Une page se tourne pour lepetitjournal.com en Thaïlande. Après avoir animé pendant près de 20 ans l’une des éditions les plus dynamiques du réseau, nous passons le relais, dans un cadre repensé.


Il y a bientôt 20 ans, lepetitjournal.com débarquait en Thaïlande. Le 15 novembre 2005, le premier quotidien en ligne des Français de l’étranger publiait son premier article sur l’actualité du royaume. Quelques semaines plus tard, en janvier 2006, j’en prenais la direction avant d’être rejoint par mon épouse, Napat Sonto, alors attachée de presse thaïlandaise formée au journalisme.
Portés par une actualité dense dès les premiers mois – visite historique du président Chirac, manifestations politiques de masse, premier festival franco-thaïlandais à Paris, coup d’État à Bangkok, etc. – nous avons dès la première année imposé lepetitjournal.com Bangkok comme un média de référence au sein de la communauté francophone.
Il faut dire aussi que la formule quotidienne en ligne était inédite, avec une couverture incroyablement large : actualité, société, initiatives francophones, portraits, enquêtes, infos pratiques…
Depuis le terrain, nous avons célébré les atouts de ce beau pays, décrypté ses secrets, suivi ses crises, ses évolutions sociales majeures. Nous avons aussi couvert la vie de la communauté francophone, ses initiatives, ses réussites, ses questionnements, ses enseignements, et avons mis en lumière l’activité culturelle et les relations franco-thaïlandaises à tous les niveaux.
La visibilité offerte par lepetitjournal.com a permis à des dizaines d’entreprises de nouer des contacts précieux pour faire des affaires, à des associations d’acquérir de nouveaux membres, à des ONG de trouver des partenaires, à des particuliers de mieux comprendre le pays, tout en multipliant les opportunités de rencontres et de découvertes.
L’édition thaïlandaise a longtemps été la plus prolifique et la plus lue du réseau, qui compte aujourd’hui plus de 70 éditions reparties sur les cinq continents.
Pourtant, 15.000 articles plus tard, au-delà des chiffres, je retiens surtout les défis quotidiens et les sacrifices qu’a demandé cette aventure – et que nous avons consentis volontiers par la passion du métier et l’amour de ce beau pays. Une aventure particulière à plus d’un titre.
Tout d’abord, il s’agissait de produire chaque jour une information touchant tantôt à l’actualité nationale, voire internationale, tantôt à un sujet communautaire, notre "village". Et cela dans un pays dont la culture, la langue, l’écriture, les lois et les usages sont très différents des nôtres.
Ensuite, notre aventure reposait sur un modèle de franchise indépendante, qui impliquait jusqu’à récemment la création et la gestion d’une entreprise locale pour assurer à la fois rédaction, publication et prospection commerciale.
Si ce modèle présente des avantages indéniables, il impose aussi d’évoluer dans un environnement légal complexe : conditions de séjour, droit du travail, règles sur l’information, cadre juridique double (français et thaïlandais)… Les grandes agences de presse savent faire, mais pour une TPE comme la nôtre, c’est une vraie gageure.
Mais nous avons relevé le défi. Et n’en sommes pas peu fiers : alors que nos grands médias nationaux n’avaient quasiment plus ou très peu de journalistes permanents à l’étranger, lepetitjournal.com implantait, grâce à son modèle, des bureaux localement dans des pays comme la Thaïlande.
En 2018, nous avons déménagé à Chiang Mai pour des raisons familiales. Une passation était prévue en 2020, mais c’était sans compter sur une mystérieuse pneumonie venue de Chine.
La crise du Covid a mis à mal nos espoirs. Mais nous nous sommes accrochés. Et au plus fort de la crise, lepetitjournal.com faisait partie des rares médias internationaux à encore disposer de journalistes sur le terrain en Thaïlande.
Cette persistance, malgré l’isolement, l’effondrement du marché publicitaire et l’incertitude ambiante, reste là aussi un motif de fierté. En 2023, notre société ayant diversifié ses activités, nous avons décidé de réduire la voilure en attendant de trouver un repreneur.
La crise n’a pas seulement bouleversé des milliards de vies, elle a aussi fragilisé les médias. Beaucoup ont disparu. Dans ce contexte, lepetitjournal.com a revu son modèle.
Les nouvelles franchises fonctionnent désormais sous un statut de correspondant, plus souple : plus de création d’entreprise locale, plus de régie publicitaire à gérer — uniquement le journalisme.
C’est dans ce cadre renouvelé que nous souhaitons bon vent à Franck Stepler, à qui nous transmettons aujourd’hui cette belle aventure. Fort d’une énergie débordante n’ayant d’égal que sa passion pour le journalisme, Franck, qui n'a pas attendu pour se présenter à vous, saura sans aucun doute relancer avec brio cette édition thaïlandaise.
Mais avant de laisser la plume, je tiens à remercier chaleureusement tous les journalistes, contributeurs et stagiaires qui nous ont accompagnés tout au long de ces années, ont enrichi nos pages, nous ont inspirés aussi.
Je pense notamment à Eric Deseut, Frédéric Belge, Raymond Vergé, Arnaud Dubus, Emmanuel Michel, Quentin Weinsanto, Yann Fernandez, Suphang Naraipratan, Ghislain Poissonnier, Jerôme Morinière, Carol Isoux, Catherine Vanesse, Régis Lévy, Solange Baillart et Stéphane Courant.
Merci aussi à nos annonceurs qui ont rendu l’aventure possible, tout particulièrement les hôpitaux Samitivej et le BNH Hospital qui sont avec nous depuis bientôt 20 ans et auront été de précieux soutiens durant les années très difficiles du Covid. Leur fidélité jusque dans les moments difficiles montre un réel engagement envers la communauté francophone.
Je tiens également à rendre hommage à Philippe Plénacoste, cofondateur en 1994 du mensuel papier Gavroche, qu’il a fait vivre pendant près de 25 ans. Il m’a précédé dans le genre de défi journalistique et entrepreneurial que j’évoquais plus haut, il a ouvert la voie, nous a inspirés et même aidés. Jamais je n’aurais pensé trouver un journal francophone lorsque je suis arrivé en Thaïlande en 2004. Ma collaboration à son magazine est à l’origine de ma rencontre avec le directeur de lepetitjournal.com, Hervé Heyraud, et m'a mis sur la voie de cette aventure passionnante que je vis depuis plus de vingt ans.
Nous refermons ce chapitre avec reconnaissance, impatients de découvrir les nouvelles pages que Franck écrira avec vous.
Sur le même sujet
