presse puis confirmée par la chancellerie dans les minutes qui ont suivies.
La focalisation des médias sur ma personne pendant des mois ne permet guère d'établir des rapports et des discussions objectifs sur les soldats, la Bundeswehr (l'armée allemande) et les orientations de la politique de sécurité dans l'intérêt des citoyens allemands - Déclaration de Christine Lambrecht à la presse, 16/01/23
La démission de la ministre était prévisible. Depuis le début de ses fonctions en décembre 2021 et plus particulièrement depuis le début de la guerre en Ukraine le 24 février dernier, elle enchaîne les bévues. L’ancienne ministre d’Angela Merkel était largement critiquée dans les médias et par l’opinion publique.
Un mandat en deçà des enjeux
Alors que l’Allemagne a débloqué plus de 100 milliards d’euros pour réformer l’armée au lendemain de la guerre en Ukraine, la ministre Christine Lambrecht a effectué un mandat bien en deçà de ce qui pouvait être espéré. Elle avait promis de faire du renforcement militaire sa priorité mais les réformes de l’armée ont mis du temps à se mettre en place, impatientant alors ses adversaires politiques et partenaires internationaux.
Lambrecht s’était particulièrement illustré quand, lorsque le président Zelensky demandait à l’Europe une aide en artillerie lourde, elle avait envoyé 5 000 casques au front ukrainien. Pourtant, l’Allemagne est particulièrement en vue ces derniers temps sur sa capacité d’artillerie et notamment sur une livraison de chars pour l’Ukraine mettant le mandat de Christine Lambrecht en péril. Ce vendredi 20 janvier, elle est terre d’accueil d’une conférence internationale sur le soutien à l’Ukraine sur la base militaire de Ramstein.
Une ministre enchaînant les impairs
Seulement, les bévues de la ministre ne s’arrêtent pas à une simple livraison déplacée de casques et c’est sûrement ses impairs médiatiques qui ont provoqué sa démission. Ses posts sur les réseaux sociaux ont souvent été source de polémiques dans les douze derniers mois allant de l’utilisation d’un hélicoptère avec son petit-fils, à ses vœux pour 2023.
La vidéo qui a fait chuter de façon définitive sa popularité c’est elle, celle où la ministre souhaite ses vœux sur Instagram en plein cœur de Berlin.
Cheveux au vent, tentant d’esquiver les feux d’artifices lancés par les Berlinois elle revient sur une année porteuse d’enjeux d’une façon si légère que cela a fait le tour de l’Allemagne. Citoyens et médias ont largement critiqué son image ; ses conseillers n’ont pas réussi à rattraper le coup. La démission était inévitable.
Un remplaçant inattendu
C’est le socio démocrate, Boris Pistorius qui a été désigné par Olaf Scholz afin de prendre le relais à la tête de la Bundeswehr. Une nomination qui a largement surpris la presse puisqu’il ne faisait pas partie du quatuor que celle-ci prédisait pour le poste. Après neuf ans d’occupation de ce poste par une femme, c’est un homme politique de 62 ans aux ambitions grandissantes – il a tenté d’accéder à la tête du SPD en 2019 mais a échoué - qui prend la direction d’un ministère fragilisé.
Ancien maire d’Osnabrück entre 2006 et 2013 et ministre de l’Intérieur de la Basse-Saxe depuis, Boris Pistorius est l’homme qui sera à la tête d’une Allemagne en capacité ou non de montrer sa puissance militaire au monde. Le chancelier Olaf Scholz l’a pourtant affirmé, il place toute sa confiance dans son nouveau collègue afin de conduire le changement d’époque provoqué par la guerre en Ukraine.
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