L’autorité du Tourisme de Thaïlande (TAT) a maintenu ses projections économiques pour 2024 malgré la "multicrise" que traverse le secteur, misant sur une revalorisation de l’écosystème pour un tourisme de qualité.
La TAT a annoncé mardi qu’elle estimait toujours possible d’atteindre 3.000 milliards de bahts de recettes tirés du tourisme l’année prochaine -en ligne avec ses projections faites il y a un peu plus d’un an- c’est-à-dire le même résultat financier que 2019, année record.
Cela malgré un contexte de "multicrise", selon ses propres termes, comprenant notamment l’inflation, la hausse des taux d’intérêts, le prix élevé des carburants, et autres conséquences persistantes de la pandémie de coronavirus, telles que la remise en service plus lente que prévue des vols internationaux actuellement à seulement 70% de leur niveau de 2019.
Selon Siripakorn Cheawsamoot, vice-gouverneur de la TAT, les vols internationaux devraient revenir l'année prochaine à 85-90% des niveaux de 2019.
Les dernières projections de la Banque de Thaïlande prévoient d’ailleurs que la fréquentation touristique étrangère devrait se situer à 29 millions de voyageurs en 2023, et autour des 35,5 millions en 2024, soit 10% de moins qu’en 2019.
"La TAT prévoit d'accueillir 35 millions de touristes étrangers et de susciter 200 millions de voyages intérieurs en 2024", a confirmé Thapanee Kiatphaibool, vice-gouverneure de TAT.
Or, dans ce scénario optimiste, les proportions entre les revenus issus des voyageurs internationaux et ceux provenant du tourisme domestique demeurent les mêmes que 2019, lorsque la Thaïlande avait accueilli près de 40 millions de visiteurs étrangers. C’est-à-dire 64% pour le tourisme international et 36% pour le tourisme domestique.
"Construire un nouvel écosystème touristique"
Le gouverneur de la TAT, Yuthasak Supasorn, a justifié cet optimisme en déclarant que 2024 marquerait le passage à un niveau supérieur de résilience du tourisme thaïlandais, avec un processus de revalorisation et une transformation de son écosystème.
"Pour construire un nouvel écosystème, nous devons devenir moins dépendants du nombre de touristes et nous concentrer davantage sur l'augmentation des recettes, c’est-à-dire attirer des touristes de qualité, développer la chaîne d'approvisionnement avec nos partenaires et distribuer équitablement les revenus aux communautés locales", a-t-il déclaré dans un communiqué. "Nous devons créer un équilibre entre la richesse économique, le bien-être social, le bien-être environnemental et la sagesse humaine".
L’idée de se détourner du tourisme de masse pour s’orienter vers un tourisme de qualité fait son chemin depuis plusieurs années déjà et avait d’ailleurs été clairement énoncée l’an dernier lors du salon Thailand Travel Mart à Phuket.
Toutefois, l’organe promoteur du tourisme thaïlandais ne s’en tient pas à un seul scénario pour 2024. Deux autres projections, moins optimistes, ont été détourées. L’une table sur 2.740 milliards de bahts de recettes tirées à 63,5% de quelque 32 millions de voyageurs étrangers et à 36,5% de 185 millions des vacanciers thaïlandais. La dernière, la plus pessimiste, vise 2.400 milliards de bahts de revenus provenant à 64% de 28 millions de touristes étrangers et 36% de 158 millions de touristes locaux.
"On observe une augmentation significative du panier moyen" en Thaïlande
Si les tenants du tourisme de masse souffrent encore clairement de la reprise lente des flux de voyageurs après la pandémie, certaines agences de voyages haut de gamme voient leur clientèle revenir beaucoup plus franchement, comme l'agence Les Voyages d'Angèle du groupe Asia My Way, qui a traversé avec succès la crise du Covid.
"Le marché du voyage individuel sur mesure est toujours celui que revient en premier, et clairement, cela nous a permis de sortir plus vite de la crise, et nous a donné la confiance pour investir", explique Olivier Rymer, directeur général d’Asia My Way.
"Ce n'est pas par essence un marché haut de gamme, si l'on regarde les prestations choisies par les voyageurs, néanmoins on observe une augmentation significative du panier moyen, alors même que les prix sur place sont à la hausse. Si bien que pour calculer l'effort consenti par le voyageur, il faut ajouter aux 25 % de progression le coût de l'inflation", ajoute-t-il. Et de conclure: "Il y a clairement un choix de la qualité à l'origine de la décision de voyager".