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En Allemagne, l'idée d'une semaine de quatre jours fait son chemin

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Outre-Rhin, l'idée d'une semaine de travail de quatre jours fait son chemin © picjumbo.com - Pexels
Écrit par Ambre Lagraulet
Publié le 8 mai 2023, mis à jour le 8 mai 2023

La semaine de travail de quatre jours ne finit par de faire parler d’elle dans l’Union Européenne. En Allemagne, cette possibilité progresse face à la pression d’acteurs de différents secteurs.

 

Travailler quatre jours au lieu de cinq, afin de laisser plus de place à la vie privée, aux loisirs ou à sa famille : voici une idée qui semble charmer de plus en plus d’Allemands. Que ce soit parmi les syndicats, les représentants politiques ou même les travailleurs, cette idée se répand de plus en plus Outre-Rhin. Les Allemands pourraient ainsi bientôt être amenés à réduire leur temps de travail.

 

La semaine de quatre jours pour pallier les difficultés de recrutement

Avec une population vieillissante, l’Allemagne fait déjà face à une pénurie de main d’œuvre. Et justement, la semaine de quatre jours pourrait s’imposer comme un moyen d’y remédier. Selon un article du journal allemand Der Spiegel, le nombre d’offres d’emploi proposant quatre jours de travail a augmenté de plus de 15% comparé à l’année dernière. Sur la plateforme de recherche d’emploi Indeed, ce sont ainsi 5000 offres, sur deux millions, qui mentionnaient la possibilité d’une semaine de quatre jours.

 

Si cela ne représente pas encore une augmentation massive, selon l’économiste Annina Hering, cela pourrait très bien le devenir. Si ce phénomène se répand dans tous les secteurs d’activité, un cinquième de ces offres concernerait les secteurs de l’artisanat ou de la mécanique. Toujours selon l'économiste, c’est un moyen pour recruter des ouvriers qualifiés, ainsi qu’une main d’œuvre jeune.

 

Dans le pays, certaines entreprises ont déjà expérimenté ce modèle de travail. A Überlingen, dans le Bade-Wurtemberg, une entreprise de plomberie fait travailler ses employés quatre jours, et ce, depuis déjà trois ans. Pour le patron, c’était un excellent argument pour séduire les apprentis. Il a ainsi reçu trois fois plus de candidatures que de postes disponibles, alors même que le milieu peine à recruter.

 

Le plus grand syndicat d’Allemagne, IG-Metall, plaide depuis 2020 pour une généralisation de la semaine de quatre jours. En avril 2023, le syndicat de métallurgie a réaffirmé cette volonté et a déclaré que cela serait sa priorité lors du prochain processus de négociation collective à l’automne. Selon le syndicat, une telle mesure serait bénéfique pour le bien-être des travailleurs, mais cela permettrait aussi de rendre un secteur qui peine à recruter, plus attractif.

 

 

Néanmoins, pour IG-Metall, la semaine de quatre jours devrait s’accompagner d’une réduction du temps de travail de 35 à 32 heures par semaine, sans perte de salaire. Les salariés travailleraient donc huit heures par jours pendant quatre jours, contre sept heures par jours pendant cinq jours actuellement.

 

Les travailleurs allemands majoritairement favorables

Selon un sondage de la Fondation Hans Böckler publié ce lundi 8 mai, 81% des travailleurs à temps plein en Allemagne se prononcent pour une semaine de quatre jours. Seuls 17% d’entre eux y sont opposés.

 

Il y a donc un fort engouement de la part des travailleurs allemands. Cependant, cela ne serait qu’à condition de garder un niveau de salaire équivalent. Seuls 8% des répondants accepteraient de travailler moins si cela signifiait de voir leur salaire baisser, alors que 73% indiquent qu'ils ne souhaitent une réduction du temps de travail que si le salaire reste inchangé.

 

Parmi les raisons invoquées pour la semaine de quatre jours, celles qui reviennent le plus sont de pouvoir consacrer plus de temps à leur vie familiale et personnelle, mais aussi de pouvoir réduire leur charge de travail. La moitié des répondants qui se sont prononcés contre l’instauration d’une telle mesure ont justifié leur avis par une crainte de ne pas s’y retrouver financièrement. Un tiers d’entre eux craignaient également que cela impacte leur progression professionnelle.

 

Un phénomène qui se répand

A Berlin, l’idée germe également. Le nouveau Sénat, tout juste élu, réfléchit à un projet en ce sens. C’est notamment Cansel Kiziltepe, sénatrice du travail et des affaires sociales du SPD, qui a annoncé vouloir œuvrer pour instaurer la semaine des quatre jours au sein de l’administration berlinoise. Selon elle, cela permettrait à l’administration de la ville d’être un employeur attractif, alors que plus de 44.000 salariés actuels devraient prendre leur retraite dans les huit prochaines années.

 

De nombreux jeunes et surtout des parents avec enfants souhaitent un meilleur équilibre entre travail et loisirs. Nous devrions tenir compte de ces souhaits.
- Cansel Kiziltepe, sénatrice de berlin du travail et des affaires sociales

 

Ce serait aussi un moyen de répondre à la demande des salariés d’avoir un meilleur équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie personnelle, "de nombreux jeunes et surtout des parents avec enfants souhaitent un meilleur équilibre entre travail et loisirs. Nous devrions tenir compte de ces souhaits", a-t-elle annoncé dans le journal Tagesspiegel

 

Cette demande pour une semaine de quatre jours ne se limite pas à l’Allemagne. En Belgique, en novembre 2022, le Parlement a adopté une loi qui donne aux travailleurs la possibilité de choisir s’ils souhaitent travailler quatre ou cinq jours par semaine. L’Islande a adopté en masse la semaine de 4 jours : ce sont près de 90% des travailleurs qui bénéficient d’une réduction de temps de travail. Les chercheurs y ont noté de nombreux effets positifs, notamment une réduction du stress au travail

 

En France, ce phénomène semble, pour l’instant, plutôt restreint. Des entreprises, à titre individuel, ont adopté ce mode ce travail. C’est par exemple le cas pour l’entreprise d’informatique LDLC. Récemment, le ministre des Comptes publics, Gabriel Attal, a annoncé vouloir mener une expérimentation de la semaine de quatre jours pour les salariés de la fonction publique, mais sans réduction du temps de travail.

 

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