Édition internationale

Caroline et Xavier, à Chiang Mai pour aider les « Enfants du Mékong »

Ils sont arrivés à Chiang Mai à la rentrée de septembre, pour y ouvrir une mission de l’association « Enfants du Mékong ». Donner un avenir grâce à l’instruction, tel est leur moteur.

Caroline et Xavier Guignard en Thaïlande Caroline et Xavier Guignard en Thaïlande
Écrit par Franck STEPLER
Publié le 1 décembre 2025, mis à jour le 2 décembre 2025


 

Nous sommes nombreux à dire que nous faisons le plus beau métier du monde. J’écris « nous » parce que les journalistes le pensent souvent. Mais je crois que pour eux c’est vraiment vrai de vrai. Y a-t-il plus belle mission que de redonner ou simplement donner un avenir à un enfant ? C’est en tout cas celle de l’association « Enfants du Mékong » qui, depuis 1958, avec les parrains qu’elle sait motiver, offre à des enfants d’Asie du Sud-Est défavorisés un avenir grâce à l’instruction. Amoureux de l’Asie, familles ou personnes simplement généreuses, ils sont aujourd’hui 21.000 parrains à soutenir 23.000 enfants.

 

Deux rêves qui ne feront qu’un

 

Caroline et Xavier Guignard ont entendu parler de l’association « Enfants du Mékong » grâce… à une paire de chaussettes. Un ami de Caroline avait créé « Josette &tic », une entreprise éthique de chaussettes solidaires. Avec dix paires achetées, on offre un uniforme à un enfant d’Asie, une opération organisée en partenariat avec « Enfants du Mékong ». Caroline a acheté des chaussettes, est devenue marraine d’un enfant et a donné, sans le savoir encore, une nouvelle direction à leur vie. Alors qu’ils envisagent de se marier, ce qu’ils feront en 2013, Xavier explique à Caroline qu’il rêve d’un tour du monde à vélo. À l’époque, il travaille dans un groupement d’achat, après des études dans une école de commerce. Elle est institutrice et se voit plutôt réaliser une année de volontariat associatif. La solution est toute trouvée : ils vont cumuler leurs deux envies.

 

12.000 kilomètres en tandem pour relier les enfants de France aux enfants d’Asie

 

On est en 2012. Ils vivent à Tours. Ils contactent alors plusieurs associations pour leur présenter le projet, leur montrent leurs carnets de voyage, et proposent de se rencontrer pour discuter. « Enfants du Mékong » commence par décliner mais, un an plus tard, les recontacte. Ses responsables cherchent un projet qui fasse connaître l’association et crée un lien entre les établissements scolaires français impliqués dans la démarche de parrainage d’enfants d’Asie et les écoles sur place. Cette histoire de voyage à vélo pourrait être ce dont ils ont besoin. Caroline et Xavier commencent par aller motiver les élèves français, leur expliquent comment lever des fonds dans leurs établissements pour parrainer des enfants d’Asie.

 

Les Guignard en tandem

 

Ils enfourchent ensuite leur tandem pour un périple de plus de 12.000 kilomètres, qui durera un an, à travers six pays, à la rencontre de la centaine d’enfants parrainés par quarante établissements français. Ils réalisent des reportages que les enfants-parrains peuvent suivre sur internet, chacun attendant fébrilement la rencontre avec son filleul. Le projet Asie-Cyclette est un succès et change tout dans leurs têtes.

 

Direction Chiang Mai

 

Au retour, Caroline reprend l’enseignement et devient bénévole au sein de l’association. Mais Xavier a envie de s’impliquer encore plus. Il a démissionné deux mois avant de partir et cherche désormais une activité qui donne du sens à sa vie. Il intègre « Enfants du Mékong » en tant que responsable des parrainages. Le projet initial de trois ans en durera dix, durant lesquels la famille s’agrandit. Arrivent Juliette, puis Augustin et enfin Élise. Seul bémol : Paris, ou plus exactement Asnières. Ils ne sont vraiment pas parisiens et rêvent d’autre chose, pour trouver un nouveau rythme de vie, plus serein, donner du sens à leur vie de famille, transmettre d’autres valeurs à leurs enfants. « Enfants du Mékong » a besoin d’une famille au Laos. Ils se portent candidats. Ça ne se fait finalement pas mais l’idée d’un départ est lancée. Alors, lorsqu’une mission doit ouvrir à Chiang Mai en septembre 2025, ils montent tous les cinq dans l’avion.

