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Quel tourisme en Thaïlande après la crise du Covid ?

Des Touristes sur une plage de Thailande au coucher du soleilDes Touristes sur une plage de Thailande au coucher du soleil
REUTERS/Athit Perawongmetha
Écrit par Catherine Vanesse
Publié le 4 novembre 2021, mis à jour le 1 septembre 2022

Il a souvent été dit que la crise du Covid révolutionnerait le tourisme en Thaïlande. Si elle a accéléré des changements, il est peut-être exagéré de parler de révolution, estiment les professionnels

Depuis le début de l’épidémie, il a souvent été question d’envisager un tourisme différent dans le futur, plus lent, tourné vers l’écologie ou le haut de gamme. Alors que la Thaïlande cherche à relancer son tourisme en vue de retrouver les chiffres de l’avant-Covid, des acteurs du secteur semblent loin d’anticiper une révolution telle que prophétisée par certains, même s’ils savent d’ores et déjà que des changements seront inévitables. 

Une tendance au tourisme responsable durable après la crise du Covid-19

Je ne crois pas à une révolution du tourisme. Il y a un positionnement sur l’écologie et le tourisme responsable, mais ce n’est pas vraiment nouveau, cette tendance avait déjà commencé avant le Covid-19. Pour nous, les voyages à l’avenir ressembleront à ce qui se faisait dans le passé”, relate Olivier Rymer. 

Une analyse partagée par Patrick Basset, directeur général opérationnel Asie du Sud-Est & Nord-Est et Maldives du groupe AccorHotels, qui vient de quitter son poste après 38 ans de service au sein du géant de l’hôtellerie.

Les touristes ont envie de retrouver la normalité, de voyager sans contrainte et je pense même que nous allons avoir une accélération du voyage. Les gens sont restés chez eux pendant des mois, ils n’aspirent qu’à une chose : retrouver la vie d’avant”, a déclaré le haut cadre basé en Thaïlande depuis près de 30 ans, dans une interview à Lepetitjournal.com.

Une nouvelle normalité induite par la pandémie

Par contre, la crise du Covid va inéluctablement laisser derrière elle une nouvelle normalité. Cela va se traduire par la mise en place de normes d’hygiène et de sécurité qui devraient perdurer un certain temps. Aussi, dans les premiers temps, un certain nombre de candidats au voyage vont avoir tendance à rechercher des hôtels excentrés ou dans les campagnes.

Bill Barnett, directeur de C9 Hotelworks, un groupe de conseil en Asie, estime que les hôtels dans les villes vont certainement souffrir plus longtemps tandis que les complexes hôteliers offrant de larges espaces auront davantage les faveurs des voyageurs. 

Les technologies devraient également prendre une place plus importante afin de prévenir ou du moins limiter les contacts physiques entre les clients et le personnel des établissements. Paiement via le smartphone ou prise de commande via une tablette connectée, des actes déjà inscrits avant la crise du Covid parmi les innovations, qui vont s’imposer plus rapidement dans le quotidien. 

70 à 80 millions de touristes par an en Thaïlande

Alors que l’Office du tourisme thaïlandais (TAT) visait depuis plusieurs années à développer un tourisme plus haut de gamme privilégiant le qualitatif au quantitatif, d’aucuns voyaient dans la crise du Covid l’occasion d’opérer un grand virage dans cette direction. Mais il semblerait que le tourisme de masse ait encore de beaux jours devant lui en Thaïlande. 

Le tourisme de masse continuera d’exister, la Thaïlande reste une destination où il est possible de passer 15 jours pour un budget de 1.000 euros”, affirme Patrick Basset qui estime que d’ici 15 à 20 ans, il pourrait y avoir 70 à 80 millions de touristes par an en Thaïlande, une croissance poussée par l’émergence des marchés chinois et indien.

La guerre des prix entre les hôtels

Et pour l’heure, la présidente de l'association des hôtels de Thaïlande, Marisa Sukosol Nunbhakdi, rappelle que même si 50% des hôtels ont fermé depuis le mois d’avril 2021, ceux qui ont pu rester ouverts affichent un taux d’occupation qui flirte avec les 5%, poussant les prix à la baisse. 

Une guerre des prix féroce est déjà déclarée entre les hôtels, car l'offre en chambres est très abondante par rapport à la demande”, explique-t-elle. 

Une aubaine pour les visiteurs qui ont ainsi accès à des hôtels de catégorie supérieure à ce qu’ils pouvaient se permettre habituellement. À Bangkok, certains hôtels 5 étoiles proposent en effet des chambres à des tarifs jusqu’à 80 ou 90% de moins qu'avant la pandémie. 

L’offre actuelle et pour les mois à venir en Thaïlande a donc tout pour séduire les voyageurs à petit budget. 

Nous observons une augmentation des demandes de voyages de personnes avec moins d’argent. Actuellement, il y a des offres très intéressantes, pas seulement sur l’hôtellerie, mais aussi sur les vols et les activités”, confirme Oliver Rymer. 

Si les chaînes hôtelières et les hôtels de luxe ou milieu de gamme peuvent se permettre d’offrir des prix cassés, les hébergements à petits budgets vont sans doute devoir attendre encore quelques mois dans l’ombre, déplore La-iad Bungsrithong, présidente de l’association des Hôtels pour le Nord de la Thaïlande. 

Impact sur le voyage d’affaires

Les vacanciers et expatriés (Thaïlandais à l’étranger ou étrangers en Thaïlande) individuels ou en famille seront les premiers à voyager en Thaïlande, et suivront un peu plus tard les groupes organisés. 

En revanche, le redémarrage du secteur du voyage d’affaires devrait être plus lent. Le télétravail et les réunions à distance en "visio", qu’ils s’agissent de simples réunions d’entreprise, de rendez-vous commerciaux ou même des séminaires et conférences, se sont littéralement imposées durant la crise et ont modifié les habitudes au sein des entreprises. 

Les voyages d’affaires vont être les plus touchés sur le long terme”, confirme Bill Barnett. “Les réunions Zoom ont explosé et rendent les voyages professionnels moins nécessaires", dit-il. 

Patrick Basset estime toutefois que "la partie exposition va reprendre parce que les compagnies ont besoin d’exposer leurs produits".

En outre, "le télétravail a pour contrepartie qu’il permet de travailler de n’importe où, ce qui implique l’émergence d’une nouvelle catégorie de voyageurs", souligne Bill Barnett. 

Pour accueillir ces nouveaux voyageurs, plusieurs hôtels ont déjà commencé à effectuer des adaptations en transformant certaines de leurs chambres en bureau ou en aménageant des espaces de travail partagé dans ce qui était auparavant des zones communes pour les clients. 

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