 

Xavier Guignard en Thaïlande

 

On a gagné la mission

 

« Nous étions stressés de l’annoncer aux enfants, expliquent en chœur les parents. Nous ne savions pas comment ils allaient réagir. Nous voulions bâtir un véritable projet familial. Ils se sont montrés très fiers. Ils disaient « on a gagné la mission ». Ils croyaient surtout qu’ils n’auraient pas école pendant deux ans ! » Aujourd’hui âgés de 8,6 et 3 ans, ils sont parfaitement intégrés à l’École française internationale Windfield de Chiang Mai. Ils veulent apprendre des missions de leurs parents et transmettre à leurs copains. Des missions qui sont au nombre de trois.

 

  • aider les étudiants Karen, Shan ou Lahu qui arrivent, sont parfois victimes de racisme et d’un manque de confiance en eux. Ils parlent mal le thaï, ou avec un accent, et sont livrés à eux-mêmes pour le logement, la nourriture, la vie quotidienne. Ils n’ont pas d’argent et travaillent beaucoup, au risque d’arrêter leurs études. « Enfants du Mékong » leur cherche des bourses scolaires auprès d’entreprises thaïlandaises ou installées en Thaïlande. Des professeurs d’anglais leur expliquent comment apprendre en ligne gratuitement.


Caroline Guignard en Thaïlande

 

  • conseiller les responsables de programmes : moines, religieux, professeurs, directeurs d’établissements, ces bénévoles locaux suivent les enfants parrainés et ont souvent besoin d’accompagnement. Xavier et Caroline aident à comprendre les besoins particuliers, veillent à la santé et à la sécurité des enfants, vérifient si l’argent est bien distribué. Ils aident six villages dans un rayon de quatre heures autour de Chiang Mai. Ils ne font que répondre aux besoins du terrain. « Avant d’ouvrir un nouveau lieu, il faut un à deux ans. Il faut aimer avant d’aider », explique Xavier.


Logo Enfants du Mékong

 

  • faire de la pédagogie. Donner de l’argent c’est bien mais ça ne fait pas tout. Les jeunes demandent plus de lien avec leurs parrains. Il y a des échanges de lettres, en moyenne deux ou trois fois par an. « Une lettre peut sauver une vie, raconte Xavier. Une petite, aux Philippines, voulait se suicider et a expliqué à sa voisine que la lettre de son parrain l’avait sauvée parce que quelqu’un comptait sur elle. Certains arrêtent l’école à cause de la drogue, du manque de confiance en eux, ou de leur addiction aux écrans. On doit les empêcher de tomber dans tout ça donc former les bénévoles locaux, un millier en Asie du Sud-Est, à les aider. S’ils arrêtent l’école, cela signifie l’arrêt du parrainage. Aux Philippines encore, beaucoup de filles tombent enceinte à 14 ans et arrêtent l’école. » Et puis il y a la pédagogie auprès des parents. 75% des parents de filleuls ne savent ni lire ni écrire. Ils ne font parfois pas la différence entre un salaire et un emprunt. Leur vie et celle de leur famille dépend parfois de cet accompagnement.

 

C’est Caroline qui a ouvert les yeux de Xavier

 

Xavier a grandi dans un environnement familial porté sur le partage. Mais il aurait pu devenir le pur produit d’une école de commerce. Caroline lui a ouvert les yeux sur cette évidente réalité : il n’y a pas les méchantes entreprises et les gentilles ONG. « J’ai compris, dans cette nouvelle vie, que tu reçois bien plus que tu ne donnes, explique-t-il. De rencontre en rencontre, je me suis rendu compte à quel point ça me rendait heureux de vivre ça. »

 

Xavier Guignard en Thaïlande

 

Caroline raconte la chance d’avoir grandi dans une famille aisée, aimante, présente. « C’est injuste que tout le monde n’aie pas cette chance », dit-elle. Son père, médecin de campagne, passait sa vie à aider les autres. Auprès de ses cinq frères, elle a donc toujours appris à partager. « J’avais la théorie mais pas la pratique. L’association m’a aidée à comprendre qu’aider ne s’improvise pas. C’est un métier. »

 

Une mission fatigante et émouvante

 

L’association leur impose de prendre du temps. « Ça peut paraitre contre-productif mais c’est indispensable, surtout en Asie. » Xavier et Caroline terminent leur phase d’observation. Ils ont eu beaucoup de travail administratif à réaliser jusqu’à présent et ont envie de passer à l’action, sans brûler les étapes.

 

Caroline Guignard en Thaïlande

 

Leur équilibre familial est prépondérant pour la réussite de la mission. Une mission fatigante et émouvante. La famille est là pour deux ans, trois peut-être. Il ne faut pas rester trop longtemps. « Après, on se rend compte que se réinsérer en France n’est pas facile. »

 

Pour tout savoir sur l’association et devenir parrain :

https://www.enfantsdumekong.com/

 

Et pour revivre l’aventure Asie-Cyclette :

https://asiecyclette.weebly.com/

 

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